Souvenir
Pour nous, Anne-Marie Barras restera toujours la première présidente de l’Essaillon, présidente-fondatrice, comme elle aimait à le rappeler.
C’est ainsi qu’est née, en août 1985, l’Association l’Essaillon dont le but déclaré est : Étudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région. »
Depuis, nous sommes nombreux à œuvrer dans ce sens, vous présentant un éventail très ouvert de conférences, recherches ou découvertes. Nos assemblées et nos bulletins en témoignent, bien qu’au gré de certains nous soyons restés trop discrets sur le plan “médiatique”.
de notre association dans Lou Trepoun n°13, 1992
Pendant 25 ans, elle dirigea, avec la présence et l’aide constante d’Henri, toutes les activités de notre association.
Anne-Marie, Henri, leur disparition à quelques mois d’intervalle ne fait que renforcer notre souvenir qui les associe et souvent les mélange.
Pouvait-on les voir l’un sans l’autre, dans les rues du village, conversant – longuement – avec tous les amis et connaissances rencontrés ?
Peut-on, rétrospectivement, imaginer les nombreuses manifestations qu’ils ont mises sur pied sans les voir travailler ensemble ?
La liste en est longue, certaines ont laissé des souvenirs inoubliables :
- la conférence de Maurice Gontard, Séderon en 1910. Ce fut l’un des événements fondateurs de l’Essaillon : toute la population de Séderon semblait rassemblée pour écouter l’un de ses enfants lui raconter un pan de son histoire.
- la commémoration de la Révolution française en 1989.
- le Trésor de Séderon. Après sa découverte, et toutes les nécessaires actions prises pour le sauvegarder, la conférence d’un conservateur du Musée des Monnaies et Médailles, M. Dhenin. Il avait fallu la tenir dans notre église, seul lieu suffisamment vaste pour accueillir le nombreux public.
- Camille Jullien, photographe de Séderon, exposition en 1992.
- L’école autrefois, en 1993.
- Notre Dame de la Brune qui, pour sauvegarder les soubassements de la vieille chapelle, mobilisa l’énergie d’un grand nombre d’entre nous dès l’été 1987.
Et puis le Trepoun ! Pendant 25 ans aussi, le Trepoun a rendu compte de ces activités, fidèlement. Il a également ouvert ses colonnes à de très nombreuses contributions, qu’ils savaient si bien et si intensément solliciter.
Tous les numéros en sont conservés, et la signature d’Anne-Marie ou celle d’Henri y seront toujours présentes. Leurs sujets de prédilection étaient, bien sûr, Notre Dame de la Brune, sur fond d’histoire du patrimoine religieux, mais aussi l’histoire des seigneurs de Séderon à commencer par Antoine de la Salle.
Vouloir résumer, c’est un peu trahir – il est impossible de tout citer, chacun ajoutera à cette courte récapitulation ses souvenirs personnels.
L’hommage que nous leur rendons est aussi l’occasion de raconter comment Anne-Marie et Henri, qu’aucune racine ne liait à Séderon, tombèrent sous le charme de notre village.
Anne-Marie Rossignol était née à Marignane en juillet 1929, d’un père « aiguilleur du ciel » et d’une mère aixoise. Elle est l’aînée, deux frères rejoindront bientôt la famille. Jeune, elle s’investit dans le scoutisme comme chef guides. Elle passe un bac scientifique, chose rare pour les femmes de l’époque ; elle finance ses études comme maîtresse d’internat à Avignon.
Henri naît en juin 1932 à Nice où il a passé sa petite enfance. Ses parents ont ensuite déménagé à Avignon, où il fait ses études au Lycée Mistral. Après un baccalauréat scientifique, il devient lui aussi maître d’internat pour financer ses études et c’est à ce moment-là qu’il rencontre Anne-Marie.
Ils se sont mariés en février 1957 à Aix, avant de venir s’installer à Marseille lorsque Henri a obtenu un premier poste d’assistant à la faculté des Sciences (Université de Provence). Il y a effectué toute sa carrière, d’abord comme physicien, avant de se consacrer au développement du télé-enseignement en sciences, service dont il est plus tard devenu directeur (à l’époque du minitel, avant l’avènement du courrier électronique, et bien avant la généralisation d’internet).
Il a même reçu les Palmes académiques !
Comment sont-ils arrivés à Séderon ?
L’aventure séderonnaise a commencé pour eux lorsque le frère d’Anne-Marie, René Rossignol, jeune médecin, s’est installé à Séderon à la fin des années 50 : Anne-Marie et Henri sont venus le voir pendant les vacances d’été, ont loué l’été suivant une maison dans le village, puis ont rapidement cherché à y acheter une maison.
Mais à l’époque il n’y avait rien à vendre, et c’est finalement une « lande inculte » qu’ils ont pu acheter au début des années 60 à Mme Astaud, près des cultures de lavande et en bordure de route et de rivière, au Plan.
Le Docteur Rossignol, très aimé dans le village, a quitté Séderon au début des années 70.
Anne-Marie et Henri sont restés, ont continué la construction de la maison, y venant tous les étés avec leurs enfants.
Ils se passionnent pour l’histoire et la vie de Séderon et, dans les années 80, ils lancent avec des amis l’Essaillon, association culturelle dont Anne-Marie restera 25 ans présidente.
Henri, ayant très tôt adopté l’ordinateur, prend tout naturellement en charge l’édition des bulletins du Trepoun.
Toutes ces années seront rythmées par les assemblées générales, l’organisation de conférences et d’expositions au village, la publication des bulletins et accompagnées de belles amitiés.
Le dernier grand projet, mené à son terme avec beaucoup de persévérance, sera la conduite intellectuelle de la restauration du rétable et du tableau de crucifixion qui ornent le chœur de l’église de Séderon…
Merci
Anne-Marie est décédée en novembre 2018 et Henri en mars 2019. |
avec l’aide précieuse de leur fille,
Marie-Cécile BARRAS