Séderon ne possédant pas un fond d’archives important, les renseignements que je vais donner sont puisés en grande partie dans l’ouvrage en 2 volumes d’André Lacroix, ancien archiviste de la Drôme : « Histoire de l’Arrondissement de Nyons » et dans la plaquette de M. Maurice Gontard, professeur à l’Université de Provence : « Un petit village se penche sur son passé ». J’ajouterai seulement quelques notes personnelles recueillies au cours des années.
Il est à peu près certain que notre région a été occupée dès l’époque préhistorique. En effet, des haches en pierre polie ont été trouvées sur le territoire de Séderon. L’une d’entre elles avait même été remise au musée scolaire par M. Signoret avant la guerre de 1939-1945.
Dans le premier bulletin (1983) du « Luminaire » — Association culturelle de Lachau — un article de A. et G. Chaffenet ayant pour titre « La vallée de la Méouge aux temps préhistoriques » signale « qu’à Séderon, au sud du village, un petit gisement a livré quelques éclats et outils divers. »
Des tribus pastorales s’installèrent dans notre contrée, notamment celle des Médulles qui a donné son nom à Mévouillon (anciennement Medullio).
Les Romains, eux aussi, occupèrent le territoire comme le prouvent diverses découvertes. En 1910 des meules de moulin à bras en lave et un grand bronze de Caracalla ont été trouvés au col de Macuègne et en 1918 un grand bronze de la colonie de Lyon près du village de Séderon. Récemment encore des fragments de poterie d’origine romaine y ont été trouvés.
Il existait également à l’entrée nord du village, taillé au pied du rocher baptisé la Tour, un fragment de route ancienne (peu visible maintenant à cause de l’élargissement de la chaussée) ; mais on ne peut assurer qu’il s’agissait là d’une voie romaine. Seule la légende le prétend, comme elle prétend également que, non loin du village de Séderon, sur un terrain appelé « la Bataille », Gaulois et Romains se seraient battus.
Communautés situées aux alentours de Séderon
M. Maurice Gontard signale dans sa plaquette : « Les premiers habitants ont recherché des sites faciles à défendre et il existait, à l’origine, plusieurs petites communautés humaines dans le bassin » aux alentours immédiats de Séderon.
1- D’après l’Inventaire des Hautes-Alpes, Guesset (Guisset ou Gueysset), situé sur une hauteur au sud-est, formait jadis une communauté distincte de Séderon ; mais en 1787 il n’y avait plus que trois familles établies sur cette colline.
Une visite pastorale de 1641 parle de l’église de Gueisset fort petite et non voûtée.
2- Une seconde agglomération était installée au défends St Baudile, au sud. On a trouvé là des tuiles à rebord et dans les quartiers de St Charles et St Baudile des ossements humains dans des fosses que recouvraient de larges dalles. Il y avait là un prieuré et une chapelle fondée par Baudile Dupré, appelée, en 1662, chapelle de « Maistre Pierre ».
Lacroix nous dit dans son ouvrage : « En 1551, l’Inventaire des Hautes-Alpes nous apprend que l’église de St Baudile menaçait ruine faute de réparations et que les revenus du prieuré atteignaient 80 écus. »
3- Une tour carrée surveillant le passage dans la cluse de la Méouge (l’Essaillon), au nord, était bâtie sur un des rochers qui porte actuellement le nom de Tour.
L’Inventaire des Archives des Bouches-du-Rhône mentionne en 1324 cette citadelle qui aurait coûté 500 livres. Tout près, était édifiée une petite chapelle : Notre-Dame (de la Brune) qui daterait du 8ème ou 12ème siècle et serait ainsi le plus ancien monument de Séderon.
L’Inventaire des Hautes-Alpes nous apprend qu’en 1559, le service paroissial se faisait dans cette chapelle encore « en état ». Elle fut peu à peu délaissée, puis abandonnée lors de la construction de l’église actuelle rénovée et agrandie d’un clocher en 1884. Nous savons seulement qu’elle fut reconstruite en partie en 1766 grâce à Henri-Joseph de la Brugière, curé de Séderon. Ce prêtre, comme il le désirait, y fut enseveli le 9 septembre 1774. Elle fut ensuite entretenue jusqu’à la fin du 19ème siècle comme le prouvent la date de 1833 retrouvée sur un linteau, ainsi que le socle de la croix, à l’extérieur, portant la date de la mission de 1882. Cette chapelle étant en ruine maintenant, l’un des buts de notre Association est sa restauration.
4- D’après le Dictionnaire de Provence, par Achard, et la Statistique de la Drôme, par Delacroix, le château et le hameau de Gaudissard situés à une demi-lieue d’Eygalayes (Quartiers des Nègres) auraient fait une communauté avec Séderon jusqu’à ce qu’un incendie détruisît château et maisons en 1302. Ce quartier appartient aujourd’hui à Eygalayes.
Documents relatifs au village de Séderon
Les premiers documents relatifs au village de Séderon datent de la fin du 13ème siècle.
D’après le Dictionnaire topographique de la Drôme de Justin Brun-Durand, le nom du bourg aurait été :
- Castrum de Sedarono en 1293, [c’est-à-dire place forte], (Inventaire des Dauphins, 221)
- Castrum de Sadorolio en 1293 (Valbonnais, I, 35)
- De Saderono en 1299 (Archives de la Drôme, E 3093)
- Castrum Saderoni en 1299 (Inventaire de la maison des Baux) → (voir p. 6)
- Castrum de Saderono ou de Saderoni en 1299
- Sadaronum en 1308 (Archives des Bouches-du-Rhône, B 155)
- Sadaronem en 1442 ( Choix de doc., 282)
- Cederon au 17ème siècle (Inventaire de la Chambre des Comptes)
« Ce nom paraît être un diminutif de sedes, sedius, sedium, sedia signifiant maison, domaine, emplacement. »
L’archiviste Nicolas Delacroix, dans son « Essai sur la statistique, l’histoire et les antiquités du département de la Drôme », donne une autre explication, rejoignant un peu la légende : une petite colonie, marchant à l’aventure, se fixa sur le rocher « la Tour » et du latin sederunt du verbe "sedere" (ils s’arrêtèrent, ils se fixèrent) est venu le nom de Séderon.
Séderon dépendit de la Provence de 1309 à 1790, mais toutefois, avant 1789 les limites du Dauphiné et de la Provence étaient indécises, si bien qu’on a pu dire que Dauphinois et Provençaux n’avaient jamais bien su où commençait l’un et finissait l’autre.
Au point de vue féodal
Lacroix écrit dans son ouvrage
« Il est permis de croire que l’agglomération primitive dut sa naissance aux Mévouillon, premiers seigneurs du voisinage. On ne les y trouve pourtant qu’au 13ème siècle avec Raymond qui, en 1242, la donna à sa fille Galburge et, six ans plus tard, l’aliéna au comte de Provence. Toujours en quête d’argent, les Mévouillon avaient également cédé le haut domaine de Séderon aux évêques de Valence et Die et aux Dauphins. Mais ces derniers, évêques et Dauphins, laissèrent bientôt un fief si éloigné de leur demeure et les comtes de Provence y firent acte d’autorité dès le 14ème siècle. Ainsi le roi Robert donnait, en 1334, Séderon à Raymond d’Agoult, et à la mort de ce gentilhomme, à Charles, duc de Calabre, remplacé à son tour, en 1357, par le comte d’Armagnac et par Guillaume-Roger de Beaufort, vicomte de Turenne.
Le petit-fils de ce dernier, Raymond, vicomte de Turenne, fut surnommé le fléau de la Provence, à cause des ravages qu’il exerça dans notre région. »
Le fief passa par la suite aux familles de la Baume, Simiane, de Sade, Astouaud de Murs.
Enfin, Jacques de Segond, Conseiller à la Cour des Comptes d’Aix fut le dernier seigneur de Séderon. L’ouvrage « Histoire du Beausset » par Jean Gavot nous apprend que Jacques Segond était né au Beausset (Var) le 30 octobre 1714 et qu’il avait acquis le fief de Séderon, alors dans la Viguerie de Sisteron, par acte du 21 juillet 1755. Le voici devenu Jacques Segond de Séderon. Il fait alors enregistrer ses titres et reçoit confirmation de sa particule et de ses armoiries le 25 novembre 1773. Comme il avait émigré, ses biens furent vendus après la Révolution comme biens nationaux. Il possédait notamment à Séderon :
- une maison située au milieu du village actuel, (maison de Melle Marie Pascal aujourd’hui),
- une maison et quelques terres dans le domaine de Guisset (ou Gueysset),
- une terre au quartier de Lamourier,
- une terre appelée "Lacombe",
- une terre appelée "Madame",
- le moulin haut à deux tournants avec gruaire et dépendances,
- le moulin bas à un seul tournant (en construction)
(extrait du Procès-Verbal de première Enchère et d’Adjudication définitive du 5 Vendémiaire de l’an III de la République Française)
– On attribuait la construction des premières maisons du village actuel vers 1600 ; mais les pièces découvertes cette année sous un trottoir de la grand’rue ne sembleraient-elles pas indiquer que cette construction serait plus ancienne ? En effet les écus d’or trouvés datent de Louis XII (1498-1515) et de François 1er (1515-1547), c’est-à-dire du début du 16ème siècle. On peut donc admettre l’hypothèse que ce trésor aurait été enterré à l’époque des guerres de religion ce qui autoriserait à penser que notre village serait antérieur à 1600.
– J’avais relevé au verso d’une feuille d’un registre paroissial d’état civil la notation suivante : « 1744 : naissance de la commune de Séderon » ; mais il s’agit certainement de la Maison commune, (appelée aujourd’hui Mairie) dans laquelle se trouvaient, au rez-de-chaussée le four banal (communal) tenu par deux fourniers au salaire de 50 livres chacun, et à l’étage la salle où siégeait le « Conseil » de Séderon élu pour deux ans par les citoyens actifs.
Le conseil fixait l’impôt, gérait l’hôpital, nommait le régent des écoles, le secrétaire, le garde-champêtre...
La Mairie actuelle fut édifiée de 1868 à 1870 à la place de l’ancien four et de la Maison commune. Le transfert du cimetière adossé à l’église (demandé dès 1857) sera finalement effectué à Saint-Charles en 1892.
Un premier plan cadastral fut terminé le 25 mai 1813 par Alphonse de Molard, géomètre du cadastre ; un deuxième plan date du 25 mai 1845.
En 1889, pour fêter le centenaire de la Révolution française, un peuplier, maintenant âgé de cent ans, fut planté Place de la Fontaine.
M. Maurice Gontard nous dit dans sa plaquette : « Au 14ème et 15ème siècles les guerres et dévastations sont nombreuses… Il fallut pour assurer la paix à la région, l’entrée du Dauphiné et de la Provence dans le royaume de France. Le Dauphiné est absorbé en 1349, la Provence en 1486. »
Après une assez longue période de paix, le 16ème siècle allait être marqué par les guerres de religion et l’insécurité était grande dans toute la région située aux confins du Dauphiné, de la Provence et du Comtat-Venaissin.
Troupes catholiques et troupes protestantes se livrèrent des luttes acharnées avec de terribles représailles : occupation des villages, pillages, exécutions.
Certains chefs des Réformés sont particulièrement connus dans notre région :
- François de Beaumont, baron des Adrets (né vers 1512) seigneur de la Frette (Isère),
- Dupuy-Montbrun (1530-1575), seigneur de Montbrun-les-Bains,
- Lesdiguières, seigneur des Diguières, dans le Champsaur (Isère)
- La Tour-du-Pin Gouvernet, seigneur de Mévouillon et de Montauban,
- Gaspard Pape, seigneur de Saint-Auban,
- Montauban, baron de Lachau (début du 17ème siècle)
Vers 1565, les Huguenots occupent Forcalquier, Sisteron, Sault, Joucas, Séderon, Pont-St-Esprit. (Histoire du Comtat Venaissin, par Henri Dubled). C’est seulement avec Henri IV et l’Edit de Nantes (1598) que s’apaisèrent ces luttes fratricides ; mais après sa révocation en 1685, il apparaît qu’à Séderon plusieurs protestants aient abjuré leur religion, car les registres d’état civil mentionnent plusieurs baptêmes de nouveaux convertis.
Archives communales - Administration
Les archives communales possèdent :
- Les registres paroissiaux d’état civil depuis 1669.
- Un registre des délibérations consulaires de 1611 à 1642. Ce registre révèle :
- l’administration des affaires et œuvres pies de l’hôpital et des pauvres par les consuls (26 décembre 1612) ;
- la réparation du moulin que la rivière a rempli de sable (23 mars 1614) ;
- le traitement de Clauson, maître d’école, fixé à 16 écus, payables par les catholiques, outre les mois (des élèves), de 4 à 6 sols, selon que les élèves commencent ou écrivent ; il sera permis à ceux de la Religion (protestants) d’envoyer leurs enfants aux mêmes prix (20 juillet 1614) ;
- la fourniture d’un cimetière aux Réformés (26 février 1617) ;
- un jeûne de 3 jours au pain et à l’eau, avec cessation de travail, à cause des inondations et des tempêtes (30 août 1618) ;
- la distribution aux pauvres de la 24ème partie de la dîme, en présence du vicaire « et encore pour les joyes » ou fêtes de Saint Baudile (29 mai 1624) ;
- la réparation des chemins par les riverains (17 mars 1626) ;
- la garde des portes par mesure de santé publique (8 octobre1628) ;
- les gages de Dupuy, d’Annecy, régent de l’école, réglés à 16 écus par an, outre les mois des élèves et ceux de Raspail, de Mévouillon, à 4 livres par mois (5 novembre 1628 et 27 janvier 1636).
Le 30 janvier 1612 sont élus
- consuls : Grandchan et Germain ;
- conseillers : Roland, Gautier, Reynaud, Ricou, Dumont, Chastel, Guillermin, Guillet, Ricourt et Paussin.
En 1697, les recettes de la commune arrivaient à 4 163 livres contre 4 893 de dépenses.
Séderon faisait partie :
- sur le plan administratif de l’intendance d’Aix-en-Provence (Montbrun et Mévouillon dépendant de Grenoble),
- sur le plan judiciaire du Parlement d’Aix,
- dans le domaine religieux, du diocèse de Gap.
Séderon était le siège d’un archiprêtré comprenant les paroisses et succursales d’Aulan, Ballons, Barret-de-Lioure, Eygalayes, Izon, Lachau, Mévouillon, Vers et Villefranche.
Les dîmes étaient partagées entre le prieur du lieu et celui de la commanderie des Omergues de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
La comtesse de Provence Jeanne, reine de Naples et de Sicile y avait établi en 1370 un marché le lundi et une foire en octobre.
- En 1830 deux foires s’y tenaient : les 3 mai et 21 septembre.
- En 1885, il y en avait une autre, le 3 avril.
La période révolutionnaire et impériale allait apporter de nombreuses modifications administratives.
Par décret du 22 décembre 1789, la Constituante avait supprimé les anciennes provinces qui furent remplacées par 83 départements.
Séderon fut retiré à la Provence et rattaché au Dauphiné qui fut divisé en 3 départements : la Drôme, l’Isère, les Hautes-Alpes.
La Drôme compta alors 6 arrondissements ou districts : Valence, Romans, Die, Crest, Montélimar et Le Buis-les-Baronnies ; mais ce dernier ne resta pas longtemps au Buis : il fut enlevé par Nyons le 27 août 1790.
Les districts comprenaient plusieurs cantons et, pour notre région, deux nous intéressent particulièrement : celui de Montauban et celui de Montbrun-les-Bains qui comprenaient respectivement 10 et 8 communes.
En l’an VIII (1800), grâce à l’intervention judicieuse du Maire de Séderon [1], ces deux cantons furent réunis et Séderon fut choisi pour devenir le chef-lieu d’un canton de 18 communes à cause de sa position géographique plus centrale.
Cette décision fut très importante pour le village, nous dit M. Maurice Gontard, car « elle entraînait l’installation à Séderon des administrations liées au canton : brigade de gendarmerie, justice de paix, services financiers, voirie, distribution des postes. La commune avait alors une triple activité agricole, artisanale et commerciale et enfin administrative. »
La population de Séderon au 19ème siècle
La population de Séderon atteignit au cours du 19ème siècle : 690 habitants en 1830, 751 en 1840, 720 en 1850, 601 en 1860 et 1870, 667 en 1880 et 603 en 1900.
On comptait alors de nombreux fonctionnaires : 2 instituteurs ou institutrices, 4 gendarmes et un maréchal-des-logis, 1 juge de paix, 1 agent-voyer, un receveur de l’enregistrement, un percepteur, 1 garde-forestier et 1 brigadier des eaux et forêts, 3 facteurs, plusieurs cantonniers.
- des employés municipaux : 1 garde-champêtre, un secrétaire de mairie, un crieur-public-afficheur ;
- Les membres des professions libérales : Un notaire, un greffier, un huissier, un médecin, un chirurgien-barbier, un curé et son vicaire ;
- des artisans divers : tailleurs, couturières, modistes, cordonniers et bottiers, 1 tisserand, 1 foulonnier apprêtant les peaux, 2 bourreliers, 1 horloger, 2 maréchaux-ferrants-forgerons, 2 charrons, des maçons, menuisiers, serruriers, 1 coiffeur pour homme, 2 marchands drapiers, plusieurs épiciers. Deux « fourniers » tenaient un four public et furent remplacés, un peu plus tard, par 3 boulangers et un pâtissier-confiseur.
On dénombrait 3 auberges et 7 ou 8 cafés et cabarets (certains n’étant ouverts que les dimanches et jours de foire ou de fête).
Il y avait aussi 2 moulins à farine et à huile. On faisait sur place la chaux nécessaire à la construction et les tuiles (quartier de la Tuilière — certaines maisons sont encore recouvertes de ces tuiles anciennes).
Naturellement, on comptait dans la commune de nombreux cultivateurs, quelques domestiques ou « journaliers », quelques retraités aussi.
La vie au 18ème et 19ème siècles
Pour la plus grande partie de ces familles, la vie était difficile, les produits agricoles ou fabriqués se vendant très mal Le travail était peu rémunéré. C’est ainsi qu’à la fin du 19ème siècle, une couturière allant à la journée ne gagnait, en plus de la nourriture, que 20 à 30 sous par jour selon la famille dans laquelle elle allait travailler.
D’après les archives communales de la Drôme (livre de Jean Coste « La Drôme »), en 1847, le traitement fixe d’un instituteur (mot nouveau) était de 300 francs par an ; mais à cette rémunération s’ajoutait la « rétribution scolaire » qu’acquittaient les parents des élèves non indigents dont la liste était établie par la commune. Cette rétribution était variable selon les communes et l’enseignement qui devait être donné : lire, écrire, chiffrer (compter).
En 1844 elle était de 1,50 franc par élève et par mois de la 1ère classe ; 1,25 franc pour les élèves de la 2ème classe.
En 1847, 3 francs par mois par élève de la 1ère classe, 1,75 franc par élève de la 2ème classe ; 1 franc par élève de la 3ème classe.
Le chauffage et l’éclairage étaient fournis par les élèves et toutes les fournitures étaient payantes.
(Un franc de cette époque valant 20 sous soit 100 centimes, le kilogramme de pain valait alors à Séderon 7 sous soit 35 centimes).
La frugalité dans les repas était de règle dans la plupart des ménages : pain de seigle souvent mélangé à de l’orge ou de l’épeautre au 18ème siècle, de froment à la fin du 19ème siècle — lait et fromage — légumes : choux, raves, pois chiches, lentilles, courges, carottes, salades (des champs surtout), ails, oignons, haricots, pommes de terre (à partir de la fin du 18ème siècle) — miel — huile de noix ou de faîne parfois — pommes, poires à demi sauvages, amandes, noix, sorbes et nèfles, prunes.
Il faut cependant ajouter que, parmi les ressources, l’élevage jouait un rôle important : caprins, ovins sans parler du porc familial et de la volaille qui venaient compléter l’alimentation paysanne.
A cause des revenus souvent insuffisants, de nombreux artisans étaient en même temps agriculteurs et les femmes souvent couturières ou lavandières.
Certains agriculteurs, domestiques et « journaliers » émigraient temporairement pour aller travailler dans le bas-pays où les récoltes étaient plus précoces et remontaient à Séderon au moment où les gros travaux exigeaient leur présence (moisson, fenaison...)
Il faut signaler également que le rendement des cultures était peu élevé car on ne pratiquait pas l’assolement et on n’employait pas les engrais artificiels.
Une culture assez rémunératrice disparut à la fin du 19ème siècle : celle de la garance. Cette plante nécessitait pour son développement un terrain facile à ameubler, l’arrachage de ses rhizomes et de ses racines se faisait à l’aide d’une pioche à longues dents, car il fallait creuser le sol jusqu’à près d’un mètre de profondeur. La matière colorante rouge extraite des racines était naguère employée par l’armée pour la teinture des pantalons.
Certaines années (notamment pendant le désastreux hiver 1788-1789) étaient particulièrement redoutables et les récoltes mauvaises à cause de la rigueur du climat ou des catastrophes naturelles.
Il y a lieu de citer au cours des siècles les crues dévastatrices de la Méouge : celles de 1614, de 1618 et plus près de nous celle du 29 septembre 1900.
Les archives du Buis font état, par exemple, d’un « orage dévastateur » le 3 juillet 1821 entre 9 h et 10 h du soir causant des pertes évaluées à 58 241 francs. Il y avait 1 mètre d’eau dans l’église.
Certes, les habitants de notre commune avaient une vie précaire à cause du climat assez rude, de la terre difficile à cultiver et peu productive, des intempéries : gelées, sécheresse, inondations parfois. Cependant, cette population était laborieuse et ouverte à tous les progrès ; mais la modicité des ressources, l’absence d’industries amenèrent, dès la fin du 19e siècle, de nombreux jeunes hommes et jeunes femmes à quitter Séderon pour trouver dans les villes voisines, du sud en particulier, un emploi plus stable. Ils n’en gardèrent pas moins l’amour de leur terre natale et de leur cher village.
Pourquoi, pour ces derniers, très nombreux aujourd’hui, ne citerais-je pas, en guise de conclusion, quelques lignes relevées dans le bulletin n° 9 de l’Association « Les Amis du Buis et des Baronnies » présidée par Monsieur Aimé Buix ?
Mademoiselle Marie-Louise Vert, poète et conteur, dans son livre « Le Pays de la Lavande » nous emmène vers Séderon, dans une ravissante scène pastorale, chez les bergers qui « en mangeant regardent le paysage : en bas, Séderon tassé en troupeau de moutons, la Méouge qui brille au soleil en attendant d’aller s’enfermer dans ses sombres gorges. Et la montagne ! comme elle est belle, dressée contre le ciel d’un bleu net ».
Références
- "Histoire de l’Arrondissement de Nyons" par André Lacroix, ancien archiviste de la Drôme (tome I paru en 1888, tome II paru en 1901, réédité par Chantemerle Editeur à Nyons en 1973 )
- "Un petit village se penche sur son passé" par Maurice Gontard, Professeur à l’Université de Provence.
- "Histoire du Beausset" par Jean Gavot (Editions Jeanne Laffite – Imprimerie A. Robert – Marseille).
- Archives communales et archives départementales
- Essai sur la statistique, l’histoire et les antiquités du département de la Drôme, par Nicolas Delacroix, archiviste.
- Histoire du Comtat Venaissin, par Henri Dubled, Archiviste-Paléographe
- Dictionnaire topographique et historique de la Drôme par Justin Brun-Durand.
- La Drôme (de l’antiquité à nos jours) par Jean Coste.