André SEURRE, peintre-verrier
André Seurre était natif de Besançon. Il avait été élève de l’Ecole des Beaux-Arts (École Nationale Supérieure ou école de Besançon ? il y a un doute). Mais son premier métier fut représentant de commerce, et c’est à l’occasion de ses tournées professionnelles qu’il découvrit notre région. L’artisanat d’art restait sa passion. Ayant réussi à être embauché par l’entreprise Thomas de Valence, il s’initia aux métiers du vitrail dans l’atelier du maître et travailla de nombreuses années avec lui. C’est à la fin de cette période que se situe le chantier de Séderon. Seurre a alors 45 ans et a atteint sa maturité créatrice. D’ailleurs, immédiatement après Séderon, il réalisera les vitraux d’une autre église des Baronnies, celle de Plaisians.
Dès la fin de la Guerre, Seurre va réussir à réaliser son rêve, s’installer à son compte. Il ouvre une boutique à Besançon, 13 rue de la Rotonde.
Très rapidement il acquiert une renommée suffisante pour se voir proposer plusieurs grandes œuvres en qualité de maître-verrier et même pour être consulté à titre d’expert dans des opérations de restauration. Ainsi en 1947, il est chargé par les Musées de France de faire une étude sur la verrerie de La Vieille-Loye (Doubs), et également de retrouver de l’outillage ancien pour le Musée Comtois. C’est aussi le cas pour l’abbaye de Fontfroide (Aude), où il travaille sur des verres datant du Moyen-Age. En contrepartie, son activité de fresquiste semble être en sommeil car je n’ai retrouvé aucune autre œuvre que celle de Séderon.
En 1948, il est choisi pour réaliser les vitraux de l’Hôtel-de-Ville de Saint Denis (dont la cathédrale abritait les sépultures des Rois de France). Voici ce que dit le site officiel de la ville :
André Seurre est le maître verrier qui a remis en état certains des vitraux d’origine de l’hôtel de Ville et qui en a remplacé d’autres par ses créations personnelles, « en verre antique montés en plomb », toujours visibles aujourd’hui.
C’est en 1948 qu’il est choisi pour la réfection des vitraux de l’hôtel de ville par l’architecte communal, qui voit en lui « un artiste sensible ayant su rééditer des méthodes artisanales de cuisson ».
André Seurre, selon l’appréciation qu’il porte sur lui-même, travaille « dans un style moderne, de notre époque, mais qui ne date pas après quelques années ». Il veut, dans le travail de création de vitraux géométriques qui lui sont commandés pour l’hôtel de ville, « éviter la monotonie dans les coupes ».
Durant les nombreux déplacements professionnels qu’il fait à l’hôtel de ville, André Seurre remarque très vite deux oculi (petites baies rondes ou œil de bœuf) dans l’escalier des bureaux. Chaque rosace mesure 1,46 mètre de diamètre. Il fait alors au maire la proposition d’utiliser ces deux oculi pour « raconter une histoire » : celle de la lutte locale contre les taudis. Il veut mettre en avant l’action politique pour le logement social et propose deux vitraux figuratifs et légendés.
Son initiative vise en fait à appliquer à des vitraux « laïcs » la portée des vitraux d’église qui sont des images « saintes » à visée pédagogique et édifiante. Les vitraux des oculi ne seront jamais réalisés mais la proposition, écrite, dessinée et colorée à la gouache, demeure dans les archives de la ville.
Il dessina et fabriqua les vitraux de plusieurs églises dans des villages de l’Est de la France.
Son œuvre majeure reste la Basilique Notre-Dame de l’Espérance, à Charleville Mézières. L’atelier d’André Seurre y réalisa 62 verrières à partir des cartons du peintre René Dürrbach. Cela représente une surface de plus de 1000m2, et le chantier dura de 1961 à 1973.
En 1972 il publia un livre, « la verrerie en Franche-Comté », illustré de ses propres croquis.
Il s’agit d’un ouvrage étudiant toutes les installations de verreries en Franche-Comté au cours des siècles, et montrant l’importance et la richesse de cette industrie dans la région. Sur la couverture du livre, Seurre fait suivre son nom de la mention « Peintre-Verrier ». La terminologie est précise : à la différence d’un maître-verrier, un peintre-verrier ne fabrique pas les verres qu’il utilise. |
Que voilà une belle histoire : ainsi un artiste d’envergure nationale aurait fait ses premières armes à Séderon !
Restait à vérifier qu’il s’agissait bien du même homme, que je n’étais pas victime d’une homonymie. Comparer des signatures faites à 30 ans de distance permettrait-il de se faire une opinion ?
Comme le hasard fait bien les choses, je n’ai pas eu besoin de soumettre les trois signatures à un graphologue : Mme Colette Seurre, sa belle-fille, habite Montbrun-les-Bains !
Mme Seurre m’a précisé certains points du curriculum vitae de son beau-père, décédé en 1977.
L’autoportrait qu’elle m’a permis de photographier n’est-il pas la meilleure conclusion à cette courte biographie ?