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L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

Lou Trepoun 49
Un siècle de cartes postales à Séderon
Article mis en ligne le 19 décembre 2013
dernière modification le 13 décembre 2014

par POGGIO André

J’avais annoncé (c’était il y a longtemps, dans le Trepoun n° 29) mon intention de réaliser un catalogue des cartes postales de Séderon. Quelques années de recherche plus tard, et avec l’aide de tous les collectionneurs, ce catalogue existe. Sans avoir la prétention d’être absolument complet, il donne un reflet fidèle d’un siècle de l’histoire de Séderon.
Un siècle, cela représente beaucoup d’images, beaucoup de pages ; même si, pour d’évidentes questions de droits de reproduction, nous ne pourrons publier dans le bulletin que les cartes tombées dans le domaine public, il était nécessaire de diviser l’histoire.
C’est donc sous forme de feuilleton que nous vous présenterons, bulletin après bulletin et dans un ordre chronologique, chacun des acteurs de cette histoire, qu’ils soient photographes ou éditeurs de cartes postales.

L’histoire de la carte postale à Séderon débute en 1903, mais il faut sans doute commencer par une brève histoire générale pour mieux situer les événements locaux.
La carte postale est une invention autrichienne datant de 1869. A l’origine, c’est un simple carton de format 12 x 8 cm avec une face pour la correspondance, l’autre face étant réservée à l’adresse et à l’affranchissement. Son utilisation fut autorisée en France par une loi du 19 décembre 1872, l’État s’en réservant les monopoles de fabrication et de vente.
En 1877, fin des monopoles : les éditeurs privés vont alors rivaliser d’imagination et les faces « correspondance » se couvrent d’illustrations, de décorations et même de publicités. Logiquement, la mise au point d’une technique de reproduction facile des clichés (la phototypie) permettra à Dominique Piazza d’inventer la carte postale photographique : la première est éditée à Marseille le 4 août 1891.

La carte postale photographique va rencontrer un succès phénoménal : de 1900 à 1914, la production française annuelle passe de 100 à 800 millions d’unités. C’est alors un moyen de communication extrêmement rapide, utilisé pour la correspondance quotidienne comme nous utilisons le téléphone aujourd’hui. C’est également un outil de découverte et de connaissance du monde sans concurrence à l’époque, ce qui explique que les cartes reçues sont très souvent conservées et collectionnées.

Techniquement, la carte postale connaîtra une évolution
Jusqu’en 1903, on parle de « carte en nuage » ainsi nommée parce que la photo est circonscrite dans une vignette avec, tout autour, une zone blanche permettant une courte correspondance.
Le verso reste réservé à l’adresse et au timbre.

« l’Église » carte Chauvet - 1903
© Essaillon

[la verticalité du sujet permet de dégager un maximum d’espace pour l’écriture]

Dès 1904, la réglementation autorise adresse et correspondance sur une même face : le recto peut alors être orné par une photo plein cadre.
A partir de 1920 l’héliogravure remplace la phototypie. Les tirages bistre ou sépia succèdent au noir et blanc, avant de s’agrémenter de cieux d’un bleu toujours pâle. A la fin des années 50, la carte se pare de bords dentelés, puis de couleurs « naturelles ».
Avec Internet arrive maintenant l’âge des cartes virtuelles, imprimables par connexion à un serveur.

Artistiquement, l’évolution est également très nette :
On appelle « âge d’or » la période qui s’étend de 1900 à 1920. Les éditeurs sont alors des photographes locaux ou de petits commerçants (épiciers, débitants de tabac..) qui voient là un produit d’appel à caractère publicitaire pour leur négoce. Très liés aux demandes de leur clientèle de proximité, ils photographient tous les lieux et tous les événements de la vie quotidienne : en 1920, il y a 10 000 éditeurs en France qui produisent environ 800 millions de cartes postales.
Le déclin débute en 192 1. Les petits tirages par phototypie sont devenus très peu rentables. Seule une production de masse, réalisée par héliogravure, va pouvoir faire face. Mais le procédé de l’héliogravure est très inférieur en qualité : il ne permet plus la reproduction précise des détails et entraîne la disparition des cartes animées, c’est-à-dire celles présentant des personnages. Sont alors privilégiées les vues générales, impersonnelles, intemporelles, qui peuvent être tirées en grand nombre, stockées et vendues pendant de longues années sans risque de se démoder. La plupart des petits éditeurs disparaissent au profit de maisons d’édition spécialisées qui passent des contrats avec des revendeurs locaux.

Une renaissance de la carte postale est observée à la fin des années 1950. C’est d’abord un renouveau d’intérêt pour les cartes de l’âge d’or. Les collectionneurs y retrouvent des archives exceptionnelles sur leur passé ou celui de leurs parents. Ce grand courant entraîne le renouveau de la carte postale illustrée contemporaine : n’est-elle pas la carte ancienne de
demain ? La carte moderne bénéficie en outre du perfectionnement des techniques de reproduction des photos et des couleurs.
De nos jours, la tendance des réalisateurs est de privilégier l’exploitation d’images passe-partout.
Pierre Ricou, photographe de Mane, nous fournit un très bel exemple de cette tendance. En 1994, il édita la carte reproduite ci-contre
des branches de poirier couvertes de fleurs blanches se détachent sur une façade ocre rouge.
Il est aisé de reconnaître la maison sur la place du haut de notre village et pourtant vous chercherez en vain le nom de Séderon dans la légende.

« Provence - Décor de printemps »
carte Ricou - 1994
© Essaillon

Ainsi cette carte pouvait être commercialisée en Provence et ailleurs puisqu’elle véhiculait seulement l’image d’un décor appréciable partout et par tous.
Avec Ricou, nous sommes revenus à Séderon. Il est temps de présenter les acteurs de ce « siècle de cartes postales à Séderon ».

L’âge d’or et ses pionniers (1903 - 1920)

  • Frédéric Chauvet (1903 - 1914)
  • Bouillaud (1906 - 1911)
  • Prevot (1908 - 1925)
  • M i ro (1909)
  • Monard (1912)
  • Ponge (1910 - 1912)
  • Jarjayes (1909 - 1915)
  • Camille Jullien (191 1 - 1960) voir Publications de l’Essaillon - juillet 2010

Les années de récession (1920 - 1950)

  • Tardy - Espieu (1927 - 1952)
  • Combler - Gleize (1929 - 1939)
  • anonyme 1 (1938)
  • Joseph Gratecos (1942 - 1947) voir Trepoun n°48 - juin 2010
  • anonyme 2 (1947)

La renaissance (1950 - 1984)

  • CeKo et Fox (1952-1953)
  • Gallet - Bonnefoy (1955)
  • Combier (1955 - 1985)
  • Lapie (1957)
  • Anonyme 3 (1958 - 1962)
  • Abeil (1961)
  • Cellard (1961 - 2000)
  • Les Éditions du Sud Est (1964) et Bellaflor
  • Sofer (1970)
  • Imprimerie Nyonnaise (après 1970)
  • J.C. Mauduit (après 1970)
  • La Cigogne (1978)

La période moderne (1984 - 2000)

  • Pierre Ricou (1984 - 1997)
  • Nouvelles Éditions Provençales - Nep - (1989 - 1999)
  • Tomas Patai (1992)
  • Yves Ducourtioux (1992 - 1997)
  • Pierre-Yves Le Bosser (1994 - 1995)
  • Catherine Larue-Dixon (1998 - 2000)
  • Les Routelles (1999)
  • Flash’cartes (2000)

et le XXe siècle

  • site Internet « La Drôme provençale » (2001)
  • Harrenberg (vers 2000)
  • Matteucci (2005)

Nous avons rendez-vous avec le premier de la liste, Frédéric Chauvet, dès le prochain bulletin.

André POGGIO