Situation historique : Henri IV a été assassiné le 14 mai 1610. Louis XIII, à peine âgé de 8 ans, succède aussitôt à son père selon l’adage « le Roi est mort, vive le Roi ». Marie de Médicis, sa mère, exercera la Régence jusqu’en 1617.
Au plan religieux, Henri IV a pacifié la France par la signature de l’Edit de Nantes en 1598 après une succession de 8 guerres de religion qui ont divisé le pays.
Sous l’Ancien Régime, Séderon appartient à la Provence, dépendant du Parlement d’Aix. Les « députés de la communauté » iront souvent à la viguerie de Sisteron.
La première délibération se tient le 2 février 1613. Les consuls élus lors de la dernière assemblée de 1612 : Jehan Bonefoy notaire et Jacques Landric, convoquent l’assemblée pour délibérer sur divers sujets.
Après discussion, il est décidé de trouver un hébergement pour le prêcheur qui viendra officier pour le Carême prochain.
En ce qui concerne le maître d’école, le conseil confirme sa décision actée lors d’une précédente délibération, à savoir qu’il sera rétribué par les parents qui lui confieront leurs enfants sans aucune contribution de la communauté.
Pour ce qui est du procès contre le Sr de Bédoin et autres créanciers de la communauté, ces affaires seront relancées auprès des « Seigneurs du conseilh privé du Roy » car elles sont encore en cours d’instruction.
Enfin, la garde des pourceaux est confiée à Jehan Imbert qui « a promis de bien garder lesdits pourceaux durant un an à compter de ce jourdhuy ».
Le 7 février, des créanciers sont dans le village pour exiger les sommes dues. Le trésorier doit donc soumettre le compte des impôts fixés et recueillis par ses soins. Un reliquat dû par le trésorier à la communauté est donc identifié : 3 écus et 53 sols [2] qu’il rend le 9 février. On est néanmoins loin du compte : le village doit jusqu’à 700 écus à certains créanciers.
Le 11 février, le conseil charge Mr Bonaud, Sr de Roquebrune, d’informer les créanciers que les dettes de la communauté de Séderon et d’autres villages ont été portées à la connaissance des « seigneurs du conseilh privé de sa majesté » et que tout est fait pour tenter de les régler.
Le 13 février, l’assemblée se réunit dans l’étable de Jehan Bonnefoy, notaire. Il est décidé de mettre le moulin en location. Les consuls sont chargés de faire le nécessaire.
Le 24 février, un nouveau créancier « Guilhen de Barry, escuyer ( écuyer ) de Cadenet » vient exiger le paiement de 260 livres et 10 sols que la communauté lui doit. Un document lui est remis qui atteste que cette somme lui sera payée sur la prochaine taille qui sera recueillie. Le conseil décide également de reporter la mise en location du moulin.
Lors de l’assemblée du 3 mars, les consuls informent le conseil que « Monsieur de Montbrun leur a déclaré qu’il entend et prétend d’empêcher les particuliers de ce lieu de prendre boys ( bois ), ny faire paistre ( paître ) dans le terroir de Villefranche alors que de tout temps soient estés en faculté de le faire ». Il est donc décidé de faire appel au juge du lieu pour traiter cette affaire avec le juge du Sr de Montbrun.
La boucherie est mise aux enchères et c’est Aubin Augier qui occupera cette fonction pour un an.
Le 15 avril, les consuls informent le conseil que le Sr Barry de Cadenet est à nouveau au village et exige une partie des sommes dues par la communauté. De même, ils ont eu une injonction de payer à Mestre Bérart de Sisteron la somme de 266 livres pour le travail qu’il a effectué et qui est en cours dans le cadre de la défense des communautés surendettées [3].
Le conseil acte donc de rembourser le Sr Barry sur 5 ans « en cinq paies esgalles commençant la première paie à St Michel prochain sans intérêt ». Pour les émoluments de M. Berart, une proposition est actée avec l’intermédiation du Sr La Font de Sisteron.
Le 28 avril, les consuls informent l’assemblée qu’ils ont reçu à nouveau une injonction de Mr Berard de lui payer 90 écus « pour des gages et vacations en cour pour les affaires des créanciers sauf à la communauté de le regretter sur ce qu’ils doivent à leur créanciers ». Ils doivent aussi porter le 13 mai à Sisteron 14 livres 5 sols et 6 deniers pour les deniers du pays. Monseigneur de Gouvernet réclame également 16 écus que la communauté lui doit... et encore d’autres créances sont aussi évoquées. Il est donc décidé, pour ce qui est de Mr Berard « qu’on délibérera plus amplement au premier conseilh entre icy et dimanche prochain et cependant sera mandé une portion ( de ce qui lui est dû ) audict Berard pour le supplier davoir patience ». Pour les deniers du pays, le conseil « signifie au thresorier de payer lesdictes sommes en déduction de son reliquat de compte ». Quant à Monseigneur de Gouvernet et les autres créanciers, le conseil rappelle que « la communauté a obtenu sursoy ( sursis ) de sa majesté sur tous les créanciers pour le payement de leurs dettes ». Afin de faire le point sur l’état de trésorerie de la communauté, Anthoine Reynaud et Anthone Ricou sont nommés auditeurs des comptes.
Le 7 mai, dans l’étable de Pierre Chastel, les consuls informent l’assemblée qu’il faut envoyer un représentant à la cour d’Aix où seront étudiées les requêtes des communautés « surendettées ». Il est aussi délibéré qu’il sera interdit de « prendre ny couper herbes ny faire manger les ribes des bleds, prez ( prés ), vignes et autres possessions » sous peine de recevoir une amende. « Et sera permis à la garde et à tous les particuliers et chefs de maison d’inthimer ( signifier avec autorité ) et dénoncer tels malfaictz pour lesquelles peines et dommages seront incontinent gagés [4] ». Il est également arrêté qu’il ne sera permis de laisser aucun bétail au quartier des défens jusqu’au 15 mai.
Le 10 juin, les consuls annoncent que le Sr Bonaud Sr de Roquebrune et représentant des communautés impuissantes de cette Province est à Séderon depuis le 7 juin. Pour la défense des intérêts de la communauté qu’il représente contre les créanciers, il faut dresser l’état des dettes dues ainsi que des remboursements déjà effectués et les charges exceptionnelles auxquelles elle a du faire face. Pour financer le voyage du Sr Bonaud jusqu’à la cour d’Aix, il faut trouver rapidement 10 écus. Aussi, il est
proposé de vendre le blé du moulin...
L’essentiel des quelques délibérations du premier semestre 1613 concernent les fortes dettes de la communauté. Les moyens de répondre aux exigences pressantes des nombreux créanciers sont limités. Comme de nombreuses autres communautés sont dans la même situation, des démarches tentant de faire appel au Roi sont mises en place... Malgré ce cruel manque de trésorerie, le village continue d’être administré et s’organise ( boucher, garde des pourceaux... ).