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L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

Lou Trepoun 21
Chronique de l’entre deux guerres à Séderon
Article mis en ligne le 28 septembre 2013
dernière modification le 13 décembre 2014

par BERNARD Guy

A l’issue du conflit que l’histoire a retenu sous le nom de GRANDE GUERRE, les « Poilus » sont rentrés dans leurs foyers. Près d’un million et demi d’entre eux ne reviendront jamais – comme en témoignent encore les noms gravés dans la pierre des Monuments aux Morts – et le nombre de blessés est plus considérable encore.

Comme tous les villages et villes de France, SEDERON a payé un lourd tribut de 20 hommes à cette hécatombe. Après 4 années de tranchées, les survivants sont meurtris, brisés, anéantis ; pourtant, ils n’auront pas le loisir de savourer les lauriers de ce qui ressemble fort a une victoire à la Pyrrhus.

Ils sont en effet attendus avec impatience car, en leur absence, l’économie du Pays a été assumée par les femmes, les personnes âgées et les jeunes non enrôlés dans les armées ; désormais ils vont reprendre les choses en main et ils le feront d’autant plus volontiers que la fin du cauchemar, la quiétude de la paix retrouvée et le désir d’oublier les mauvais moments décuplent leur énergie.


Les années ont passé...

la vie est redevenue à peu près normale. Chacun s’est efforcé d’effacer de sa mémoire les horribles visions de la guerre. Pour la plupart des survivants les blessures tant physiques que morales se sont peu a peu estompées ; pour d’autres hélas, le sort a été moins favorable... ils s’acheminent vers toute une vie de souffrance, voire même vers une disparition prématurée.

Pourtant cette terrible épreuve n’a pas induit que des effets négatifs ; avec la sérénité retrouvée, tous ces hommes gardent en mémoire leurs pérégrinations à travers le Pays – au gré des mouvements des grandes unités militaires – et plus particulièrement le Nord et l’Est de la France. Ils ont traversé ou fait halte dans des centaines de bourgs et villages ; maintenant qu’ils n’ont plus à se préoccuper à chaque instant de leur propre survie, ils ont tout loisir d’y repenser calmement : les divers équipements de ces agglomérations – encore visibles malgré les destructions de la guerre – permettaient d’imaginer les cadre, mode et style de vie des populations qui y vivaient et constituent maintenant pour eux des termes de comparaison inépuisables, avec leur propre façon de vivre.

De grandes discussions s’engagent et rapidement ils peuvent se rendre compte que leur village vit encore dans des conditions détestables où le manque d’hygiène, de confort et de commodités n’a pas tellement évolué par rapport à ce que connurent leurs pères, comme le souligne Monsieur Maurice GONTARD dans son article « Notre village en 1910 » (bulletin N° 1 du Trepoun).

Dès lors, un grand dessein mûrit dans leur esprit : il faut changer tout cela, améliorer les conditions d’existence que la dureté du travail rend de plus en plus insupportables, en s’inspirant de ce qu’ils ont pu observer de positif ailleurs.

Pour y parvenir, un seul moyen : conquérir la Mairie à l’occasion du renouvellement des conseils municipaux de 1925.

Un petit groupe d’entre eux n’hésite pas à franchir le Rubicon et le 3 Mai 1925, ils forment le nouveau conseil Municipal – après avoir été largement suivis par la population remplaçant ainsi une équipe vieillissante, qui n’avait pas su prendre en compte la modification des mentalités, conséquence parmi bien d’autres, de la première guerre mondiale.


Plus d’une décennie s’est maintenant écoulée.

Il y a un peu plus de 2 ans – pour la troisième fois consécutive – les Séderonnais ont renouvelé leur confiance à l’équipe novice de 1925. Il est vrai que durant toutes ces années elle est passée de la réflexion à l’acte, accomplissant un travail considérable, pour le plus grand bien de la population.

Mais qui sont-ils donc ces hommes qui ont su prendre en main le destin de leur village ? Les citer ne risquera pas d’attenter à leur modestie, d’autant qu’aujourd’hui ils ne sont plus parmi nous tandis que leur oeuvre demeure.

Faisons donc leur connaissance ; ils s’appelaient :

Gustave CHAUVET – Léon PELLOUX – Paul GLEIZE – Augustin ROMAN – Henri SIGNORET – Elie BOUILLET – Emmanuel PELLAT – Paul ROUX – Louis MOULLET – Gabriel ESTELLON – Louis REYMOND – Sully BERNARD.

Enfants du pays, ce sont des hommes simples, presque tous natifs du siècle dernier. Après le Certificat d’Etudes Primaires, ils ne sont pas allés « Aux Ecoles » comme on disait alors ; l’enseignement dont ils avaient bénéficié à l’école communale étant suffisant pour leur permettre de gérer leurs affaires et de communiquer par voie épistolaire car à l’époque on écrivait beaucoup et souvent de bien belle manière.

Aujourd’hui les parents souhaitent que leur progéniture poursuive des études dont le premier objectif, le baccalauréat, est obtenu quelquefois après un cycle secondaire laborieux... Munis de ce viatique les jeunes peuvent accéder au niveau Universitaire ou des Grandes Ecoles dont le « cursus » long et difficile, laisse souvent plus de désillusion et d’amertume que de satisfaction. Comme dans de nombreux domaines « il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. »

Mais en ce temps là on considère que la possession d’un métier ou l’établissement dans le secteur commercial ou agricole constitue le meilleur gage d’avenir ; voila pourquoi nos pères, après l’école primaire et un apprentissage de plusieurs années – suivi d’un placement à l’extérieur pour parfaire leurs connaissances – devenaient ouvrier d’abord avant d’endosser le statut de maître artisan ; d’autres perpétuaient la tradition familiale en s’initiant sous la houlette paternelle, aux arcanes du commerce ou à la conduite d’une exploitation agricole.

Ces Hommes ont aussi un point commun : un solide bon sens, qui en fait des chefs de famille et des professionnels dont les qualités sont unanimement reconnues. C’est sans doute la raison pour laquelle leurs concitoyens n’ont pas hésité à leur confier un nouveau mandat municipal.

Leurs convictions politiques et religieuses ne sont pas forcément identiques ; ils représentent un éventail de ce que la sémantique politico-électorale désigne sous les vocables de « Gauche » et « Droite ». Ces différences ne constituent nullement un handicap mais bien au contraire apportent un plus lors de l’examen des problèmes dont la solution – sortie d’un creuset où toutes les opinions se sont fondues – génère des décisions dynamiques et originales.

Par ailleurs leur désir d’oeuvrer pour l’intérêt général ainsi que le respect et l’estime qu’il se portent mutuellement ne peut que faciliter les discussions.


Dans cette seconde moitié des années 30,

il est possible d’habiter un petit chef-lieu de canton de montagne, pas très facile d’accès – surtout pendant la mauvaise saison – tout en restant au contact du monde extérieur.

Quotidiennement des services d’autobus partent vers BUIS LES BARONNIES, LARAGNE, SISTERON, SAULT et plus tard CARPENTRAS, permettant à la population de circuler dans de bonnes conditions, pour ses affaires et son plaisir ; ces transports en commun sont d’autant plus appréciés que les automobiles, bien rares encore dans le village, ne sont pas utilisées comme des moyens de transport individuel.

L’accès aux médias n’est pas non plus très développé. Pas de télévision bien sur, pas plus que de transistors ; seules existent quelques installations de T.S.F.(télégraphie sans fil) qui, pour fonctionner, nécessitent de lourdes et encombrantes batteries.

Par contre les journaux constituent le support de nouvelles le plus répandu ; ce sont des quotidiens régionaux représentatifs des divers courants de la pensée politique ; ils sont diffusés dans nos campagnes sous forme d’abonnement, en fonction des sensibilités de chacun. Comme l’abonnement « coûte des sous », il est en général contracté conjointement par plusieurs familles, ce qui facilite l’accès aux nouvelles qui bien entendu sont « fraîches » d’au moins 2 ou 3 jours ; mais cela n’empêche pas qu’elles soient abondamment commentées dans les cafés du village, devant un « canon » de vin ou un pastis.

C’est ainsi que comme tous les Français, les Séderonnais ont suivi – il n’y a pas très longtemps encore – les péripéties de l’affaire STAVISKY, énorme scandale financier qui éclaboussa les milieux politiques, entraîna l’inculpation de plusieurs personnalités et trouva son épilogue dans la mort suspecte de l’escroc début 1934 ; nul ne saura jamais s’il a voulu échapper à la justice des hommes ou si sa disparition évitait que d’importants personnages soient à leur tour compromis... Exploitée politiquement par des manifestations de rue et une violente campagne de presse antiparlementaire, le scandale provoqua la chute du Ministère CHAUTEMPS et d’aucuns prétendent qu’il joua un rôle important dans l’émeute du 6 Février 1934.

La vie politique du Pays est dominée par le violent antagonisme DROITE-GAUCHE dont les leaders les plus représentatifs sont : le colonel DE LA ROQUE, président des « croix de Feu » puis du P.S.F. (parti social français) – destiné à rassembler les classes moyennes hostiles au Marxisme – et Léon BLUM, chef de file des socialistes de la S.F.I.O. (section française de l’internationale ouvrière). Ce dernier parvient à rassembler les forces de gauche – regroupant socialistes, communistes et radicaux – grâce à la prise de conscience d’un danger fasciste en France et la crainte suscitée par les exemples italien et allemand.

De ce rassemblement naît en 1935, LE FRONT POPULAIRE qui remporte un important succès aux élections de Mai 1936 ; en Juin Léon BLUM constitue – avec les socialistes et les radicaux – un Cabinet auquel les communistes apportent leur soutien.

Le nouveau gouvernement organise avec les représentants patronaux et les forces syndicales des rencontres qui aboutiront aux accords de MATIGNON préconisant en particulier :

  • Le relèvement des salaires.
  • La reconnaissance syndicale et la mise en place de Délégués ouvriers.
  • La conclusion de conventions collectives, supprimant des contrats de travail, des clauses souvent « Léonines ».

Par ailleurs des lois instituent également la semaine de 40 H et les congés payés.

Le cabinet BLUM se heurte cependant à de graves difficultés économiques et financières, à la persistance des troubles sociaux à l’agitation de l’extrême droite (complot de la Cagoule). De plus les discussions au sein de la gauche sur les problèmes extérieurs (guerre d’Espagne notamment) entraînent la démission du gouvernement en Juin 1937.

Le Front Populaire se disloque alors progressivement mais son animateur, avec son « look » très l9ème siècle -- grosse moustache et lorgnons à monture d’acier -- restera pour la postérité l’artisan de l’amélioration de la condition sociale, le père des congés payés et un grand visionnaire de l’évolution de la société contemporaine.

Si à cette époque la vie politique intérieure est parfois mouvementée, à l’étranger elle n’est pas plus paisible.

L’Amérique traumatisée par la spectaculaire crise économique de 1929 -- qui a fait resurgir le spectre de la misère -- a été bouleversée dans ses fondements ; l’arrivée à la Présidence de F. D. ROOSEVELT en 1933 et les propositions qu’il apporte pour la solution de la crise -- dans son NEW DEAL (nouvelle donne) -- permettront à cette grande démocratie de réduire peu à peu cette fracture sociale.

Plus près de nous le mouvement fasciste a supprimé la démocratie en Italie ; il n’inspire pas encore de grandes craintes, malgré les rodomontades mégalomaniaques du « Duce » Benito MUSSOLINI et une aventure coloniale peu glorieuse contre l’Ethiopie en 1935.

En revanche, outre-Rhin, HITLER – et son parti Nazi appelé à la chancellerie en 1933 le plus légalement du monde – évince peu à peu la république de Weimar et instaure dans le pays un national-socialisme exacerbé, virulent et provocateur qui s’érigera bientôt en dictature cynique et sanglante. I1 n’y a pas encore de bruit de bottes mais les gesticulations oratoires du « Führer » qui ne cache pas ses visées expansionnistes, inquiètent l’Europe entière et préparent déjà « l’Anchluss » sur l’Autriche, l’annexion de la Tchécoslovaquie et la pseudo conférence sur la paix de MUNICH.

Si la politique est en général l’apanage des hommes – et son lieu de prédilection, les cafés du village – il est un domaine plus souriant et agréable sur lequel la gent féminine a la haute main. Il s’agit de l’actualité de la chanson et des variétés qui a connu un développement important durant les années 20 et reste dans toutes les mémoires sous de nom d’« Années Folles ».

Les vecteurs de cette actualité sont, nous l’avons vu, la T.S.F. qui commence à se simplifier et à se répandre, le cinéma dont une séance a lieu chaque semaine dans la salle de la Mairie et surtout le phonographe ; avec un système mécanique à ressort – simple et robuste – cet ancêtre des électrophones et autres chaînes Hi-fi, permet d’écouter les derniers succès, pressés sur disques 78 tours.

Les nouvelles chansons ne font pas encore l’objet – comme aujourd’hui – d’un matraquage radiophonique destiné à fabriquer des « tubes », mais il y a déjà des vedettes.

Tino ROSSI d’abord, « crooner » à la française, qui fait se pâmer les jeunes femmes ainsi que les moins jeunes ! Parmi des dizaines de chansons, les grands succès comme – MARINELLA ou CATARINETTA – font fureur et sont sur toutes les lèvres.

Nul ne sait encore que cette voix de velours, enchantera ou exaspérera la France entière pendant plus d’un demi-siècle...

Les jeunes sont davantage attirés par un tout nouvel Auteur, compositeur, chanteur : Charles TRENET dont le style préfigure les rythmes futurs et lui font donner le surnom de « Fou chantant ». Des chansons à succès comme : Y A DE LA JOIE ; DOUCE FRANCE ; LA ROMANCE DE PARIS, ont un retentissement populaire considérable.

Plus tard, il produira des chefs-d’œuvre tels que : LA MER ; L’AME DES POETES, pour couronner une carrière exceptionnelle qui se poursuit encore de nos jours.

Dans le monde du music-hall, les hommes ne détiennent pas l’exclusivité, les femmes aussi se distinguent ; parmi elles deux noms émergent du lot :

  • Joséphine BAKER, l’héroïne de la « Revue Nègre », vedette des Folies Bergères, du Casino de Paris et interprète inoubliable de la chanson : J’AI DEUX AMOURS.
  • MISTINGUETT également, reine du music-hall animatrice de revues et interprète de chansons fétiches telles que : ÇA C’EST PARIS ; MON HOMME ; C’EST VRAI ; J’EN AI MARRE.

C’est ainsi qu’à SEDERON en ce temps là – où le petit écran n’avait pas encore colonisé les foyers – il était possible de passer agréablement le temps, quel que soit son domaine de prédilection.


L’équipe Municipale mise en place en 1925 était animée d’une grande détermination pour l’amélioration des conditions d’existence des habitants du village.

Dans le plan dressé à cet effet figurent en priorité la mise en place d’un réseau de distribution d’eau potable et la réalisation d’un égout collecteur des eaux usées.

Jusqu’en 1910 l’alimentation du village se faisait grâce à deux points d’eau : une pompe sur la place actuelle de la Poste et une petite fontaine, place de la Gendarmerie. Ces moyens s’avérant insuffisants, en 1910 le conseil municipal avait décidé de capter une source, au quartier de LA GOURRE, pour alimenter 3 fontaines : 2 sur les emplacements existants et une troisième à la Bourgade ainsi que 2 lavoirs publics (voir bulletin N° 1 Le Trepoun).

Mais ce progrès de 1910, impliquait néanmoins la contrainte d’aller chercher à la fontaine -- par tous les temps -- l’eau nécessaire aux besoins domestiques, ce qui une quinzaine d’années plus tard devenait une contrainte intolérable. L’implantation d’un réseau de distribution comportant le renforcement du captage des Lesbrières, l’édification d’un château d’eau sur un point haut du village, à la Rosière, et le branchement de chaque maison du village fut menée à bien dans les meilleurs délais, compte tenu des aspects financiers de l’opération.

Ainsi chaque foyer pouvait désormais disposer de l’eau à « la pile » et d’un robinet à l’étable, apportant aux habitants un bien être et un allégement du travail appréciables.

La mise en place d’un réseau de distribution d’eau suppose l’existence d’un système d’évacuation des effluents. Par ailleurs les nombreuses étables du village ont un écoulement direct dans les rues ; même si les tas de fumier et d’immondices – qui existaient en 1910 – ont disparu, l’insalubrité est permanente, les odeurs nauséabondes insupportables ; enfin les pluies transforment les rues en torrents et si les eaux de ruissellement ont le mérite d’opérer un nettoyage bienvenu, leur évacuation par gravité laisse subsister d’importantes flaques d’eau – sortes de cloaques – qu’il faut enjamber pour ne pas souiller chaussures et vêtements.

Pour pallier cette situation fort désagréable, une seule solution : la mise en place d’un collecteur des eaux usées et pluviales traversant – dans un premier temps – le village par la grande Rue, du sud au nord, pour être restituées dans la Méouge sous le pont devant l’église.

Solution imparfaite sans doute, puisqu’il n’était pas question d’épuration et d’assainissement des eaux rejetées, mais il faut considérer qu’a l’époque :

  • Le volume des effluents, encore limité, est facilement évacué et filtré par le débit de la Méouge, au moins 11 mois sur 12.
  • L’emploi massif des détergents n’existe pas.
  • La plupart des rejets est d’origine organique, donc biodégradable.

Cette argumentation apparaît convaincante puisque c’est seulement quelques 65 ans plus tard que les édiles se préoccuperont du traitement des eaux usées.

Mais l’aspect positif de l’opération est évident ; l’égout et la mise en place concomitante des trottoirs, transforme radicalement l’artère principale du village qui prend la structure que nous lui connaissons aujourd’hui.

Après ces mesures de première urgence, menées dans des conditions et délais compatibles avec les finances communales et le souci d’une pression fiscale en adéquation avec les possibilités de la population, un grand projet restait a réaliser.

En effet depuis le début du siècle, tous les conseils municipaux, notamment ceux présidés par Lucien BERTRAND, ancien notaire, et le Docteur PAYRE-FICOT, souhaitaient réaliser une école.

Comme le relate Monsieur René DELHOMME dans une étude faite en 1993 dans « L’ECOLE A SEDERON ET DANS LE CANTON DU 17eme SIECLE A NOS JOURS », Monsieur RAYNAUD-LACROZE avait fait édifier en 1902, à ses frais, une vaste maison (le futur Patronage) destinée à l’installation d’une école primaire et d’une école maternelle privées, tenues par la congrégation des Sœurs de la Providence à GAP.

Cependant, au lendemain de la Loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’Etat, le problème de l’école laïque est relancé par le conseil Municipal élu en 1908, comportant 10 radicaux sur 12 membres.

Dès lors, juste avant le début des hostilités en 1914, le conseil Municipal souligne l’urgence de la construction d’un groupe scolaire, qui bien évidemment, restera en sommeil quelques années...

Finalement, le 24 Février 1928, le Maire dépose sur le bureau de l’Assemblée communale, les nouveaux plans de construction d’un groupe scolaire d’un coût de 299.350 Francs financé comme suit :

  • Subvention de l’Etat 233 600 F
  • Emprunt remboursable en 30 ans 65 750 F

L’adjudication des travaux intervient le 17 Novembre 1929 mais après la défaillance de l’entreprise initialement désignée, les travaux réalisés par l’entreprise GIANOGLIO, sous la surveillance de Monsieur POUJOULAT ingénieur du Service Vicinal à SEDERON, se terminent en 1933.

SEDERON possède enfin un groupe scolaire, digne d’un chef Lieu de Canton. Aujourd’hui encore, après plus de 60 années de bons et loyaux services et quelques travaux de rénovation, le bâtiment qui a connu la scolarisation de tant de jeunes Séderonnais, reste encore une école intercommunale très présentable.

C’est a peu prés à cette époque que se produisirent deux catastrophes :

La première affecte la ferme SIGNORET à Lioron, qu’un intempestif glissement de terrain entraîne lentement mais inexorablement vers la vallée ; il n’y aura pas de pertes humaines et le bétail sera sauvé, mais la ferme évacuée, se disloque sous la gigantesque emprise des forces de la nature. Ce drame donne lieu à un bel élan de solidarité dans le village, mais pour les propriétaires les pertes sont considérables, ce qui ne les empêchera pas de reconstruire – à proximité – une nouvelle et belle maison, toujours debout.

La seconde a des conséquences beaucoup plus graves. En pleine nuit – à la suite de pluies diluviennes – une énorme masse de rocher, se détache de la face verticale du Crapon et dévale telle une avalanche, écrasant sur son passage la ferme CHAUVET sur le chemin de Bais. Surprise dans son sommeil, la jeune fille de la maison – coincée par un gros rocher – ne pourra être sauvée.

De nos jours, les vestiges de la ferme ont été rasés par mesure de sécurité, mais les énormes blocs de rocher sont toujours là, impressionnants, pour témoigner de ce drame.

Cette dernière catastrophe, provoque une vive émotion parmi la population, notamment chez les habitants de la Bourgade, dont le quartier est dominé par la face verticale de la Tour. Pour apaiser ces craintes la municipalité fait opérer une série de sondages de la masse rocheuse et en définitive, par mesure de précaution l’entreprise Maurice GUILLINY réalisera – véritable travail d’Hercule – un impressionnant mur de soutènement, devenu depuis familier aux Séderonnais ; les témoins de ciment mis en place pour observer d’éventuels mouvements de la masse rocheuse, n’ont jamais bougé depuis 1933... témoignant ainsi de la solidité de l’ouvrage.

Après la mise en chantier du groupe scolaire, afin que les « chères têtes blondes » soient confortablement installées dans de belles classes, un autre projet commençait à polariser les énergies. Il s’agissait ni plus ni moins de demander à la Fée électricité, de toucher d’un coup de baguette magique, ce petit village de montagne.

On imagine facilement les discussions passionnées provoquées par ce nouveau dessein ; pour les uns c’est pure folie : depuis la fin de la guerre la lampe à pétrole s’est répandue partout et suffit à éclairer la pièce de séjour, quant aux chambres le temps de se dévêtir ne nécessite pas autre chose qu’une bougie ; d’autres estiment indispensable le confort et les commodités apportés par l’électricité et considèrent qu’il faut vivre avec son temps.

Dans la région – hormis l’expérience tentée à petite échelle par un génial inventeur – peu de villages sont encore électrifiés. La configuration du terrain et les ressources hydrauliques locales se prêtent mal à l’utilisation de ce que l’on commence à appeler la « Houille blanche » ; aussi le Conseil Municipal entreprend-t-il des études de coût et de réalisation dans laquelle l’énergie électrique serait produite par un moteur Diesel, entraînant une dynamo suffisamment dimensionnée pour couvrir les besoins potentiels.

C’est ainsi que fût passée avec l’Entreprise DUVERNOY de DIGNE, une convention par laquelle un énorme moteur Diesel – et son volant d’inertie de 2 mètres de diamètre, d’un poids de 800 Kg, fût installé dans un local attenant à la maison BERNARD ; appelé « l’usine » ce local – relié aux maisons du village par un réseau de distribution en fil de cuivre – s’animait chaque soir au crépuscule pour stopper vers minuit, apportant à la vie nocturne une nouvelle dimension.

Dès lors la famille BERNARD s’endormit chaque soir avec un ronronnement sourd qui faisait frémir les lits et perdit le sommeil pendant plusieurs jours. Quelques années plus tard ce bruit familier cessa définitivement après le raccordement de SEDERON au réseau de l’usine électrique BOURG & AUDIBERT à RIBIERS.

Parallèlement à cette politique de grands travaux, les petits détails ne sont pas pour autant négligés :

  • Aménagement de la Mairie avec salle des fêtes en R.D.C. et à l’étage salle du conseil municipal à laquelle on accède par un double escalier.
  • Installation de W.C. publics.
  • Eclairage public.
  • Installation de 2 passerelles métalliques, pour permettre à la population de passer – en évitant les bains de pieds intempestifs – de la rive gauche, zone d’habitation, à la rive droite, zone de jardins potagers, à l’époque...
  • Goudronnage des rues et entretien par un cantonnier communal.
  • Entretien des chemins communaux, par le biais d’un vieil impôt tombé aujourd’hui en désuétude, qui voulait que chaque homme valide ou bête de trait s’acquitte envers la commune de 3 journées de « prestations en nature ».

C’est aussi à cette époque que s’instaure, sous l’égide de l’école publique et de la Mairie, les premières mesures de ce qui deviendra l’éducation sanitaire et sociale, en matière d’hygiène corporelle et bucco-dentaire, dispensée auprès des enfants scolarisés.

Certes, les équipements sanitaires privés, W.C. et douches, se comptent encore sur les doigts d’une seule main dans le village où c’est toujours le règne du pot de chambre et de la tinette ; mais l’hygiène individuelle et collective a fait d’énorme progrès par rapport à la situation de 1910, rapportée par Monsieur GONTARD.

Enfin pour lutter efficacement contre le fléau de l’époque, la tuberculose, la vaccination massive des enfants -- par le B.C.G -- est organisée avec les pouvoirs publics.

Pari gagné donc, pour cette poignée d’hommes qui n’étaient pas « allés aux écoles ». Contre vents et marées ils ont relevé un défi paraissant quelque peu utopique, une douzaine d’années plus tôt. Pour ce faire ils n’ont ménagé ni leur temps ni leur peine, mais le résultat est à la mesure des espérances puisque grâce à leur détermination notre village, bien avant d’autres, EST ENTRE DANS LA MODERNITE.

A ce titre, ils ont bien mérité notre gratitude ; d’autant plus que – rajeunie au fil des ans – l’équipe municipale ne s’arrête pas en si bon chemin. Pendant une bonne vingtaine d’années encore, elle procédera à des réalisations dont l’utilité est toujours d’actualité.

Sa mission accomplie, elle aura alors la sagesse de se retirer invaincue, laissant à de plus jeunes le soin d’œuvrer pour le plus grand bien de la collectivité.


Si la population Séderonnaise est à même de se rendre compte quotidiennement des progrès réalisés, il est un lieu où ce grand remue ménage n’est pas passé inaperçu ; il s’agit de la Préfecture de VALENCE -- perdue dans les brumes du Nord -- à quelques 150 Km de notre midi ensoleillé.

En ce temps là, où la loi de décentralisation – qui ne fleurira dans les esprits politiques parisiens qu’un demi-siècle plus tard – n’est qu’un lointain mirage, le Préfet du Département est un personnage considérable ; non seulement il est le représentant local de l’Etat, mais aussi le chef incontesté de l’exécutif du Département et le tuteur des collectivités locales et notamment des communes.

Tout ce qui s’est fait a SEDERON depuis 1925 est donc passé, à priori, par les méandres de la bureaucratie Valentinoise qui a pesé le bien fondé de chaque opération et surtout la compatibilité de son financement avec les moyens communaux, avant de donner l’autorisation d’exécution.

Les services préfectoraux sont si étonnés de constater une telle effervescence – qui plus est, parfaitement cohérente – dans un chef lieu de canton d’importance secondaire, perdu dans les montagnes des hautes Baronnies, que le dernier Préfet en poste à VALENCE – intrigué par autant de persévérance, ou simplement soucieux de connaître toutes les facettes de son territoire – décide de se rendre sur place !

Par le truchement de la Sous-préfecture de NYONS une date est arrêtée pour la fin du printemps, juste avant la canicule estivale du Midi qui pourrait incommoder ce haut fonctionnaire ; mais à SEDERON, on ne s’émeut pas pour autant et même si la visite d’un Préfet n’est pas un fait coutumier, il sera reçu comme il se doit, en toute simplicité mais selon la tradition républicaine.

TEL EST PRIS QUI CROYAIT PRENDRE

Juché sur le siège de sa « jardinière » -- qu’une jument tire allègrement -- un brave paysan se rend au chef lieu de canton pour régler quelques affaires et faire des emplettes. A cette occasion il a revêtu son costume de velours côtelé sombre et coiffé un feutre noir à larges bords.

Dans une circulation très fluide -- où les équipages hippomobiles, supplantent toujours les chevaux-vapeur -- la jument trottine doucement, tandis que son cocher somnole presque, perdu dans ses pensées. Il considère en effet que le travail de la terre est bien dur et parfois ingrat ; comme le lui disait son père, naguère, il a pu se rendre compte que dans l’exploitation d’une ferme de montagne les caprices de la nature font que l’on peut observer de façon cyclique :

  • Une année moyenne qui permet de pallier les besoins.
  • Une bonne année où l’on peut « engranger » des surplus.
  • Une mauvaise année ou la subsistance fait appel aux « bonis » précédents.

Mais il n’est pas du genre à gémir et dans le fond, pas si mécontent de son sort ; il est vrai qu’avec sa femme et ses enfants, les bras ne manquent pas à la maison et personne ne rechigne à l’ouvrage. Toutefois avec les gros travaux de l’été : les foins, la moisson, la lavande -- dont la culture commence à se répandre -- il faut envisager d’embaucher quelques « journaliers », car durant cette période les bêtes, troupeau, vaches, chevaux, continuent à réclamer aussi des soins.

Il est donc nécessaire de nourrir tout ce monde et n’oublions pas que lorsqu’un dur labeur est demandé, la table doit être à la hauteur de ces exigences. Bien sûr en tuant chaque année 2 gros cochons, jambons et saucissons ne font pas défaut ; de même le poulailler et le clapier fourniront de la bonne viande mais les produits d’épicerie sont aussi nécessaires : café, sucre, pâtes, sel, etc… sans oublier un petit tonneau de vin ; c’est un peu pour cela qu’il se rend aujourd’hui au chef lieu.

Tout en soliloquant, le brave homme ne s’est pas rendu compte qu’il arrivait au carrefour du « Quatre » où la voix impérative d’un gendarme le tire de sa torpeur : Halte ! Un peu surpris il obtempère et répond aux questions : -- D’où venez vous ? -- Ou allez vous ? -- Que transportez vous ? Finalement il est autorisé à poursuivre sa route, se demandant la raison de cette attitude inhabituelle... Arrivant à l’Essaillon, un début de réponse lui est donné : des banderoles avec petits drapeaux sont suspendus au dessus de la route jusqu’au pont devant l’église ; bizarre pense-t-il, la fête votive de SEDERON a lieu d’ordinaire début Juillet !!! Néanmoins, il arrive sur la place, attache la jument à l’ombre d’un platane et lui sert son picotin dans un sac de toile retenu à l’encolure par une courroie. Puis il se dirige vers la grande Rue.


En ce début d’après-midi, adossés à la rambarde du pont, quelques badauds sont en pleine conversation ;

notre brave homme s’approche pour s’enquérir de toute cette agitation et immédiatement un petit groupe se rend compte du parti qu’il peut tirer de sa candeur. Il s’agit de joyeux lurons comme il en existe dans toutes les communautés, mais ceux-ci sont bien particuliers ; s’estimant des esprits forts, ils excellent dans l’art de faire des farces, surtout lorsqu’elles relèvent d’un goût douteux, se font au détriment d’autrui en général et de gens simples en particulier...

Aussi l’un d’eux s’avance l’air suffisant et répond à la question posée à la cantonade :

-- Mon brave c’est la visite du Préfet qui provoque tout ce remue ménage.

-- Le Préfet ? Mais sacré nom de nom, qu’est-ce qu’il peut bien venir faire par chez nous, si loin de VALENCE.

C’est là que l’affaire prend tournure, il ne reste plus qu’à ferrer le poisson.

-- Eh bien... il vient faire le recensement de ceux dont les troupeaux ont été touchés par la fièvre de malte, lors de l’épidémie de l’an passé.

-- La fièvre de malte ? Mais bon sang elle a tué pas mal de bêtes chez nous.

-- Alors c’est le moment d’aller lui demander réparation.

-- Mais vous êtes sûr de ce que vous dites là ?

Voici le moment de porter l’estocade.

-- Si je suis sûr... vous pensez, je suis le secrétaire du Préfet ; actuellement il assiste au banquet à l’hôtel BONNEFOY, mais dès qu’il sortira vous pourrez y aller de ma part...

Subjugué mais bien décidé à défendre ses droits, le paysan se rend dans le village faire ses emplettes.

La visite de Monsieur le Préfet s’est déroulée sous les meilleurs auspices ; entouré des chefs de Service de la Préfecture, il a pu s’entretenir avec les maires du canton des problèmes auxquels ils sont confrontés et, à voir la mine réjouie des intéressés, les résultats obtenus ne sont pas négligeables.

Après une réunion de travail à la mairie, la visite du groupe scolaire et du village, le cortège préfectoral se rend au traditionnel banquet Républicain.

Puis -- après l’allocation de bienvenue du Maire -- dans un discours d’une grande sobriété mais d’une haute tenue, le Préfet exprime sa satisfaction et rend un hommage appuyé à SEDERON et à sa municipalité pour l’œuvre accomplie, dans des conditions parfois difficiles.

Les parlementaires ainsi que les élus départementaux ne manquent pas une si belle occasion de se rappeler au bon souvenir de leurs électeurs potentiels ; un peu de clientélisme n’est jamais superflu face à un électorat souvent versatile...

Le repas était succulent, les vins dignes d’éloges mais après plus de 2 heures passées à table, chacun éprouve le besoin de s’aérer en faisant quelques pas ; par petits groupes les convives se dirigent vers la sortie et se répandent dans la rue tout en devisant.

Accompagné de son « Staff » et de personnalités politiques du Département, Monsieur le Préfet visiblement satisfait de son séjour dans les montagnes de la Drôme du sud, échange quelques banalités.

C’est à ce moment-là que notre paysan s’avance -- chapeau à la main -- vers le haut fonctionnaire pour lui exposer très respectueusement ses doléances. Interloqué par l’objet de la requête, le Préfet lui répond néanmoins courtoisement, qu’il a dû être mal renseigné, mais son interlocuteur insiste lui faisant observer que l’information vient de son propre secrétaire qu’il désigne de la main ; le pseudo-secrétaire commence à se trouver mal à l’aise et réalise qu’il a joué imprudemment à l’apprenti-sorcier en « poussant le bouchon un peu loin ».

Cette situation tragi-comique a jeté un froid et les témoins se regardent, consternés et interdits ; le Préfet quant à lui évalue promptement l’événement et se tournant vers un officier de Gendarmerie, ordonne péremptoire :

-- Saisissez cet individu, pour usurpation de fonction officielle et outrage public au représentant de l’Etat.

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le brillant facétieux se retrouve étroitement menotté tel un bandit de grand chemin, entre deux gendarmes.

Le Maire -- qui s’était attardé pour régler avec l’hôtelier un problème d’intendance -- rejoint le groupe préfectoral et devant la mine déconfite de chacun, s’enquiert de la situation ; mis au courant il imagine les conséquences de l’événement, tant pour la réputation de la commune, hôte du Préfet que pour ce gros malin qui s’est mis dans de « beaux draps » et risque maintenant de se retrouver devant le tribunal correctionnel ; il lui appartient donc de dédramatiser les choses et de ramener la sanction à de plus justes proportions ; il s’adresse donc en ces termes au détenteur de la puissance publique :

-- Monsieur le Préfet, je suis confus de l’incident provoqué par l’un de mes administrés et je vous prie d’accepter mes excuses ; je pense néanmoins que vous limiterez la portée de ce fâcheux événement lorsque vous saurez que son auteur ne dispose pas de toutes ses facultés et n’est pas de ce fait responsable de ses actes ; cependant il n’est pas dangereux et jusqu’ici il n’avait jamais troublé l’ordre public. En un mot : C’est l’idiot du village.

En entendant ces explications le visage du Préfet s’est détendu, satisfait de la tournure des choses, et en guise de conclusion il précise :

-- C’est moi qui suis confus, Monsieur le Maire, car ma réaction a été un peu vive mais s’agissant d’un innocent, il est évident que l’incident est clos.

D’un geste il fait signe aux gendarmes de libérer notre plaisantin de service qui a beaucoup perdu de sa superbe.

A l’instar du corbeau de LA FONTAINE, ce dernier jura mais un peu tard qu’on ne l’y prendrait plus.

Pour échapper à la risée populaire, il s’empressa de rejoindre son domicile, où son épouse, déjà mise au courant par la rumeur, lui dit aussi son fait, sans user d’euphémismes...

Il ne lui restait plus qu’à méditer, tout penaud, sur cette belle pensée,

TEL EST PRIS QUI CROYAIT PRENDRE.

La leçon lui sera-t-elle profitable ? Rien n’est moins sur car, hormis son outrecuidance ce genre d’individu est également incorrigible ; au moins refrènera-t-elle ses ardeurs pendant un certain temps.

La grosse limousine noire de Monsieur le Préfet vient de disparaître derrière l’Essaillon. Il n’est pas du tout mécontent de cette journée qui tranche sur la routine quotidienne parmi les courtisans habituels.

Pour les parlementaires, ce fut l’occasion de garder le contact avec les électeurs, ce qui est toujours une sage précaution.

Les Maires du canton rentrent chez eux, satisfaits d’avoir pu exposer leurs problèmes au tout puissant chef de l’exécutif départemental.

Peut être un peu désabusé, le paysan, ses emplettes faites rejoint également sa « grange ». A SEDERON les « lampions sont maintenant éteints » ; qui peut savoir quand aura lieu la prochaine visite d’un Préfet de la Drôme ?...

Mais, tout de même, ce fut une belle journée.

Guy BERNARD