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L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

La vie quotidienne à Eygalayes depuis 1925 (1° partie)
Article mis en ligne le 17 août 2014
dernière modification le 13 décembre 2014

par PASCAL Réné

En juin 2009, René Pascal publia sous ce titre une plaquette d’une trentaine de pages. Avec son autorisation, et qu’il en soit chaleureusement remercié, le Trepoun reprend de larges extraits de son texte.

Dans un avertissement de début, René Pascal déclarait avoir « voulu faire profiter [de ses souvenirs] les eygalayais d’aujourd’hui afin qu’ils puissent se représenter ce qu’était leur village avant l’exode rural et pourquoi pas avant l’exode urbain à venir ou en cours ».
Les autres lecteurs du Trepoun découvriront eux aussi, et avec délectation, la vie à Eygalayes durant cette partie du XXe siècle. Ils y trouveront confirmation de l’étroite imbrication qui unissait les gens et les structures de tous les villages de notre petite région.

Introduction

Mes grands-parents paternels Antoine Pascal et Marie-Thérèse Eysseric, originaires de Montauban-sur-Ouvèze, hameau de Somecure, ont eu neuf enfants.
Mon père, Aimé Pascal, est né à Izon le 10 juin 1871, dans la maison incendiée par les allemands en 1944. Cette maison était inoccupée depuis longtemps.
Mes grands-parents maternels Auguste Payan et Marie Clément, cultivateurs, ont eu sept enfants.
Ma mère, Gabrielle Payan, est née à Claret (dans les Basses Alpes) le 25 septembre 1887.

Le monument aux morts

Un de mes premiers souvenirs date de 1925 avec la mise en place du monument aux
Morts.
L’emplacement avait été mis à la disposition de la commune par Mme Victorine Armand, d’Izon. A cet endroit, il y avait quelques petites constructions à rez-de-chaussée où Victorine et son mari, bien qu’habitant à Izon dans la ferme à gauche de la source, élevaient des cochons.
Si j’ai retenu l’année 1925, je ne peux en préciser le mois. Tous les blocs de pierre ont été transportés sur camion Berliet à chaîne et bandages de l’entreprise Curi de Laragne ; je ne sais plus de quelle région de France ils venaient.
La mise en place de tous les éléments a été rendue difficile par manque de moyens. Le socle principal a été ripé à son emplacement à l’aide de rouleaux en bois, la partie haute à l’aide d’une chèvre et d’un palan. Mon père a participé à ces travaux pendant lesquels un ouvrier a été blessé à la main.
Je me souviens très bien que le sol étant humide et la route non goudronnée, la roue arrière gauche du camion s’est enfoncée de 20 cm environ à peu près face à la fenêtre de la salle à manger de la maison Delhomme.
J’ai gardé de cette journée un souvenir très précis, enfin le plus précis possible, il y a de cela 83 ans.

Les premières voitures

Un peu plus tard (je n’ai pas la date précise) une curiosité au village : la 5 CV Citroën
« Trèfle » jaune citron de Lucien Delhomme. Ce modèle, sorti en 1921, avait deux places.
Autre curiosité automobile, la DFP (Doriot Flandrin Parent) construite à seulement sept
exemplaires.
Elle devait dater d’avant 1914 et appartenait à M. Sabin Bernard qui exploitait la ferme
avant Girard à St Yriex. M. Bernard était aussi propriétaire de la maison près de l’église et du cimetière occupée actuellement par la famille Kupecki. Cette voiture DFP était découvrable quatre places, avec de très gros phares à acétylène. Son châssis a servi pendant longtemps à franchir le Riançon à la place du gué actuel.

Les Commerçants et Artisans

Jusqu’en 1935 il y avait deux épiceries à Eygalayes, une chez Rosa Truphème rue de
l’église (à la place de la cuisine actuelle de Michel Pascal, mon fils), et une chez Monsieur Lucien Delhomme avec des produits de consommation courante. Dans un local à part était entreposée l’essence pour automobile en bidons de 5 litres bleus ou gris selon la marque. Ils étaient livrés à raison de 8 à 10 bidons dans des caisses en bois avec couvercle.
Les impuretés contenues dans les bidons ne faisant pas bon ménage avec les carburateurs, il était recommandé d’utiliser un entonnoir muni d’un filtre pour remplir les réservoirs situés sous le capot moteur, au-dessus du carburateur.
En 1936 ou 1937, Henri Bonnet et sa sœur Émilie, en plus du café que j’ai toujours connu, ouvrent également une épicerie dans un local attenant à leur cuisine actuelle. La fermeture de cette épicerie est intervenue au mariage d’Émilie en 1945 ou 1946.
Il y a eu aussi pendant ces périodes (je ne peux en préciser les dates), une ouverture d’épicerie tenue par Madame Augustine Girard, grand-mère de Max Abada.

épicerie de Mme Girard

Il me semble que ce commerce a disparu juste avant la Guerre. Il était situé où est aujourd’hui la salle à manger de la famille Andrieux (les Lillois).
Le boulanger Ernest Bonnet, grand-père de Gérard, a dû cesser son activité vers 1926. Je me souviens très bien du four dans la cuisine actuelle de Monsieur Bonnet - il a été démoli.
J’allais prendre des petits pains fendus et ma mère me demandait quelquefois d’y porter un gratin à faire cuire.
Ernest Bonnet figure sur une photo de la Place prise entre 1924 et 1926 – on y voit aussi une automobile B2 Citröen dont le premier modèle est sorti en 1921.
la place du village Le café Bonnet a été tenu par Henri et sa sœur Émilie (maman de Jacqueline Jaisse), puis avec son épouse Yvonne.
Un café auberge existait aussi avant la guerre de 14, en face de la fontaine (logement actuel de Nathalie).
Il y eut aussi jusqu’en 1920 (témoignage des anciens) un cordonnier dans la maison dont le propriétaire est M. Lucas Zamboni (l’américain). Une descendante directe de cette famille, Marcelle Jullien, la fille de M. Jullien le cordonnier, née à Eygalayes en 1905, est décédée à Pernes-les-Fontaines en 2008 à l’âge de 103 ans.
Un forgeron maréchal-ferrant, M. Olivier, était installé bien avant 1914 dans l’actuelle maison de M. Testut. Ce forgeron était parent (peut-être le grand-père ou l’oncle) avec Auguste Olivier qui, à Séderon, a tenu pendant longtemps le garage, la petite quincaillerie et, à partir de 1928/1930, la pompe qui délivrait 5 litres d’essence à la fois (quand un réservoir se vidait, l’autre se remplissait avec une pompe manuelle). Quand nous étions gamins, M. Olivier réparait nos vélos, c’était un très brave homme.
M. Henri Truphème, mari de Rosa l’épicière, a fait de 1911 à 1932 (exception faite de 1914 à 1918) le commerce de tilleul, fruits, thé, fenage. Il est décédé à Laragne en 1957.
MM. Thirion père et fils, en plus de leur activité de cultivateurs, faisaient le commerce de bois de noyer pour l’ébénisterie. Ils arrachaient eux-mêmes les noyers, il y en avait beaucoup dans la commune et les environs.
Il y a eu 3 maçons à Eygalayes :
M. Albert Jouve, maçon et tailleur de pierre, la pierre étant pour lui une grande passion.
C’était le grand-père de Suzanne Teisseire au Coulet (on l’appelait l’Albert du Coulet) et le beau-père de Raoul Surgère.
Mon père Aimé Pascal était maçon. Je revois encore avec plaisir quelques-unes de ses réalisations importantes : l’école de Claret (04) en 1908, celle de Vers sur Méouge en 1930, le Café du Progrès dans la grand rue à Séderon en 1932, la restauration d’une grande maison en dehors de Ferrassières, que nous appelions « le château de Monsieur Millet » et qui est devenue une colonie de vacances.
Raoul Surgère était le maçon du village. Il a travaillé longtemps avec mon père, puis s’est installé avec son beau-père Albert, son beau-frère (à qui les travaux agricoles laissaient pas mal de temps) et Emmanuel Jullien (dit Manuel) frère d’Yvonne Bonnet. En 1943 j’ai participé avec Raoul à la construction de la remise actuellement en transformation sur la propriété de la fille de M. Pinel. Cette maison a appartenu à M. Thirion puis à M. Ferrand.
Les hivers étant très rigoureux, Raoul Surgère et mon père (mais séparément) faisaient des petits travaux de menuiserie dans un atelier, sans machine : c’était réparer une étagère, un petit placard, un bras de brouette ou la brouette entière, etc. M. Surgère, qui était plus jeune, s’était équipé d’une scie à ruban qui je crois est toujours en place au rez-de-chaussée de la maison de M. Gadina : c’était là son atelier.

Quatre couturières à Eygalayes :

Marie Pascal (dite la Marie du Moulin), épouse de Léopold Pascal, tous deux décédés en 1956.
Irma, parente de la famille Jouve du Coulet, broderie au crochet.
Une troisième dont le mari s’appelait Malo - ils vivaient avec 3 chèvres, quelques lapins et les quelques sous gagnés avec la couture.
La quatrième dont j’ai oublié le nom mais dont Mme Fernande Girard m’avait parlé au
cours des longues discussions que nous avions souvent.
De ces 4 couturières, je n’en ai connu seulement que deux : Marie et Irma.

Un tailleur pour hommes, Auguste Dax (décédé en 1928) habitait ma maison actuelle. Il confectionnait des vêtements en gros drap épais, mais comme son activité ne lui prenait pas tout son temps il était occupé dans les fermes comme journalier.

Les commerçants ambulants

Plusieurs commerçants ambulants passaient au village, chacun ayant bien sûr sa spécialité.

Deux épiciers venaient des Omergues :
Garcin, avec sa Ford T, qui achetait les tommes et les œufs et vendait des produits d’épicerie.
Ces ventes étaient presque toujours compensées par le produit des tommes et des œufs.
M. Moinier, avec son père, dont l’activité était la même que celle de Garcin.
Théophile Blanc, qui passait avec son petit cheval blanc tirant une voiture assez longue et bâchée. Il vendait des jouets, du fil, des aiguilles, de la laine, des pantoufles et toutes sortes de fournitures très utiles pour la vie de tous les jours. Il partait tous les matins des Omergues, à pied à côté de son cheval, et rentrait chez lui tous les soirs.
Beaucoup plus tard, Louis Touche avec son Tube Citroën, qui avait en même temps une épicerie à Séderon tenue par sa femme.
Avant d’être à son propre compte, il avait effectué des tournées avec un fourgon peint
en jaune, comme représentant d’une épicerie en gros de Sisteron, le « Courageux » - et ce nom lui était resté.
Il y eu aussi M. Guy Gozzi, épicier à Mévouillon, mais pas pendant très longtemps.
M. Cassan de Montbrun vendait des légumes et de l’épicerie après la guerre 1939-45.
Deux bouchers alimentaient le village :
Léon Michel, de Séderon, dont la boucherie faisait face à l’atelier de M. Reymond, artisan bourrelier très renommé.
Gaston Girard, de Séderon également, auquel succéda M. Davin.
D’autres commerçants ambulants dont je ne peux préciser les dates d’activité – ils passaient à peu près une fois tous les deux mois suivant les saisons :
M. Bonis, de Sault, marchand de chapeaux, chaussettes, peut-être sous-vêtements masculins.
M. Roche, de Laragne, marchand de vêtements de travail et de ville , mais pas de luxe.
M. Manent, de Laragne, mêmes fournitures que M. Roche, mais en plus des tissus et des draps (il avait son magasin à Laragne, à l’angle de la rue de l’Hôtel de Ville et de la rue Bel Air).
M. Andreis, de Buis les Baronnies, vêtements de travail et de ville (costumes, pardessus, imperméables, etc…). Il devait passer après la première guerre mondiale et a cessé son activité en 1960.
Un marchand de chaussures de Sault, M. Ponzo, et un autre de Laragne, M. Madelin.
Après la fermeture de la boulangerie Bonnet, les boulangers de Séderon ont commencé leurs tournées :
Elie Espieu passait tous les jeudis soir – il tenait la boulangerie à Séderon à côté de l’ancienne gendarmerie – ensuite c’est son fils Maurice qui continua l’activité.
MM. Moullet père et fils passaient tous les dimanches à midi, puis M. Raspail qui avait repris leur boulangerie.
Plus tard ce fut Gaston Imbert [1] qui passait le samedi avec sa Fiat Torpédo aux jantes en bois, puis son fils qui allait jusqu’à Laborel.
Actuellement M. Pascal Blanc passe tous les jeudis soir, son pain est fabriqué au Revest-du-Bion.
Il ne faut pas que j’oublie notre rétameur Joseph Coppo, « l’Estamaïre ». Il était très adroit et gentil de surcroît, réparait les seaux et arrosoirs en tôle, et surtout blanchissait à l’étain les couverts lorsqu’ils commençaient à perdre leur brillant. Cette opération consistait à faire fondre l’étain dans un récipient et à y tremper un certain temps cuillères et fourchettes.
L’étain séchait rapidement.
Il gagnait assez bien sa vie, mais vivait très chichement. Je l’ai toujours vu dormir, été
comme hiver, au fond de la maison propriété actuelle de Suzanne Jouve. C’était aussi son atelier. Lorsqu’il faisait beau il s’installait dans le recoin qui sert de jardin à Nathalie. Quand il avait gagné quelques sous, on ne le voyait plus de quelques jours, mais il n’était jamais violent. Il est mort en 1945, et le village n’a plus eu de rétameur.
Il a été remplacé par M. Tempo, de Lachau et italien lui aussi, qui passait de temps à autre mais ne travaillait pas sur place. Il emportait à Lachau les ustensiles à réparer.
D’autres personnes étrangères qu nous appelions les « Bohémiens » passaient dans le village. Ils jouaient aux boules pendant que leurs femmes vendaient de la dentelle de porte en porte.
Quelques rempailleurs de chaises, presque tous des italiens, passaient aussi plusieurs fois par an et s’installaient sur la place. Ils avaient tous une petite charrette avec une bâche et y dormaient.

Les colporteurs

On les appelait les marchands de la balle (colporteurs) et passaient deux ou trois fois par an. Ils portaient sur le dos, à l’aide de deux larges courroies (comme un sac tyrolien), une hotte en bois (genre petite armoire à pharmacie) avec plusieurs petits tiroirs.
Les tiroirs contenaient, mais en petites quantités vu leur diversité, des lacets, bretelles,
ceintures, crème à raser, blaireau, du fil, des aiguilles à coudre et à tricoter, boutons, dentelles, épingles de sûreté, barrettes pour les cheveux des dames, élastiques, crayons, plumes, gommes, canevas, quelques tissus pour confectionner des tabliers, des petits couteaux de poche et tout un tas de choses qui manquaient souvent dans les fermes isolées et aussi dans le village.
Ils étaient habillés de vêtements de velours, dormaient dans les fermes où on leur accordait presque toujours le gîte et le couvert. Tout le monde appréciait la volonté et la gentillesse de ces colporteurs.

Les services publics

Le garde champêtre Émile Panel (maison actuelle de la famille Miami), crieur public mais sans tambour, surveillait les prestations c’est-à-dire les travaux sur les chemins ruraux et communaux. Il annonçait dans la rue et à des endroits différents les adjudications du tilleul, de la lavande, des coupes de bois qui étaient la propriété de la commune.

Deux cantonniers fonctionnaires des Ponts et Chaussées.
Ils n’avaient pas de gros matériel comme aujourd’hui. Avec leur pelle, leur pioche et leur brouette, ils rebouchaient les nids de poule nombreux sur les routes non goudronnées, creusaient les caniveaux. Les gros travaux d’empierrement des routes étaient effectués par des entreprises, de même que le goudronnage après la guerre.
Il s’agissait de Léopold Pascal (1875-1956), époux de la couturière Marie, et de Paulin
Chastel qui habitait avec sa femme et ses deux enfants au premier étage de la maison de Mme Gauthier, la cuisine et la salle à manger actuelle étant l’écurie des chèvres. Il a été muté à Laborel et remplacé quelque temps plus tard par Flavien Jouve (1901-1980).
Il y avait au village un facteur receveur, M. Joseph Allemand. Il habitait l’appartement contigu au bureau de Poste (actuellement maison de Max Abada) avec sa femme et ses deux enfants.
Il assurait la distribution du courrier dans le village et dans les fermes : collet de Guide, le Plan, les Nègres, la Borie, la Saulce et Preverdiant, en vélo d’abord puis avec sa moto Peugeot P105 réquisitionnée par la Résistance en 1944 et remplacée en 1946 ou 47 par une 125 Motobécane deux temps. Pendant la tournée de son mari Mme Allemand assurait la permanence du bureau, mais l’activité de ce bureau était très réduite.
Un autre facteur, M. Charrol (maison actuelle de M. Testut) assurait la distribution dans
quelques fermes : Vincent, le Casage, le Perron, St Yriex et toutes les maisons d’Izon - très longue tournée à pied.
Le matin 6 heures il allait attendre le car de Séderon-Laragne qui laissait le courrier venant de Buis et toute la vallée jusqu’à Séderon. L’après-midi il se rendait vers 14 heures au même endroit (il y a un cabanon qui a été construit pour abriter le facteur) et il laissait au car Laragne-Séderon le courrier d’Izon et d’Eygalayes.
Joseph Martin, facteur auxiliaire, a remplacé M. Charrol. Il habitait avec sa femme Adrienne la maison récemment acquise par Michel et Marie-Claude Pascal et assurait la même tournée que M. Charrol, mais allégée vers 1936-37 lorsque le car de Séderon-Laragne a fait un crochet jusqu’au village. A sa retraite Joseph est allé vivre à Sainte Euphémie et une fois veuf a terminé sa vie à la maison de retraite de Buis les Baronnies.
Henri Bonnet a assuré la même tournée pendant de longues années à partir d’Eygalayes, ensuite de Séderon mais en voiture postale jusqu’à sa retraite en 1976.

La fête au village

Peu de fêtes au village, mais on fêtait la Saint Sébastien le 20 janvier. La fête se préparait quelques jours à l’avance : il fallait couper les sapins, les disposer sur la place en creusant des trous (il n’y avait pas de goudron) et les relier entre eux par du fil de fer sur lequel on enroulait des branches de buis retenus par des ficelles. Le long de ces sapins, on disposait des poutres posées sur des souches de bois sur lesquelles on pouvait s’asseoir malgré le froid.
L’orchestre, avec quatre ou cinq musiciens (un de Séderon, trois ou quatre de Montbrun dont les Darnaud père et fils) était installé dans le recoin actuellement jardinet de Nathalie, maison Bellu.
Lorsqu’il faisait trop froid la nuit ils s’installaient au fond de la remise de Gérard Bonnet (à l’époque, remise de la Victorine).
Le lundi, il y avait la viole de Lachau ou le violon d’un habitant de Lachau qu’on appelait le Mile Jalendré – c’était l’arrière-grand-père de Francis Vital de Lachau.
Pendant ces deux ou trois jours, les cafés de Bonnet et de la Victorine étaient pleins à craquer, les clients recherchaient surtout un peu de chaleur, y compris les musiciens qui avaient parfois du mal à manier leurs instruments.
Chez Victorine Armand on pouvait se restaurer pendant la durée de la fête. Le menu ne changeait pas, du porc (on tuait un ou deux cochons avant la fête), des patates et de la tomme de chèvre ou de vache et bien sûr un ou plusieurs canons de vin à 10 ou 11 degrés.
C’est la légende qui veut ça :
- quant te deve ?
- vingt sous
- sabes pas se n’aurai prou
- bon aco vai, douno me ço que voudras

[ combien je te dois - vingt sous – je sais pas si j’en aurai assez – bon, ça va, donne-moi ce que tu voudras]

Elle avait je crois une licence IV, elle pouvait l’exploiter, mais dans la réalité elle n’ouvrait que pour la Saint Sébastien et pour quelques autres fêtes exceptionnelles.
Il y avait peu d’attractions à cause du froid et de la neige, un marchand de bonbons, pralines, cacahuètes.
A partir de 1935 la fête a eu lieu au mois d’août. Il y avait la roulette, un tir à la carabine installé le long de la maison d’Henri Delhomme, côté monument. Une seule fois un manège sur la place de la Mairie.

René PASCAL
juin 2009


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