La boulangerie de mon grand-père Fernand Imbert a été créée dans les années 1923, dans une maison qui appartenait à sa famille. En premier lieu, il avait fait construire un four par un spécialiste. C’était un four avec une voûte en pierre et sur le devant une lourde porte en fonte
Il était placé au fond de la maison et devant, donnant sur la rue, se trouvait un petit magasin dans lequel prenaient place un comptoir, une panetière, des étagères, le tout en bois. Sur une table trônait l’incontournable balance à plateaux qui permettait de peser le pain (à l’époque le pain se vendait au poids). C’est ma grand-mère Augusta qui en était chargée.
C’est vers 5 heures du matin que Fernand commençait à chauffer son four à l’aide de fagots (soit de genêt, soit de petit bois) qu’il entreposait dans une remise à côté de chez lui.
Il lui fallait à peu près 6 fagots de genêt pour faire une fournée. Lorsque le four était bien chaud, il enlevait le charbon de bois restant. Celui-ci était revendu aux particuliers qui s’en servaient pour faire leur cuisine (rien ne se perdait à l’époque !). Ce charbon de bois était aussi appelé « la charbonnie ».
Le soir après avoir pétri sa pâte dans un petit pétrin mécanique fonctionnant à l’essence, il façonnait ses pains et les laissait reposer pendant à peu près 5 à 6 heures. Ensuite les pains étaient enfournés. C’étaient de gros pains fendus que ma grand-mère vendait. La plupart des agriculteurs l’achetaient pour la semaine et le payaient avec du blé.
A l’époque il y avait déjà 2 boulangeries dans le village, mais le travail ne manquait pas car la population était plus importante et les habitants consommaient davantage de pain que de nos jours. Voici les chiffres de la CNBF :
Consommation journalière par habitant en France
- 1900 : 900 grammes
- 1920 : 630 grammes
- 1950 : 325 grammes
Au début, Fernand livrait son pain aux alentours avec une petite carriole tirée par un âne et mon grand-père ayant un caractère assez enjoué, m’a-t-on dit, faisait ses tournées en chantonnant.
La devanture toute simple du début a été transformée vers les années 1950.
L’âne aussi a été remplacé par une moto puis plus tard par une voiture, ainsi va le modernisme !
Après de longues années de labeur, en 1960, mes grands-parents ont pris leur retraite, laissant la boulangerie à leur fils aîné Jean Imbert et son épouse Josette.
La devanture a même servi de fond au dernier Conseil de révision des jeunes du Pays ayant eu lieu à Séderon, en 1963.
Malheureusement, en 1980, avec la disparition brutale de mon oncle, l’activité de boulangerie a pris fin. Alors la maison a été successivement louée puis vendue.
Aujourd’hui dans la famille, nous gardons tous à l’esprit les très bons moments que nous avons vécus dans cette maison.
Ainsi va la vie !
avec l’aide de Roger Imbert et de Gérard Touche
Après la quincaillerie Constantin-Beauchamp, après la boulangerie Imbert, qui nous offrira les souvenirs du magasin de ses parents dans un prochain Trepoun ?