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L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

UN SIÈCLE DE CARTES POSTALES À SÉDERON (1) : Frédéric Chauvet
photographe et éditeur à Séderon de 1903 à 1912
Article mis en ligne le 17 août 2014
dernière modification le 16 avril 2015

par POGGIO André

Bien que les cartes n’indiquent que le nom et l’initiale du prénom, F. Chauvet, deux éléments relevés dans « notre village en 1910 » [Maurice Gontard – Trepoun n°1] permettent de mieux identifier celui qui fut le premier producteur de cartes postales à Séderon :
 Paul Chauvet, sans profession, habite la Bourgade, avec sa famille dont son fils Frédéric, horloger et photographe.
 un seul photographe professionnel est recensé à Séderon.

Dans ses souvenirs familiaux [Trepoun n°7, Lettre du 29 avril 1904], René Delhomme citait une lettre de son grand-père Amédée Vilhet dans laquelle, à l’occasion d’une fête, est évoqué notre personnage :
« Chauvet, l’horloger, a bien fait rire lorsqu’au refrain il a dit en saluant et en envoyant des baisers : quoique les filles soient jolies à Séderon ma foi je préfère rester garçon »

Bien que né à Allan (près de Montélimar) le 1er juillet 1873, Frédéric Chauvet était séderonnais de souche : son père y était né en 1836, de parents agriculteurs.

Où Frédéric a-t-il appris son métier ? En quelle année s’est-il installé professionnellement ?
La plus ancienne carte découverte porte un cachet postal de 1903. Elle montre une horloge-enseigne, sur le côté droit de la Grand’ Rue en la remontant juste après le Café du Pont, qui désignait sans doute l’emplacement de la boutique de Chauvet.

La Grand’ Rue
© Essaillon

En fonction des mentions et des caractères typographiques utilisés, je distingue six éditions différentes pour des cartes postales qui circulèrent durant la période 1903 - 1914.
Ce qui crée un petit mystère : comment concilier les dates de publication de la dernière édition (entre 1912 et 1914 selon les cachets postaux retrouvés) et la mort de Chauvet survenue le 26 septembre 1912, à l’âge de 39 ans ?

Les cartes en nuage de la première série portent le crédit F. Chauvet, éditeur à Séderon

et ont été commercialisées à partir de 1903 :

  • La Grand’ Rue (ci-dessus)
  • L’église (déjà reproduite dans le Trepoun 49)
    © Essaillon
  • Le pont et la place de l’église
    © Essaillon
  • Chapelle commémorative
    © Essaillon
  • Vue générale
    © Essaillon
  • La Planette
    © Essaillon
  • Environs de Séderon - Vers
    © Essaillon

La deuxième série porte le crédit F. Chauvet, phot. à Séderon.

Elle débute en 1906 :

  • Vue générale
    © Essaillon
  • Le Pont - La Bourgade
    © Essaillon
  • lachau : Entrée principale
    © Essaillon
  • Lachau : vue générale
    © Essaillon

La troisième série, avec un crédit légèrement différent ( F. Chauvet, phot, Séderon )

débute également en 1906

  • Entrée au Nord
    © Essaillon
  • Entrée au Midi
    © Essaillon

Chauvet édite ensuite une série numérotée de 4 cartes en nuage

commercialisée jusqu’en 1911, dont le crédit est Cliché F. Chauvet à Séderon :

  • Le numéro 1 reste à découvrir !
  • 2 - La Bourgade (cliché reproduit dans la dernière série avec la légende « les Ecoles »)
  • 3 - Place de la Poste (reprise de la Planette)
    © Essaillon
  • 4 - L’Essaillon
    © Essaillon
    © Essaillon
    © Essaillon

La cinquième série fait aussi l’objet d’une édition numérotée.

Premières cartes en tirage plein cadre, avec des cachets postaux commençant en 1910
Le crédit est Cliché F. Chauvet, à Séderon

  • 1 - Vue générale
    © Essaillon
  • 2 - Le Pont sur la Méouge - Une Noce sortant de l’Eglise
    © Essaillon
  • 3 - Vue du Quartier de la Bourgade
    © Essaillon
  • 4 - La Grand-Rue
    © Essaillon

    la petite fille debout à droite, c’est Marie Moullet, future Mme Fidèle Michel à son côté, avec un grand tablier blanc, Mme Tindille cliché pris vers 1910 - (renseignements fournis par Paule Delsart)

La dernière édition (puisque les cachets postaux retrouvés vont de 1912 à 1914)

reprend d’anciens clichés et revient à un tirage en nuage - mais surtout fait disparaître le crédit Chauvet.
Comme il s’agit d’une édition posthume (rappelons que Chauvet est décédé en 1912), se pose la question : qui en est le responsable ?
Ce ne peut être un membre de la famille : Frédéric était célibataire, sans enfant, et ses
parents sont alors âgés de plus de 70 ans.
Il n’y avait pas à Séderon un autre photographe qui aurait pu récupérer le fonds photo.
Reste l’hypothèse d’un apprenti, lequel pourrait bien être Camille Jullien. Il est certain
que des liens ont existé entre les deux hommes, comme le prouve l’utilisation par Camille d’au moins une photo de Chauvet pour ses propres éditions ; comme le laisse présumer le fait que tous deux furent photographes et horlogers. Quoi de plus naturel que de faire son apprentissage chez le professionnel du village ?
En 1912, Camille a 16 ans : il a déjà édité des cartes sous sa seule signature, il est capable d’assurer la continuité de la boutique.
La série comporte au moins trois cartes :

  • La Place de la Poste (déjà reproduite)
  • L’Essaillon (déjà reproduite)
  • Les Ecoles (qui est une reprise du cliché « la Bourgade »)
    © Essaillon

    Chauvet n’eut pas longtemps le monopole des cartes postales à Séderon : dès 1906
    apparaissent les cartes Bouillaud, qui illustreront le prochain chapitre.

André POGGIO - mars 2011