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L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

Lou Cantoun Prouvençau
Article mis en ligne le 1er décembre 2020
dernière modification le 19 août 2022

par POGGIO André

Le bruit des boules n’a pas résonné dans notre cantoun depuis... depuis trop longtemps. Pour remédier à ce manque, je vous propose une petite histoire, en forme de scénette de théâtre, dénichée dans l’Armana Prouvençau de 1963. Elle est signée L’ouncle d’Avignoun.

J’espère qu’elle vous amusera, au moins ceux qui traînent encore à l’entour dóu le [1]. Mais pas de n’importe quel bouchon. Je vous invite à entrer dans le décor du « noble jeu provençal ». L’expression est d’Yvan Audouard, à qui nous devons également cette mise en bouche :

« Le jeu provençal, ou ‘longue’ comme son nom l’indique, exige plus de place [que la pétanque]. Le but peut être envoyé jusqu’à 20 mètres. De même qu’à la pétanque, les joueurs ont pour base de départ un cercle tracé sur le sol.

Le jeu provençal est à la fois plus athlétique et plus sophistiqué que la pétanque. Pas plus le pointeur que le tireur ne doivent garder les pieds joints. Cela n’est pas facile à décrire. Essayons :

Le pointeur, un pied dans le ‘rond’, se fend à droite, à gauche ou droit devant lui, et fait un pas aussi long que ses jambes le lui permettent. En agissant ainsi, il se place au mieux pour faire suivre à sa boule l’itinéraire qu’il a choisi pour elle, à la suite d’une longue étude du terrain. Après quoi il soulève le pied resté dans le rond et lance sa boule en équilibre sur une seule jambe. Essayez pour voir. Cela demande de la souplesse et de la maîtrise de soi.

Le tireur, lui, le pied gauche en avant, solidement calé sur sa jambe droite, se renverse en arrière et soulève sa boule jusqu’à ses yeux pour viser le but. Après quoi, il s’élance pour un triple saut qui le rapproche, certes, du but, mais risque de lui faire perdre de vue sa ligne de mire imaginaire [2] ».

Quand le rideau s’ouvre, la partie est déjà entamée. Croustet, Gamato et Poupeto occupent la scène. Croustet, c’est Crouton, Gamato, c’est Gamatte. Pour Poupeto, il y a le choix entre Petite Poupée et Téton. Optons pour Téton, terme employé lorsqu’une boule s’est immobilisée à côté du bouchon en le touchant.

A l’entour dóu le : Pousso, Gamato !

Croustet, agrouva au bouchoun  : Viro-te d’en bas, Gamato, e agues pas pòu de te fèndre.

Gamato, que se descambarlo  : Siès resible, tu ! Dèves me prendre pèr un mèstre d’armo !. Ièu, veses, auriéu quasimen agu l’idèio de lou jouga d’en-aut, au countràri.

Croustet : D’en-aut, t’avertisse : risques de teni sus ’quelo cresto e d’ana ’n galèro. Noun, jogo-lou de mounte te dise ; escouto-me. I’a que quand m’escoutes que jouguès à pau près counvenablamen.

(à Poupeto) Fai ié vèire la dounado, Poupeto.

(à Gamato) Soucamen fènd-te tant qu’as de cambo, sènso assaja de rèn gagna.

Gamato  : Aqui ?

Croustet  : Pos pas mai ?

Gamato  : Franc que me fague un tai !

Poupeto  : Siès segur que se viro pas trop, aro, Croustet ?

Croustet  : Noun, ié vèn naturo.

Gamato, que soun vèntre trinasso au sòu  : Zóu, zóu, Poupeto, lèvo toun pèd. Vous imaginas pamens que m’anans faire guignouleja enjusquo aniue ?

Croustet  : E as vist que courrié. Se Mié-Sau aguèsse pas ’quéu ressaut, anavo sai pas mounte. Tèn-n’en comte.

Gamato finis pèr manda sa boulo, pièi ié cour darrié e l’ajudo, mai aquelo, pecaire, a pas mai de voio qu’un calèu sènso òli e s’arrèsto tres bon mètre avans lou le  : Avalo, avalo, pichoto !

Croustet  : Siès court de dous cènts an, manjaire ! An l’enfisèmo, ti boulo. S’entèndon boufa d’eici.

Gamato  : Digues pas de soutiso, Croustet ! As pas vist qu’ai tanca dins la picado ? Ai mourdu d’un travès de det. Sièu malurous, vaqui la verita. Tu que jogues qu’un parèu de cop pèr an, te n’en rèndes pas comte. Mai ièu que jogue tóuti li jour sabe que sièu malurous. Ero pas desresounado, ’quelo boulo ! E pièi es tu que m’as di que courrié.

Croustet  : Coume vos courre, digo, en mandant ta boulo coume l’as mandado ? La mandes dins ti braio.

Poupeto  : Noun, Gamato, aqui Croustet a resoun. Siès court à la man.

Croustet  : T’a pas sourti di det, aquelo boulo. Es pas uno man qu’as au bout de toun bras, es un cerco-pous. Sabe pas, ièu.

(se viro devers sis aversàri) Es pamens pas aquéli mort que te fan pòu ?

Gamato  : Plan, Croustet, laisso un pau seca la bugado, o alor adus-me un vèire d’aigo e un tube de cachet. Me metes uno tèsto coume un calitre, desempièi dos ouro. Me fas talamen soufri que quand aurai fini ’quéu councours sarai óublija de prendre un mes de coungié.

Croustet  : Un mes de coungié ? E de que fas, li vounge àutri mes, que, guignolo ?

Uno voues dins la galarié  : Il travaille au chômage !

Poupeto  : Laisso-lou jouga ’n cop à soun idèio, Croustet. As tort de vougué ié faire faire soun pas coume lou fariés tu.

Croustet  : E perdequé lou farié pas coume iéu ?

Poupeto  : Pèr-ço-que avès pas lou meme biais de la manda.

Croustet  : Urousamen ! S’avian lou meme biais, i’a ’no passado que sarian au fres.

Poupeto  : Tu, la boulo te sort de la man bèn d’aploumb, naturo, nous pas qu’éu, ié mando un pichot cop, la travaio.

(à Gamato) Allez, Gamato, moun bèu, l’escoutes plus aquéu marchand d’enguènt. Ta segoundo, la jogues coume vos e mounte vos, e me fas un tetoun. Sènte que vas escala sus lou gàrri, aqueste cop.

(à Croustet) E tu, fai-nous un pau d’èr. Vai-t’en faire un tour à la buveto.

(à Gamato) Mounte la mandes ?

Gamato  : Just après li graveto.

Poupeto  : Vos dire aqui ?

Gamato  : Uno idèio pus à gaucho. Aqui ié siés.

Autour du bouchon : Force, Gamatte

Croustet, accroupi au-dessus du bouchon  : tourne-toi vers en bas, Gamato, et n’aie pas peur de te fendre.

Gamato, qui se désarticule pour écarter les jambes  : tu me fais rigoler, toi ! tu dois me prendre pour un escrimeur. Moi tu vois, j’aurais presque l’idée de jouer d’en haut.

Croustet  : d’en haut, je t’avertis : tu risques de tenir sur cette crête et d’aller en galère. Non, joue du côté que je te dis ; écoute-moi. Il n’y a que quand tu m’écoutes que tu joues à peu près convenablement.

(à Poupeto) Fais-lui voir la donnée, Poupeto.

(à Gamato) Seulement fends-toi tant que tu peux, sans essayer de rien gagner.

Gamato : comme ça ?

Croustet  : tu peux pas faire mieux ?

Gamato : à moins que je me fende en deux !

Poupeto  : tu es sûr qu’il se tourne pas trop, maintenant, Croustet ?

Croustet  : non, il va y venir naturellement

Gamato, dont le ventre traîne par terre  : Zou, zou, Poupeto, lève ton pied. Vous vous imaginez pas que vous allez me faire faire le guignol jusqu’à ce que la nuit arrive.

Croustet  : et tu as vu que ça courrait. Si Demi-Sel n’avait pas eu ce ressaut, il allait je sais pas où. Tiens-en compte.

Gamato finit par lancer sa boule, et lui court après, et l’encourage – mais celle-là, la pauvre, n’a pas plus de vie qu’une lampe sans huile et s’arrête trois bons mètres avant le bouchon  : avale, avale, petite !

Croustet  : tu es court de deux cents ans, farceur ! Elles ont de l’emphysème, tes boules. On les entend souffler d’ici.

Gamato  : ne dis pas de bêtise, Croustet ! Tu n’as pas vu que je me suis planté dans la donnée ? J’ai mordu d’un travers de doigt. Je suis malheureux, voilà la vérité. Toi qui joues qu’une paire de fois par an, tu ne t’en rends pas compte. Mais moi qui joue tous les jours, je sais que je suis malheureux. Elle était pas mal pensée, cette boule ! Et puis, c’est toi qui m’a dit que ça courrait

Croustet  : et comment veux-tu qu’elle courre, dis, en l’envoyant comme tu l’as envoyée ? Tu te l’es envoyée sur les brailles.

Poupeto  : non Gamato, là Croustet a raison. Tu es court à la main.

Croustet  : elle t’est pas sortie des doigts, cette boule. Ce n’est pas une main que tu as au bout de ton bras, c’est un crochet pour curer. Je ne sais pas, moi.

(il se tourne vers les adversaires) Ce n’est tout de même pas ces morts qui te font peur ?

Gamato  : arrête, Croustet, laisse un peu sécher la lessive, ou alors donne-moi un verre d’eau et un tube de cachets. Tu me mets une tête comme un tambour, depuis deux heures ; tellement tu me fais souffrir que quand j’aurai fini ce concours je serai obligé de prendre un mois de congé.

Croustet  : un mois de congé ? Et qu’est ce que tu fais, les onze autres mois, guignol ?

Une voix dans la galerie  : Il travaille au chômage !

Poupeto  : laisse-le jouer une fois à son idée, Croustet. Tu as tort de vouloir lui faire faire son pas comme toi tu le ferais

Croustet  : et pourquoi il le ferait pas comme moi ?

Poupeto  : parce que vous n’avez pas la même façon de lancer la boule.

Croustet  : si on avait la même façon, il y a un moment que nous serions au frais.

Poupeto  : toi, la boule te sort de la main bien d’aplomb, nature. Alors que lui, il y donne un petit coup, il la travaille.

(à Gamato) Allez Gamato, mon beau, ne l’écoute plus cette espèce de charlatan. Ta seconde, joue-là comme tu veux et où tu veux, et tu me fais un téton. Je sens que tu vas monter sur le bouchon, cette fois.

(à Croustet) Et toi, fais-nous un peu d’air. Va faire un tour à la buvette.

(à Gamato) Où l’envoies-tu ?

Gamato  : juste après la gravette

Poupeto  : tu veux dire là ?

Gamato  : un poil plus à gauche. Là tu y es.

Croustet  : Pode dire quaucarèn ?

Gamato  : Ié sian mai !. Poupeto, siegues brave, fau n’en fini, vai-t’en querre un mourrau e emmouraio-lou.

Poupeto, à Croustet  : Fai-me plesi, digues plus rèn.

Croustet  : Poupeto, te jure que se vòu pas que parle parlarai pas. Mai alor digo-ié, tu, que se la mando mounte dis, en se virant de mounte se viro, sa boulo vai encaro sourti de la Franço. Aqui mounte ié fasiéu vèire, lou jo bado. Se la crouquèsse pas, ié venié dessus.

(à Gamato) Gamato, siegues pas testard, escouto-me encaro un cop. Es iéu qu’ai resoun. Sièu talamen segur d’agué resoun, veses, que se t’entardisses à vougué la manda à toun rode, me couche au mitan dóu jo de boulo e t’empache de jouga.

Gamato  : Cresès pas que noun, vous-autre ! Cresès pas que fau agué tuia paire e maire pèr ana s’enmaia ’m ’un ome ansin ?

Poupeto  : E se te fai un saussisot ?

Croustet  : Pòu pas ! Assajarié que poudrié pas !

Poupeto  : E à sa proumieo, de qu’a fa ?

Croustet  : Sa proumiero, n’en parlen plus, l’a croucado.

Poupeto  : E quau te dis que croucara pas ’questo ?

Croustet  : Li croucara quand meme pas tóuti à-de-rèng ! E pièi uno supousicioun que la croque : à-n-aquéu moumen que la croque en jougant d’en-bas o que la croque en jougant d’en-aut, es tout parié. E l’apelan plus Gamato, l’apelan Lou Croucant !

(à Gamato) Zóu, Gamato, es ièu que coumande. Fai toun pas come a dès. Aqui. Aro, escouto que te digue. Sènso ié metre quatre cènt chivau dins ta boulo, pousso-la quand meme un pau. As vist ta proumiero… Aquesto, jogo-la un brisoun avantajouso.

Poupeto  : Allez, Gamato, arrivo-ié.

Gamato, que s’es un cop de mai descambarla, se pèu-tiro coume pòu de soun grand escart, se met sus un pèd, fai sauta dous o tres cop sa boulo dins sa man… e la mando.

Croustet, qu’èro agrouva au bouchoun, a just lou tèms de s’auboura e de se gara. La boulo passo à coustat dóu bouchoun à founs de trin e vai se perdre dins li pèd d’un mouloun de badaire qu’an l’èr, eila, de chaucha pèd-descaus dins un estoublo.

Croustet, maucoura  : Racamaulo qu’a mai jouga ! Es pas poussible, acò... Es pas verai !

Poupeto  : Es egau, moun paure Gamato, d’abitudo te defènde, mai aqui, alor, realamen ! Pos dire qu’es jougado en-liò, aquelo. Quand a passa à coustat dóu bouchoun, dins aquelo sablo, auriés pas di uno boulo, auriés di un hors-bord !

Gamato, li bras en l’èr  : E jogo-la avantajousa. E arrivo-ié. E douno-te siuen que cour. E sarro-la. E lacho-la. Hé ! de que vos faire entre ’queli dous telefounisto que s’arrèston pas de te rassa li auriho ? Emé touto aquelo remoulinado de radiogramo que te mandon de drecho e de gaucho, ai uno óumeleto de trento-siès iòu que me viro dins la tèsto, que sabe tout aro plus se fai jour o se fai niue !

(se virant devers Croustet)  : E l’autre, aqui : « es iéu que coumande » ! Se m’apelon « lou Croucan », tu, t’apelaren « lou Coumandant » !« Pousso, Gamato, pousso ! ». Eh be, t’ai escouta, ai poussa !

L’OUNCLE D’AVIGNOUN
Croustet  : je peux dire un mot ?

Gamato  : nous y voila encore !. Poupeto, sois brave, il faut en finir, va prendre une muselière et muselle-le.

Poupeto, à Croustet  : fais-moi plaisir, ne dis plus rien.

Croustet : Poupeto, je te jure que si tu ne veux pas que je parle, je ne parlerai plus. Mais alors dis-lui, toi, que s’il envoie sa boule où il dit, en se tournant comme il se tourne, elle va encore quitter la France. Là où je lui faisais voir, le jeu bade. S’il ne l’avait pas crochetée, il y venait dessus.

(à Gamato) Gamato, ne sois pas têtu, écoute-moi encore une fois. C’est moi qui ai raison. Je suis tellement sûr d’avoir raison, vois-tu, que si tu t’entêtes à vouloir l’envoyer à ton idée, je me couche au milieu du jeu de boules pour t’empêcher de jouer.

Gamato : vous croyez pas que non, vous autres ! Vous croyez pas qu’il faut avoir tué père et mère pour aller s’embrigader avec un homme pareil ?

Poupeto  : et s’il te fait un saucisson ?

Croustet  : il ne peut pas ! Il essaierait qu’il ne pourrait pas !

Poupeto  : et à sa première, qu’est-ce qu’il a fait ?

Croustet  : sa première, n’en parlons plus, il l’a crochetée.

Poupeto  : et qui te dit qu’il crochètera pas celle-là ?

Croustet  : il les crochètera quand même pas toutes à la suite ! Et puis supposons qu’il la crochète : à ce moment-là, qu’il la crochète en jouant d’en-bas ou qu’il la crochète en jouant d’en haut, c’est pareil. Et ne l’appelons plus Gamato, appelons-le Le Crocheteur !

(à Gamato) Zóu, Gamato, c’est moi qui commande. Fais ton pas comme j’ai dit. Là. Maintenant, écoute ce que je te dis. Sans y mettre quatre cents chevaux dans ta boule, force-la quand même un peu. Tu as vu ta première… Celle-là, joue-la un peu avantageuse.

Poupeto  : Allez, Gamato, arrives-y.

Gamato, qui s’est une fois de plus désarticulé, se redresse comme il peut de son grand écart, se met sur un pied, fait sauter deux ou trois fois sa boule dans sa main… et l’envoie.

Croustet, qui est accroupi au bouchon, a juste le temps de se jeter de côté. La boule passe à fond de train à côté du bouchon et va se perdre dans les pieds d’un tas de spectateurs qui ont l’air de piétiner dans une éteule les pieds nus.

Croustet, découragé  : Rocambole a encore joué ! C’est pas possible, ça. C’est pas vrai !

Poupeto  : c’est égal, mon pauvre Gamato, d’habitude tu te défends, mais là alors, réellement ! Tu peux dire qu’elle est jouée nulle part, celle-là. Quand elle est passée à côté du bouchon, dans ce sable, on n’aurait pas dit une boule, on aurait dit un hors-bord.

Gamato, les bras en l’air  : et joue-la avantageuse. et arrives-y. et prends soin que ça court, et retiens-la. et lâche-la. Hé ! Comment veux-tu faire entre ces deux téléphonistes qui ne s’arrêtent pas de te massacrer les oreilles ? Avec ce déluge de paroles qu’ils envoient de droite et de gauche, j’ai une omelette de trente-six œufs qui me tourne dans la tête, que tout à l’heure je ne sais plus s’il fait jour ou s’il fait nuit !

(se tournant vers Croustet) Et l’autre, là : « c’est moi qui commande » ! Alors si on m’appelle « le Crocheteur », toi on t’appellera « le Commandant » !« , Gamato, force ! ». Eh bien, je t’ai écouté, j’ai forcé !

L’ONCLE D’AVIGNON

Gamato, Poupeto et Croustet finiront par perdre, ou par gagner, la partie. Peu importe, ils ont joué leur rôle, autant par leur gestuelle que par leurs paroles. Du théâtre donc, comme la vie sociale en proposait souvent dans nos pays de Provence.

Terminons par cette appréciation, bien pertinente parce qu’issue d’une longue pratique, donnée par un passionné du jeu provençal :

« Faire un pas à partir du rond pour pointer une boule est ‘le geste’ du jeu provençal (faire trois pas pour tirer à ce jeu est à la portée de tout joueur de lyonnaise).

Mais ce geste n’est pas anodin, il est révélateur de tout un art qui est peut-être en train de se perdre. Il nécessite une bonne appréciation des difficultés du terrain et fait appel à des choix décisifs (choix de la meilleure trajectoire, de la meilleure qualité de la donnée, du meilleur angle d’impact de la boule sur la donnée). Il mobilise toute l’équipe (pointeur au rond, tireur au bouchon, milieu à la donnée) et ouvre la porte à toutes les discussions préalables ».

André POGGIO
Notes :

[1prononcer « é » - à l’entour dóu le = autour du bouchon

[2extrait d’un article paru dans Lou Trepoun n°26-1999, « A propos de Jeux de Boules »