Bandeau
L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

Lou Loulou rabassié
Article mis en ligne le 30 juin 2020
dernière modification le 19 août 2022

par sandy-pascal

Chaque été un couple de petits vieux marseillais venait passer une semaine à l’hôtel Bonnefoy. Ils étaient d’une grande gentillesse et aimaient bien discuter avec les habitants lors de leur promenade de l’après-midi.

Chasque estièu, i’avié un parèu de marseihès que venié estiva à Sederoun, à l’oustallarié Bonnefoy. Eroun de buon viei, e tant brave, qu’amavoun charra amé touti lei gent.

Cette année-là ils étaient venus avec un petit loulou blanc, qu’ils tenaient soigneusement en laisse, quand une après-midi ils passèrent dans la Grand Rue entre les deux plus gros farceurs de Séderon : un maçon qui arrangeait le seuil d’entrée d’une maison et de l’autre côté de la rue un marchand drapier qui se tenait devant son magasin.

Aquest’annado, avien am’éli un pichot chin, un loulou tout blanquinet que tenavoun amé grand suen au bout d’uno estaco. Un après-miejour, dóu tems de sa proumenado, passejavoun dins la Grand-Rue, e arriberoun au mitan dei dous plus grand farcejaire de Sederoun : d’un coustat René, lou massoun qu’arranjavo lou pas de la porto d’un oustau, e de l’autre Fernand, lou marchand drapié que se tenavo davans soun magasin.

Les salutations étant faites il fut rapidement question du petit chien que le maçon estima au premier coup d’œil être bon pour les truffes. Le marchand drapier fut de cet avis mais conseilla qu’un dressage était nécessaire.

Pas plus lèu se soun dis lou bounjour que la counversacioun desvirè sus lou pichot chin. Que lou massoun, dóu premié cop d’uei, digué que déurié estre buon pèr la rabasso. Lou marchand drapié fugue dóu meme avis, mai counsèié de lou faire dreissa.

Le maçon assura alors au couple que le marchand drapier était un des meilleurs dresseurs de chien truffier de la région. Il lui avait tellement bien dressé un que cette bête avait rongé les pieds d’une armoire où sa sœur rangeait ses boites de conserve de truffe.

Lou massoun assegurè alors que l’un dei meiour dressaire de chin rabassié dins touto la regioun ero lou marchand drapié. L’i en avié dressa un talamen bèn que la bèsti, apassiouna, aviè rousiga lei ped de l’armàri mounte sa souerre ranjavo sei bouito de counservo de rabasso.

J’ai assisté à cette conversation dont l’aspect peut-être un peu trop moqueur fut pour moi excusé par le regard admiratif que ces deux sympathiques petits vieux portaient à leur chien en reprenant leur promenade.

Aquelo counversacioun pòu sembla un pau trufarello, mai s’avias vist, coume ièu, lou regard amiratiéu que lei tant simpatico dous viei portavoun à soun chin en reprenent sa proumenado, aurias tout escusa.

André POGGIO
(sur un souvenir de Pierre MATHONNET)
La petite histoire du loulou truffier est authentique, nous en avons été témoin.
La conversation eut lieu en français. Mais, pour montrer que mes nouveaux galons de félibre n’étaient pas usurpés, il a fallu donner une preuve de savoir-faire. D’où la traduction provençale, à la manière séderonnaise, qui est jointe.