Dans ma famille comme chez tout le monde, nous avons des secrets.
Des secrets « de grands », des secrets de femmes, des choses qui ne se disent pas, bref ce que l’on appelle couramment « le linge sale » !!!
Chez nous, c’est dans le grenier de mes grands-parents paternels qu’était pour moi, alors petit enfant, le coffre aux secrets. En fait de coffre, c’était une longue caisse, aux planches de bois brut et épais fermée par deux énormes cadenas qui captivait toute mon attention.
Comme beaucoup de choses, elle aurait pu être montée ici et oubliée de tous mais le fait qu’elle ne soit pas enfouie sous des cartons, qu’elle n’ait pas un doigt de poussière sur le couvercle et que les deux cadenas et les charnières soient soigneusement huilés laissaient soupçonner une utilisation régulière.
Je devais avoir dix ou onze ans et quand, au milieu du repas dominical chez mes grands-parents, j’ai demandé à mon père : « P’pa, c’est quoi qu’il y a dans la caisse du grenier ? », j’ai compris à son regard que ma question tombait à plat. Pendant un temps qui m’a paru une éternité, la conversation des adultes s’est arrêtée puis a repris son ronronnement comme si de rien n’était. J’ai réalisé que je ne pourrais rien obtenir et qu’il ne servait à rien que je demande la clé des cadenas.
J’avais assez vu de films du gentleman cambrioleur et j’ai tiré de mes ascendants l’art de la débrouille et du bricolage, je pensais donc pouvoir facilement fabriquer un rossignol de bonne facture. Il me fallait pour cela agir dans l’ombre et travailler sans bruit en tendant l’oreille aux marches crissantes de l’escalier de bois.
Comme Arsène Lupin, je me devais de ne laisser nulle empreinte ni trace de mon forfait. Après maintes visites où, pour donner le change je laissais une valise de vieux bouquins ouverte j’ai dû me rendre à l’évidence : les cadenas du XIXᵉ siècle sont insensibles aux crochets modernes. J’ai essayé des épingles, trombones, limes à ongles, fils de fer de toutes sortes et je me suis fait des frayeurs quand certains restaient coincés dans le mécanisme.
Le pire c’est lorsque j’ai voulu prendre l’empreinte du trou de serrure avec de la pâte à modeler pour fabriquer un passe avec une vieille clé.
J’ai bien crû avoir bouché définitivement l’orifice, il m’a fallu une bonne heure de patience pour ressortir, avec une épingle à nourrice, tous les petits bouts de pâte. J’ai inondé le cadenas d’huile de vaseline et je suis resté plusieurs semaines avant d’y retoucher. Et, chaque fois qu’un adulte montait au grenier, je m’attendais à recevoir à son retour une magistrale torgnole ou un coup de pied au cul.
J’ai grandi, j’ai pris de l’âge… j’ai de plus en plus souvent consacré mon temps libre aux copains et puis aux copines. J’ai fais du sport, j’ai eu des petites amies et je ne restais chez mes grands-parents que le temps nécessaire aux visites obligatoires et de rigueur. Et puis j’ai quitté définitivement Manosque pour n’y revenir que de temps à autre en villégiature. Mon pépé Julien est mort, « Mamy » l’a rejoint trois ans plus tard. Ne me reste d’eux que quelques photos sépia… La maison de la rue Bon Repos a été vendue et les meubles ont été éparpillés.
Ce n’est que plusieurs années après qu’un jour morose d’automne, alors que je fouinais dans le garage-atelier-débarras de mon père à la recherche d’une hypothétique clef de 28 à pipe que je suis tombé en arrêt devant la longue caisse enfouie sous des cartons.
J’ai, d’un coup, complètement oublié la tâche entreprise pour me consacrer à l’ouverture du coffre mystérieux de ma tendre enfance. Ce jour-là mon père était absent et ma mère ne savait rien de la caisse ni des cadenas et des « trésors » qu’elle pouvait receler.
Dans la journée, chacun vaque à ses occupations et c’est le soir que nous nous retrouvons tous autour de la table familiale. Ce jour-là qui devait être la veille de Pâques 81, nous étions tous les enfants, les conjoints et les petits-enfants, tous venus voir les parents et passer le week-end pascal ensemble. Lorsque j’ai dit à mon père : « J’ai vu la longue caisse », j’ai été surpris de revoir le même regard qu’il m’avait jeté vingt-quatre ans plus tôt. Il m’a juste répondu « Demain » et la conversation est revenue sur les élections présidentielles, Mitterand et le Programme Commun.
Mon père n’a jamais dormi plus de quatre à cinq heures par nuit et il m’a fallu faire un effort pour être debout aux aurores, en même temps que lui.
Après le café, il est allé chercher dans sa chambre un petit coffret en ébène sculpté dans lequel étaient des bijoux d’homme : montres gousset, boutons de manchettes, épingles de cravate, chevalière et gourmettes que je ne lui avais jamais vu porter. Il ne portait de bijou que son alliance et une montre montée sur un bracelet de force en cuir de sa fabrication. Il a sorti un étui en peau qui contenait les deux clés des cadenas.
J’ai été déçu par le « Trésor », le coffre contenait quelques armes de guerre : fusils et pistolets roulés dans des chiffons et rendus inoffensifs par le démontage des mécanismes de percussion. Dans la famille, nous sommes tous des pacifistes et ceux qui sont partis à la guerre ne l’ont faite que contraints et forcés. Le seul « chasseur » était mon arrière-grand-père qui n’a jamais eu de fusil… mais qui braconnait avec plusieurs furets.
Mon père a sorti les armes sans égards et puis il a tiré avec beaucoup de prévenance un lourd paquet de jute grasse. Il a posé le tout sur l’établi qu’il avait préalablement essuyé. Il a enlevé les bandes avec des gestes précieux, comme s’il débandait une momie.
Et quand mon excitation était à son comble j’ai vu apparaître des barres de fer forgé et une espèce de pointe de flèche.
Il m’a tendu une barre de fer et la pointe et m’a dit : « C’est toi l’aîné des Mévouillon, tu en seras responsable quand je ne serai plus là ».
— « Regardes-les bien, parce que je les ressortirai plus d’un moment ».
Les barres doivent faire un mètre et demi de long et elles sont grosses comme un crayon, elles sont pointues-carrées d’un côté et à l’autre bout elles sont carrées-femelles. En fait, elles sont faites pour s’emboîter les unes dans les autres et à chaque raccord il y a un petit trou pour mettre une clavette. La pointe de flèche a un trou carré au bout de la queue et elle se met sur une tige qui se fini en pointe. Si vous ne comprenez pas, je vous ferais un dessin…
Mon père a tout remballé sans un mot, on est retourné à la salle à manger, il s’est assis et m’a servi un café… et c’est là que mon histoire commence.
Mon père allume sa pipe, se cale dans son fauteuil et me dit :
« Ce que je vais te raconter ne dois rester qu’entre nous deux, tu ne dois en parler à personne. Je suis le gardien du secret jusqu’à ma mort, tu hériteras des clés et du coffre à ce moment-là, à charge pour toi à le céder à l’aîné de tes fils ou au plus âgé de tes neveux pour autant que ça soit un Mévouillon de souche. Il y a un papier chez le notaire au cas où nous venions à mourir mais, si la lignée disparaît, il a l’ordre de détruire les barres, la rose et la pointe… y’a les sous pour ça. »
P’pa, c’est quoi la rose ?
Patience, j’y viens ! L’histoire que je vais te raconter, date de la Révolution Française, plus exactement de l’abolition des privilèges. Jusqu’alors n’avaient droit d’avoir une girouette que les nobles et les curés. Toutes les activités rurales dépendaient directement de la météo et il existait mille moyens empiriques de connaître le temps à venir.
Au niveau local, ce qui restait le plus sûr était encore la direction du vent. Pour cela, en Provence, nous avons donné des noms aux 32 vents qui y soufflent. Quand la Révolution Française est arrivée, y’a un air de liberté qui a soufflé chez nous comme partout ailleurs.
Oh, ça n’a pas apporté que du bon ! Les Marseillais sont montés par ici, c’était une bande de fanatiques et au nom de la Révolution ils ont brûlé et pillé, ils ont même pendu le curé de St-Sauveur qui était la bonté et la gentillesse incarnées.
Une fois qu’ils sont passés, les choses ont repris leur cours normal… Révolution ou pas, faut bien travailler et manger.
Y’ a eu des petits changements et entre autres, les bourgeois, bien que réticents à « La Gueuse » ont commandé au forgeron des girouettes pour leur belles demeures. A la foire de la St-Pancrace, y’a eu des ferblantiers qui en vendaient mais ça restait un luxe. Les commerçants en voulaient tous pour leurs échoppes.
Bizarrement, le seul qui n’en souhaitait pas c’était le César, le meunier de Montfuron, de sa vigie, sur les aires du village, perché sur la croupe du Luberon, il pouvait à coup sûr donner le nom de chacun des 32 vents.
Les vents, il les connaissait tous et le seul qu’il redoutait c’était le Mistral. Les jours de tempête, il désentoilait les ailes de son moulin et les fixait solidement au sol. Le moulin craquait et gémissait comme un phare en plein milieu de l’océan [1]. Le César se relevait la nuit pour vérifier et retendre les cordes de chanvre qui haubanaient les vergues de bois. Il craignait tellement le mistral qu’il ne le nommait que par surnoms, il disait de lui « Lou yiestre ». Si tu vas du côté de ce village, tu verras le moulin tanqué comme une vigie sur les hauteurs et si tu y regardes de près, tu remarqueras que le moulin est bâti un peu penché tel une tour de Pise ! Le moulin, comme le meunier son maître, était arc-bouté contre ce vent colossal. Le César c’était un hercule qui se chargeait seul un sac de grain de 150 livres sur l’ esquine et le montait par les échelles au plus haut de son donjon !
Le César, c’est le mistral qui l’a tué, une rafale plus forte que les autres a emballé la mécanique de chêne et de hêtre et il a été embarqué par une aile. Quand l’Alix son domestique est remonté de Manosque, il tournait comme un pantin de foire sans tête et au sol c’était qu’une traînée de sang.
Ça a été une année noire pour les meuniers : quelques temps plus tard une crue de la Durance a emporté le moulin du Palais. L’Amédée, sa femme, le domestique, les enfants, ils y sont tous restés. Bêtes et gens, tous noyés et du moulin il n’a subsisté qu’un pan de mur !
Ah… Les girouettes ! Tout le monde voulait la sienne, ça tournait à la lubie. Mais une girouette, ça se met pas n’importe où, il faut un endroit dégagé ou bien alors elle te raconte n’importe quoi ! Certains les mettaient dans des endroits à courants d’air à tel point qu’au même moment deux girouettes voisines pouvaient te donner des directions totalement opposées ! Qui plus est, une girouette il faut la graisser régulièrement, il faut contrôler son équilibre et son jeu, c’est un instrument de mesure et pas un jouet
Ton ancêtre, comme beaucoup de la famille, savait tout faire de ses dix doigts. Il travaillait aussi bien le bois que le fer et ce n’était pas un luxe, c’était une nécessité. Il est resté un bon moment à gamberger avant d’attaquer à faire la sienne.
Et bien que la Choise (Françoise) le bassinait régulièrement, il attendait, il observait.
Le jour où il s’est décidé, il a dit au Théophile le forgeron : « j’aurai besoin de la forge ».
« Hyppolite, la forge elle est autant à toi qu’à moi, t’as pas besoin de demander ! ».
Le Théophile et l’Hyppolite, ils avaient usé leurs brailles ensemble et bien qu’étant du métier le Théo allait faire chercher Hyppolite pour des choses compliquées. Il lui disait toujours : « toi, tu as ça dans le sang, moi si je fais le forgeron c’est parce que j’ai pris la suite de mon père mais c’est toi qui devrais être là et pas faire le cabraïre (chevrier) et courir les collines ! »
L’Hyppolite a travaillé des nuits à battre le fer à la lueur de la forge et puis il est monté faire l’acrobate sur sa toiture. Quand il a fini, une chèvre de presque un mètre de haut tournait au-dessus des toits et faisait la nique au coq de la mairie ! Il avait tout prévu, même le petit tube le long du mât pour mettre la goutte d’huile hebdomadaire sans avoir à dépendre le tournoyant caprin.
Il n’avait oublié qu’une chose, pour voir sa chevrette il lui fallait grimper sur le Mont d’Or ou se mettre à une fenêtre du palais des Hospitaliers. Pour tout dire, sa girouette ne lui servait à rien et il en était réduit à se fier aux fantaisistes mécaniques de ses voisins. Il était la risée du Soubeyran, il avait fabriqué de ses mains la plus belle des girouettes de Manosque et c’était le seul à ne pas la voir !
Mais pendant que ses chèvres broutaient dans les talus, il gambergeait et dessinait des dessins cabalistiques sur les rochers avec des morceaux de charbon de bois.
Alors que tous les jours il avait une mine sombre et taciturne, un soir il est arrivé des Espels en sifflotant. Au coucher du soleil il dépendit la cabrette.
Il a investi de nouveau la forge du Théophile et chacun y allait de son commentaire à savoir ce qui se passait dans la cervelle du bouillonnant Léonard de Vinci manosquin !
Quelques jours après, il a remonté le mât sans que personne ne puisse dire ce qui avait changé : la chèvre tournait toujours sans qu’il ne puisse la voir d’aucune de ses fenêtres. On entendait seulement taper l’Hyppolite dans le grenier, puis dans la chambre et enfin dans la cuisine.
Les voisines allaient chercher chez la Choise qui du sel, qui du vinaigre et leurs hommes demandaient : « Alors, qué fan ? » (Que fait-il ?). On sait pas… des trous ! !
Il a fait jurer à la Choise de rien dire jusqu’au bout et bien que ça lui brûlait les lèvres, elle a tenu parole. Encore qu’elle ne savait pas trop ce qu’il manigançait.
Il est allé chercher chez le Charles de la place des Marchands une planche de piboule (peuplier) qu’il a mené un soir à la forge. Cette nuit-là, pas de coups de marteaux sur l’enclume et malgré tous ceux qui espinchaient (épiaient) à la porte, bien malin qui pouvait dire ce qu’il tramait d’autant plus qu’il leur tournait ostensiblement le dos. On ne le voyait que traverser la forge avec des pointes de fer rougies emmanchées. Quand il est sorti, il tenait la planche contre lui, cachée dans un sac de jute.
Le lendemain, il est rentré plus tôt et est passé chez le Théophile, le Charles et quelques autres amis. « Venez boire un coup, après le travail ».
Il leur a montré enfin sa réalisation digne du Prix du Concours Lépine (Qui ne naîtra à Lyon que 150 ans plus tard) : Une magnifique Rose des Vents ornée de figures allégoriques gravées au fer rouge.
Les tiges de fer droites comme des « I » descendent de la girouette jusqu’au plan de travail de la cuisine où est à plat la planche de bois correctement orientée sur laquelle tous les noms des vents sont gravés. Quant la chèvre tourne en haut dans le ciel, par l’intermédiaire des tiges elle fait tourner une flèche ouvragée qui donne la direction du vent. Une transmission à distance, en terme technique : la télétransmission !
Dans les jours qui ont suivi, tous les manosquins se sont pressés dans la cuisine, les conseillers et le maire sont passés et même le curé de Notre Dame est venu bénir cette fabuleuse réalisation.
De ce jour, le Théophile est devenu pour tous « Le Maître du Vent ». Après, avec l’habitude, au seul bruit que faisaient les tiges il pouvait dire la force du vent et ce, de jour comme de nuit puisqu’il y avait pendu un càlin (Une lampe à huile).
Une nuit où il avait oublié de graisser la mécanique et où un vent bastard soufflait, la Choise, qui tournait sur la paillasse, est descendue et a coincé la flèche entre deux lourds fers à repasser. Le vent s’est toute la nuit appuyé sur la tôle de la cabrette et tu sais comme une chèvre ça peut être têtue… et bien le vent qui était un zéphyr léger et docile, le vent a fini par crier grâce et a suivi le sens que lui donnait les deux cornes pointées.
L’Hvppolite est parti au petit matin sans rien voir et la finaude Choise s’est bien gardé de ne rien lui dire.
La Choise, avec le lait des chèvres, elle fait des fromageons. Pour un fromageon rond de trois doigts et épais comme l’index il faut compter un litre de lait.
Il en faut des traites pour remplir un panier de ces petits fromages et ils ne se vendent pas beaucoup d’autant que presque tous les gens d’ici ont au moins une chèvre et ont leur propre production.
Alors. pour améliorer l’ordinaire la Choise fait du « Banon ».
Le Banon, c’est une spécialité pour les riches. Quand tu as un fromageon bien sec, tu le plies avec un peu de pèbre d’aï (sarriette) dans des feuilles de châtaignier préalablement bouillies (sinon, ça donne un goût amer), tu le lies avec herbe longue, un aller-retour dans la gnôle et tu remplis une touque de tous tes fromages, tu la couvres d’un linge fin pour les préserver des mouches et tu la descends au frais de la cave.
Pour que les Banons mûrissent, il faut de la patience et le Labé doit souffler au moins trois jours. Le Labé c’est un vent de sud-ouest. C’est un vent qui est rare par ici !
Les fonds étaient en baisse à cause de la girouette, si y’a pas eu de façon, il a fallu payer le fer au Théophile et même si c’est au prix coûtant, c’est pas donné. La girouette c’est bien beau mais ça rempli pas la biasse ! (Besace)
Alors la Choise elle a eu l’idée de coincer la mécanique et de forcer petit à petit les Dieux et le Destin jusqu’à avoir son Labé. La combine aurait pu marcher longtemps comme ça mais la Choise c’est une pipelette et elle n’a pas su tenir sa langue.
Avec ses fers, quand l’Hyppolite avait tourné les talons, elle faisait tourner les vents en bourriques !
Y’a que le Mistral qu’elle a jamais osé contrer, ces jours-là les fers restaient sagement rangés auprès du feu et puis l’Hyppolite pouvait rentrer à l’improviste parce que les cabres elles sont folles et intenables…
Oui donc, la Choise elle n’a pas su se taire, et un jour une de Font de Guérin lui a porté un panier de figues en lui disant « tu pourrais pas essayer de faire souffler le Mango-fango (le Mange-boue), mon Ludovic il peut pas travailler les terres de la Thomassine tellement c’est gras. »
Les femmes elles parlent toutes, elles parlent trop… ça a fini par créer des jalousies et c’est allé jusqu’aux oreilles du curé. Le curé, qui pourtant était venu la bénir, a accusé la girouette d’instrument du diable.
Et bien qu’il ait un coq sur son propre clocher, il a vite fait un rapprochement entre la chèvre, le bouc, les cornes, les pieds fourchus et Satan. Sûr que L’Hyppolite devait invoquer le Malin dans les ginestes, sûr que la Choise devait dire des messes noires dans la cuisine et pourquoi pas égorger des angelots dans sa cave !
L’Hyppolite a dû démonter la mécanique diabolique et il a fallu l’intervention de tout le conseil municipal pour qu’ils ne finissent pas tous les deux sur le bûcher !
Il a pu sauver les tiges de fer et le stylet, la Rose des vents qui aurait dû terminer au feu c’est celle qu’il y a sur le manteau de la cheminée.
De ce jour, on a toujours été un peu en froid avec les capélans (les curés), notez qu’on a presque tous été baptisés.
Mais deux cents ans plus tard, les scientifiques ont donné raison à la Choise :
Un battement d’aile de papillon en Provence peut provoquer un cyclone à l’autre bout de la terre.
* : Une aile du moulin a été cassée le 25 juillet 2006 par un violent orage, le meunier amateur n’a pas eu le temps de le désentoiler (La Provence du 27 07 2006).
Note
Célèbre pour avoir en 1972, lors d’une réunion de l’Association Américaine pour l’Avancement des Sciences, posé la question :
“Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil déclenche-t-il une tornade au Texas ?”
le physicien américain Edward LORENZ est décédé le 16 avril dernier à Cambridge (USA).
Il avait fait toute sa carrière au célèbre MIT (Massachusetts Institute of Technology) où il était responsable du département de météorologie.
Cette question se rattache à un problème de dynamique des systèmes complexes, en particulier celui du calcul des prévisions météorologiques.
L’étude de l’évolution d’un système, en principe calculable au moyen des équations de la mécanique, n’est possible que par de puissants moyens informatiques. En effet, compte tenu du nombre élevé de variables, (vent, température, pression, degré hygrométrique pour un très grand nombre de points du globe) le volume des calculs est énorme.
Edward LORENZ a ainsi montré, grâce à des modèles informatiques, que la modification de quelques variables pouvait conduire à un comportement imprévisible ou chaotique, et ceci même pour des systèmes formellement simples.
Ce phénomène de sensibilité aux conditions initiales a conduit à la théorie dite du chaos dont Edward LORENZ fut considéré comme le père.
D’où la référence à une perturbation locale comme le battement des ailes d’un papillon dont les effets sont imprévisibles sur des prévisions, même à moyen terme.