On distingue plusieurs espèces de lavande, dont les unes, comme la lavande d’Espagne, ont les feuilles blanches ; d’autres, comme la lavande femelle ou commune ont les feuilles étroites. D’autres ont les feuilles larges, telles que celles que l’on nommne la lavande mâle, le spic, l’aspic ou nard commun. La lavande commune ou vulgaire est une sorte d’arbuste qui pousse des tiges dures, ligneuses, rameuses, droites, grèles, carrées, à la hauteur de deux ou trois pieds : ses tiges sont chargées, dans toute leur longueur, de feuilles longues et étroites, blanchâtres et entières, terminées par de longs épis de fleurs labiées ; toutes les parties de la plante ont une odeur aromatique et agréable. La Lavande porte des fleurs labiées et contenues dans un calice à cinq pointes égales ; leur lèvre supérieure est échancrée et plus grande que l’inférieure qui est divisée en trois lobes ; aux fleurs succèdent quatre semences qui n’ont pour enveloppe que le calice, au fond duquel elles se trouvent.
La lavande est une plante fort belle dans le mois de Juin, quand elle est chargée de ses épis de fleurs bleues ou blanches, ou purpurines ainsi que le calice, et qui répandent une odeur très-agréable. Cette plante n’est point délicate ; elle vient partout, elle se multiplie par drageons enracinés. Elle vient d’elle-même dans le Languedoc : dans ce pays-ci on n’en cultive que dans les jardins. Il est bon de transplanter les gros pieds tous les trois ou quatre ans.
Toute cette plante passe pour résolutive, céphalique, antihysterique : les fleurs et les feuilles excitent puissamment la salivation, quand on les tient dans la bouche et qu’on les mache ; c’est pourquoi on les emploie utilement dans les maladies soporeuses, dans ]es catarres, etc... Les fleurs, ou plutôt leur calice, rendent beaucoup d’huile essentielle d’une bonne odeur. Pour avoir de l’esprit-de-lavande, doux et très agréable pour l’usage des toilettes, il faut méler un gros d’huile essentielle de cette plante, très-rectifiée et nouvellement distillée, avec une pinte de bon esprit de vin, et y ajouter une petite quantité de storax ou de benjoin. On ne doit faire usage de l’esprit de lavande, ainsi que de tous les remèdes aromatiques, que d’une manière très modérée ; car leur usage allume le sang, et fait que toutes les parties solides étant trop irritées s’échauffent et s`enflamment. L’eau de lavande ou de mélisse, prises intérieurement, sont spécifiques pour la perte de la parole, causée par des indigestions ou des surcharges d’estomac. Ces mêmes eaux ou l’huile essentielle de romarin, présentées au nez, sont bonnes dans les faiblesses ou syncopes, et souveraines pour l’apoplexie sereuse.
On retire de l’espèce de lavande, que l’on nomme aspic, une huile essentielle, fort inflammable, et d’une odeur pénétrante, qne l’on nomme huile d’aspic : on la recommande comme vermifuge ; les Peintres en email en font aussi usage. Les mites les poux et d’autres insectes ont en aversion l’odeur de cette huile ; c’est pourquoi elle est très bonne pour les chasser et pour les faire mourir. On nous apporte l’huile distillée d’aspic et de lavande de la Provence et du Languedoc ; mais elles sont souvent falsifiée et mélée avec de l’esprit de vin ou de l’huile de térébenthine ou de ben. On découvre aisement ces falsifications, car si l’on jette dans de l’eau commune celle qui est mélée avec de l’esprit de vin, ce dernier se mele, se combine parfaitement avec l’eau, et l’huile surnage. Pour connoitre celle qui est mélée avec l’huile de térébenthine ou quelque autre huile, il faut en brûler un peu dans un cuiller de métal. Si elle est pure, elle donne une flamme subtile, une fumée d’une odeur qui n’est pas désagrable, et en petite quantité ; au lieu que c’est tout le contraire lorsqu’elle est falsifliée.