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L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

Lou Trepoun 42
L’eau bleue
Article mis en ligne le 19 octobre 2013
dernière modification le 13 décembre 2014

par MEVOUILLON Gérard
Le texte que nous vous proposons ici nous a été envoyé récemment par un nouvel adhérent qui nous a rejoints grâce à notre site Internet. Sa lecture nous avait enchantés et le seul nom de son auteur, Gérard Mévouillon, était déjà un élément qui ne pouvait qu’attiser notre curiosité. Il ne serait pas impossible que nous soyons en présence d’un descendant très lointain de Pierre de Mévouillon, seigneur d’Arzeliers (maintenant quartier de Laragne) à qui Antoine de La Salle avait vendu la seigneurie de Séderon en 1439. A notre demande Gérard Mévouillon nous a aimablement autorisé à publier ce texte étonnant dont le style nous rappelle celui de Pierre Magnan. Mais faut-il s’en étonner à la lecture de la conclusion ? Nous espérons que ce nouveau lien avec l’histoire du pays nous conduira à publier d’autres textes du même auteur.
Anne-Marie Barras

J’ai un copain, un camarade de la communale qui s’appelle Magnan. Des Magnan, par ici, y’en a des tas, alors bien souvent pour les reconnaître on les affuble d’un surnom, celui-là c’est « Sardine ».
Sardine, parce que c’est l’aîné de la famille et qu’à son père on lui disait déjà comme ça. Va savoir pourquoi… ça se perd dans la nuit des temps.

Le Sardine, je le croise dans la Grand’rue et il me dit :

— Noyau, je voulais justement te voir… t’as un moment ?

Que je vous dise, Noyau c’est notre surnom à nous, aux Mévouillon. Non pas que nous soyons des masses mais parce qu’en provençal, le noyau d’un fruit s’appelle un mévouillon. (Véridique)

Le Sardine, on se connaît depuis toujours, on a usé nos brailles ensemble sur les bancs de la maternelle jusqu’au centre d’apprentissage qu’on appelle de nos jours d’un nom pompeux : le lycée technique !

Nous voilà partis tous les deux vers une table du bar « Le Cigaloun » et comme il approche de midi, le Sardine commande un pastis et je prends une Suze.

— Noyau, au début je voulais pas t’en parler, mais y’a un vieux que ça fait un moment qu’il te cherche. Tu sais que je travaille pour quelques mois encore au canal de Manosque et chaque fois que je passe à côté de chez lui, en dessous de Lurs, y’a son chien qui me bourre.

Des chiens, je n’en ai pas peur, j’ai toujours le bâton ferré que m’a laissé mon pauvre père. Nous les aiguadiers, ces emmerdes avec les cabots on traîne ça depuis toujours.
Mon père me disait que c’était à cause de l’uniforme de Garde du Canal avec l’insigne et la casquette, mais j’en suis pas sûr.
Mon facteur il a une théorie qui vaut ce qu’elle vaut : ça serait à cause de l’odeur de toutes les maisons qu’on traîne sur nous, et moi en plus je sens la nite (limon) du canal !
Oui donc, ce bonhomme, il veut à tout prix te voir et il veut pas me dire pourquoi ! Je lui ai dis de te téléphoner mais il vit comme un ermite, je sais même pas s’il a le courant chez lui… alors, tu parles, le téléphone ! Ce qui est sûr, c’est qu’il boit l’eau du canal, ça je l’ai vu faire ! Bref, il faut que tu passes chez lui, parce qu’il se fait pas jeune, il approche des nonantes ! Un de ces quatre on va le retrouver sec sur sa paillasse ou alors noyé aux grilles du siphon de Giropey !

On a parlé de mille choses, du temps où on était minots et de toutes les conneries qu’on a pu faire ensemble. J’ai remis une tournée et quand il a sonné une heure de l’après-midi au clocher de Soubeyran, on s’est séparé.

J’aurais bien pu oublier ça si je ne traînais pas d’une poche à l’autre un bout de papier froissé à l’en-tête du Canal sur lequel le Sardine a griffonné un plan.
Un jour, où pour la centième fois je faisais tomber par terre le plan du Sardine en tirant mon mouchoir, je me suis décidé à aller voir le père « Montagnié ».

J’ai garé la vieille 2 chevaux qui me sert pour aller aux champignons au pied de Lurs et j’ai pris le chemin des aiguadiers qui longe le canal de Manosque. Ce canal, il fait 57 Km de long. Il commence au barrage de l’Escale et serpente dans les collines pour finir en filet d’eau à Corbières, où les quelques gouttes qui restent vont se jeter dans le Tarnaud.
Au passage, des centaines de rigoles lui volent son eau pour irriguer les jardins de la région.
L’eau, dans notre Provence, elle a une importance capitale et les histoires à son sujet sont légion ! A tel point que les aiguadiers sont tous assermentés pour pouvoir traiter les différents qui sont journaliers entre les abonnés !
En tant qu’autochtone, j’ai suivi comme tous les rigoles jusqu’au canal pour vérifier que les martelières (vannes en tôle) étaient bien fermées pour que l’eau puisse descendre à mon jardin en temps et en heure.
En effet, suivant un système ancestral, l’eau est distribuée à chaque propriétaire de parcelle irrigable pendant une heure tous les six jours/six heures.
Donc, si vous avez l’eau aujourd’hui mercredi à midi pendant une heure, vous l’aurez de nouveau le mardi d’après à 18 heures, puis le lundi suivant à minuit et ainsi de suite !
Des nuits de printemps jusqu’à celles d’automne combien de noctambules non avertis se sont posés des questions au sujet du manège des lanternes de toutes sortes au beau milieu des ténèbres !
Il était monnaie courante que des familles entières partent au crépuscule au début de l’été pour manger au cabanon et ensuite planter les tomates ou semer les haricots et puis attendre que l’eau arrive pour la faire courir dans le sillon tracé à l’eïssade (binette). Le retour à la maison se faisait à la chiche lueur de la lampe tempête ou, pour les familles de mineurs, à la lampe à carbure (acétylène) avec les enfants qui dormaient dans la brouette sur le bourras (ballot) de légumes et d’herbe pour les lapins ! Ces rentrées nocturnes ne se faisaient pas dans la discrétion et déclenchaient autant d’aboiements qu’il y avait de maisons et de fermes sur le chemin de retour !

Oui, je disais donc : Il suffit simplement qu’un petit malin ne ferme pas complètement sa martelière à la fin de son tour pour que le dernier de la rigole n’ai pas « son eau » à l’heure dite !
Bien sûr, le maître des lieux, l’aiguadier, referme la vanne du quartier sans entrer dans les chamailleries mais parfois il doit jouer le juge quand l’explication tourne à l’empoignade !
Autant dire que des scènes de ce type sont monnaie courante et qu’à cause de l’eau du canal beaucoup de familles se sont « levé la parole » et ce, depuis des décennies !
Petit à petit, ce système désuet est appelé à disparaître et il est remplacé par des bornes et des compteurs. Dans ce cas là, l’eau est distribuée à profusion mais ce progrès il a un prix, celui de l’abonnement au mètre-cube !
La quiétude de nos pavillons se paie en €uros !

J’étais perdu dans ces considérations quand un chien bastard est venu me renifler le pantalon. Il ne s’intéresse guère à mes jambes… je ne dois pas sentir grand-chose !
J’ai levé la tête et j’ai vu au loin, un vieux monsieur épais comme une allumette qui remontait un filet du canal et qu’il en vidait les poissons dans un seau de zinc.

C’est le papé qui m’a interpellé en premier :

— Poulide (Belle), ici ! Tu risques rien Noyau, elle est pas méchante… y’a juste le Sardine qu’elle peut pas piffer !
— Heu… vous me connaissez ?
— Toi ? Non, je t’ai jamais vu ! Mais ton grand-père, ton père et tes oncles, Voui !!!
— Et je t’ai reconnu parce que tu a le mourre (le visage) des Mévouillon, des Noyaux !!!
— Vous êtes Monsieur Montagnié, c’est ça ?
— Je suis « Montagnié » tout court, ici on est pas à la ville, petit ! Je savais qu’un jour tu viendrais… aujourd’hui, y’a des barbeaux et deux truites, ça te va ?
— Montagnié, j’ai mon casse-croûte dans le sac à dos…
— Teu, teu teu ! Si tu as du pain frais… pour le reste on s’arrange, je vais quand même pas te laisser manger comme un mendiant, assis sur une pierre pointue !
— J’ai aussi une bouteille de vin…
— Alors, là on va faire un repas de roi, aide-moi à porter le seau jusqu’à la cabane !

Sa cabane, c’est une petite maison taillée dans les mêmes pierres du pont qui enjambe le ravin. Elle est adossée à la colline et elle regarde la vallée de la Durance au travers d’une trouée dans les arbres.
On s’installe devant et, sur les ordres du Montagnié, je prépare le feu pendant que celui-ci vide et écaille les poissons d’une main leste où l’on sent bien la force de l’habitude.

— Noyau, cette cabane ce sont les ouvriers du canal qui l’ont construite et mon grand-père en a hérité quand le canal a été fini. Il avait en charge le secteur de Peyruis à Giropey. Nous, les Montagnié, on nous a baptisés comme ça parce qu’on est descendu du Queyras pour venir creuser votre canal. Y’en a qui sont remontés et d’autres comme mes parents qui ont pris racine ! Sur mes papiers mon nom c’est « Mazan Jacques, dit Montagnié ».

Et ensuite, c’est mon père, le cadet de la famille, qui est rentré au canal. Ses frères, ils sont tous remontés à Abriès, lui il est resté seul avec les parents jusqu’à ce qu’il connaisse ma mère à la foire de Manosque. On a vécu à huit dans la cabane, elle fait petite vu du dehors mais mon père et mon grand (grand-père) ils ont creusé des pièces en plus dans le poudingue !
Mon pauvre père, il savait tout faire de ses dix doigts et un jour y’a une délégation du village (de Lurs), qui sont venus pour voir s’il pouvait pas inventer une machine pour monter l’eau jusqu’en haut. La machine, tu la vois d’ici, c’est cette grande roue à aube au dessus du pont. (Véridique)

Une fois qu’il a fait les plans, il est allé voir les ingénieurs du canal qui lui ont donné l’accord et ils l’on détaché à la mairie de Lurs. C’est lui qui a tout fait avec le forgeron du village : la roue à aubes elle plonge avec une crémaillère dans le canal et elle entraîne un bélier (une pompe) qui monte l’eau jusqu’à la fontaine de Lurs. (Véridique)
Ca marchait bien, le seul problème c’est qu’il y avait souvent des fuites aux raccords et puis y’a fallu qu’on s’habitue au bruit des clapets que ça nous mettait la tête comme une banaste (panier d’osier) !!!!

Il fait claquer la langue et il me dit :

— Il est bon ton vin, d’où c’est qui vient ?
— Je le prends à la tireuse, chez le d’Herbès du domaine St Jean.
— Le d’Herbès, c’est celui du canal ?
— Voui !
— Il se débrouille bien celui-là, il fait de l’eau et du vin ! Bouges pas, je vais chercher du pâté de bécasse que je fais moi… tu m’en diras des nouvelles !

On a mangé comme des rois au bord du canal, à l’ombre des chênes avec une vue imprenable sur la vallée de la Durance.

On voit à gauche la Grande Bastide des Dominici et on devine au fond, dans la brume, le clocher des Mées, devant nous les Pourcelles et à droite, le bois St Martin d’Oraison.
Le poisson blanc il est plein d’arêtes et il a un petit goût de vase mais, ma foi, on s’y fait et puis je n’allais pas faire le difficile ! Entre nous, j’en ai bien donné sous la table à la chienne parce que si elle attend après le Montagnié elle peut toujours courir, lui il mange même les têtes !
Après, il est allé chercher la cachaille (fromage fort de chèvre) qu’on a mangé sur le pain passé à la braise avec des figues sèches dures comme des biscuits de guerre.
Autant dire que le litre de rouge il y est tout passé. On a fini le repas avec une rasade d’aïgo-arden (eau ardente : gnôle) et il m’a dit :

— Je suis levé depuis quatre heures du matin, c’est l’heure de ma sieste !

Il s’est couché dans l’herbe et une minute après il ronflait comme une sonnaille ! Moi aussi, j’ai du dormir trois bons quarts d’heure, c’est la Poulide qui est venue se frotter à mes jambes qui m’a réveillé !
Le papé, il était en train de remonter du ravin :

— Je suis été pisser au pied du pont et j’ai relevé les lecques (pièges)… y’a rien. Assieds-toi… tu as soif ? … Elle est fraîche, c’est de l’eau de source, elle vient du haut du ravin. Pour le reste, je prends de celle du canal et il m’arrive d’en boire… et j’ai jamais eu la cagagne (diarrhée) !

Pour en revenir à nos affaires, tu te doutes que c’est pas pour te parler du canal que je t’ai fais venir jusqu’ici ! Figures-toi qu’avant de rentrer au canal, y’a fallu que je fasse mes preuves ! Et, entre autres, je suis été dans le pays où est né ton gran, le Julien Mévouillon.

On a travaillé pendant des mois et des mois toute une bande de jeunes et des italiens au captage de l’eau de Clarecombes pour alimenter l’usine électrique de Chabottes, à Ribiers.
On a trimé à la pelle et à la pioche comme des forçats pour faire passer l’eau dans des rigoles et des tuyaux. Et c’est souvent qu’on faisait sauter le rocher à coups de mines. Du côté de Rougnouse, y’a une source, la source St Georges, elle a une eau bleue. (Véridique)
C’est la première fois qu’on voyait ça, elle laisse un dépôt de la même couleur que la peinture des charrettes ou de la bouillie bordelaise ! Au début on se méfiait de la boire mais les gens du coin ils nous ont dit que ça rendait pas malade, alors, plutôt que de courir à perpète on a fait comme eux.
Et puis, en faisant la tranchée on est tombé sur un cimetière abandonné. Le plus drôle, c’est quand on a vu monter un cercueil en l’air sur un tir de mine !
Il restait presque plus de bois, mais y’ avait des bouts d’os…et des bouts de cuivre !
Alors, on a continué à la pioche et on est tombé sur d’autres cercueils qui étaient doublés d’une fine tôle de cuivre martelé et le couvercle il était serti comme une boîte de conserve.
Les italiens ils sont partis en courant et ils ont plus voulu approcher du chantier et ils faisaient que des signes de croix ! Nous les jeunes on avait peur de rien, ni dieu ni diable… alors un soir après le boulot on en a ouvert un ! Le mort il était intact comme une momie et ses habits ils sont partis en poussière quand l’air est entré dedans le cercueil.
Y’avait aussi des vieux papiers roulés ensemble et comme j’était un des rares à savoir lire, c’est moi qui les ai gardés et c’est parce que j’ai vu ton nom que j’ai pensé à toi !

En douce, j’ai parlé de l’eau bleue à l’ingénieur de l’EELM (Energie Electrique Littoral Méditerranée), il m’a dit que c’est quand elle traverse du minerai de cuivre.
Pour le cimetière on en a parlé au bar de Salérans et les vieux ils nous ont dit que ça devait être l’ancien cimetière protestant et que les catholiques ils voulaient pas se mélanger avec eux !
Le dernier des protestants il a vendu le terrain à un de Lachau qui aurait promis devant notaire de faire dire une messe pour les morts par le pasteur une fois l’an.
Le notaire il est parti à Marseille et comme c’était des mots en l’air celui de Lachau il a pas tenu parole !
Et puis, y’en a un qui m’a dit qu’il savait un secret, j’ai commandé une bouteille, je l’ai pris à part sur une table en terrasse. Au début il voulait des sous mais au troisième verre il s’est lâché. D’après les anciens, y’aurait trois sources bleues en triangle. D’où elles sortent, on trouve des pierres qui sont bleues et des morceaux de cuivre et en plein milieu du triangle… y’a des pépites d’or ! Et après les gros orages, quand l’eau redevient claire, on trouve des paillettes d’or dans les trous de roche de la Méouge !

D’après certains, des bergers seraient partis négocier leur trouvaille en Avignon et il en a un qui s’en serait fait faire une montre. Lui il a dit que c’était des sous d’un héritage et d’autres y z’ont dit qu’il avait vendu des pleins paniers de truffes à la foire de Richerenches et même que ça sentait dans tout le car !
J’ai bien essayé de chercher, j’ai bien trouvé les pierres bleues mais ni du cuivre et encore moins de l’or… pas la moindre paillette !
J’ai toujours les papiers (il fouille dans sa biasse et me tends des parchemins jaunis) tient, les voilà…ils te reviennent !

Je me suis perdu en remerciements confus, j’ai promis au papé que je reviendrai le voir en sachant inconsciemment que c’était sûrement la première et dernière fois que nous nous rencontrions et j’ai bien vu dans son regard que lui aussi n’était pas dupe.
Je l’ai serré dans mes bras comme l’on quitte quelqu’un de la famille, j’ai caressé la
Poulide et je suis parti sans me retourner tellement j’avais le certitude qu’une page de ma vie était en train de se tourner.
C’était évident qu’après lui jamais personne ne viendrai habiter la maisonnette à part un chasseur ou un randonneur surpris par un orage ! Peut-être qu’un squatter viendra l’occuper quelques temps mais avec la disparition du Montagnié la maisonnette deviendra inéluctablement une ruine !

Je suis rentré à Manosque avec mes précieux documents que j’ai étudiés avec l’aide
de Sandrine, une spécialiste du Moyen Age :

  • Les inhumations dans le cimetière de pré Féraud datent de 1470 à 1630.
  • Plusieurs familles de Mévouillon ont résidé sur Rougnouse, Éourres et ont essaimé sur St Pierre Avez, Ribiers, Salérans et Lachau.
  • Elles avaient toutes un lien de parenté avec les barons du Buis (les Baronnies).
  • Des mines de Chalcopyrite et de cuivre natif ont été exploitées dans le vallon de la Geneste.
  • Quelques pépites d’or ont été trouvées au lieu-dit « le Planettaz » et des paillettes d’or ont été extraites du torrent « le Maratrache ».

Il est donc certain que l’on a trouvé de l’or et exploité du cuivre dans les montagnes à l’est d’Eourres.
Et maintenant, je me pose la question :
Si de mémoire orale cette histoire est arrivée jusqu’à nos jours et si Pierre Magnan en a eu vent, est-ce que pour protéger Éourres de la cupidité des hommes, il a appelé son roman « Laure du bout du monde » plutôt que :

L’or du bout du monde ?
© Essaillon
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Photo Gérard Mévouillon