Un premier écho m’est parvenu et de ma propre famille ! Ma mère m’a raconté que Grivannes habitait à la Tuilière. Il se déplaçait toujours à cheval, en selle ou attelant une voiture (était-ce déjà le corbillard du roman ?). Moins Méphisto et plus marchand que ne l’a cru Pierre Magnan, il allait vendre ses préparations jusqu’à Marseille. Sa spécialité, c’était une mixture contre la chute des cheveux qu’il débitait à l’étalage, au milieu des camelots du cours Belsunce.
La technique pour aguicher le client était vieille comme le commerce : des complices dans l’assistance, soit-disant réceptifs aux boniments du vendeur, achetaient avec enthousiasme la lotion miraculeuse. Il ne restait plus aux gogos qu’à suivre le mouvement. Bien sûr, les complices de Grivannes étaient tous des Séderonnais, boulangers de surcroît. Ces travailleurs de la nuit, venus tenter l’aventure d’une vie meilleure dans la métropole régionale, se retrouvaient le matin au bar Pinder [1], derrière la Bourse, où se faisait l’embauche des ouvriers boulangers. Ils y parlaient de leur métier, de leurs affaires mais commentaient surtout les nouvelles du pays. La solidarité entre ces expatriés était très forte et Grivannes, qui savait où les rencontrer, pouvait faire appel à eux pour assurer sa vente. Mon grand-père fut l’un de ses complices. Ajouterai-je qu’il ne fut jamais chauve !
30/10/98
J’espère que vous aimerez écrire leurs aventures.
Le Trépoun est aussi fait pour ça.