Lorsque j’ai refait la toiture de ma maison, il a fallu mettre de l’ordre dans le grenier. La surprise, ça a été d’y découvrir une grosse boîte qui contenait des plaques photographiques. Il y avait 9 grandes plaques de 13 cm sur 18, et 15 petites de 6.5 cm sur 9.
Comment ces plaques sont arrivées là ? Qui a pris ces photos ? Je n’en sais rien. Aucune indication ne permet de mettre un nom. En les regardant par transparence, on voyait bien qu’il y avait des portraits, des paysages aussi, mais il fallait en faire un tirage pour pouvoir vraiment connaître les sujets. J’ai demandé à M. Robert Laugier, de Lachau, qui est un grand spécialiste du nettoyage et de la reproduction des photos anciennes.
Le résultat a été parfait. Voilà ce qu’il a révélé :
— les petites plaques sont toutes des portraits, en buste ; je les ai moantrés aux anciens du village, sans succès ; aucun n’a été identifié.
— les grandes plaques permettent de répondre, en partie, à la question de l’auteur ; en effet, l’une d’elles a fait l’objet d’un tirage en carte postale, carte où figure le nom de Camille Jullien. Il s’agit d’une photo de la fontaine de Salérans.
Une autre grande photo a pour sujet le pont de Lachau. Il y a aussi 4 portraits en pied, non identifiés, dont 2 sur fond de la montagne de Serrières.
Les 3 dernières sont les plus intéressantes, et je vous en propose la reproduction :
Les choses ont bien changé depuis un siècle !
Il n’y avait aucune végétation sur la rive gauche, et seulement quelques arbres rive droite.
Du chemin du Rieu, on pouvait aisément descendre dans le lit de la Méouge. Depuis, la rivière a profondément fouillé son lit.
La deuxième est une photo de classe ; les identifications restent à faire, et même le lieu où se tenait l’école de filles :
Pour la troisième, le photographe a rassemblé une trentaine de séderonnais pour animer la Grand-Rue. La photo a été prise à hauteur de la Planette, qui était alors la place de la Poste.
En faisant des gros plans, on peut découvrir quelques indices de la vie économique à l’époque, ainsi que mieux observer l’habillement des gens :
— pour l’économie, on voit une plaque « Naphta Cycle » sur le magasin, deux cuisinières en fonte sont exposées sur le trottoir. L’inscription « Cuirs et Chaussures » signale la maison Reynaud, comme c’est indiqué au-dessus de la porte d’entrée. Il y a de la publicité pour les Assurances « La Confiance ».
Pour les habillements, les enfants au premier rang semblent avoir revêtu leur costume du dimanche – le plus jeune a sorti son cheval à roulettes – et les petites filles ont des rubans dans leurs cheveux.
Au second rang, devant la Poste, les facteurs portent le képi.
Un feutre accompagne le costume trois pièces (du receveur ?). Les autres ont opté pour la casquette, large comme une tarte. Sauf les deux plus âgés : ils portent encore le chapeau à larges bords, la blouse, ce qui était le vêtement traditionnel.
Au troisième rang, les dames sont discrètes, mais une a coiffé sa capeline.
Une seule dame âgée sur la photo : elle est sur son balcon, elle observe. Mais on la voit mal. Pour retrouver la manière de s’habiller des grands-mères, voilà une des plaques-portraits.
Un bonnet noué sous le menton, un fichu de laine qui croise sur le devant et s’attache dans le dos, un tablier foncé…
C’était à Séderon, entre 1905 et 1910.
Merci à André qui m’a permis de mettre en valeur les détails des photographies et de donner quelques explications sur la vie de l’époque.