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L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

Ephrem Pascal, chanoine
Article mis en ligne le 26 juin 2017

par ANDRIANT Hélène, ANDRIANT Sandy-Pascal
« Monsieur le Chanoine …
Je devais achever la réfection complète de mon église : vitraux et peinture avant le passage de Mgr (8 juin). Mais le maçon s’est avéré incapable de tout achever pour cette date. Je n’entreprendrais donc le travail qu’après, au mois de juillet. – Si l’artiste (Thomas-Seurre) accepte mes nouvelles dates, sans doute tout serait achevé pour le 17 juillet. Pourriez-vous venir bénir les nouveaux vitraux le Dimanche 18 juillet. Il convient que ce soit vous, chancelier de l’Evêché, presque enfant du pays. Seul prêtre qui ait actuellement des parents à Séderon – Je sais que votre famille vous attend avec impatience. Mlle Marie me le disait encore Dimanche dernier. Vous passeriez quelques jours dans votre famille à cette occasion.
Les gens seront flattés aussi et ça récompensera l’effort sérieux qu’ils ont fait ces dernières années pour l’église paroissiale.

Veuillez croire Mr le Chanoine à mes respectueux sentiments en N.S. »
Du Pontavice
Curé de Séderon

Ce chanoine puis vicaire général de l’évêché de Valence était présent lors de l’inauguration de l’église de Séderon en juillet 1943.
Cet honneur n’est pas un hasard : Ephrem PASCAL avait beaucoup de raisons affectives de revenir en visite... chez lui.
Peu familière des fonctions et charges au sein de l’église, je préfère commenter l’allocution prononcée lors de ses funérailles.
Je possède une quarantaine de cartes postales d’Ephrem PASCAL adressées à ma grand-mère, sa filleule. Inutile de dire qu’elles ont été conservées soigneusement par celle-ci

Semaine Religieuse du Diocèse de Valence
(11-10-1955.- Archives Episcopales de Valence)

Nécrologie : Funérailles de M. le chanoine PASCAL.— Le vendredi 7 octobre, Son Excellence Mgr URTASUN, interrompant pour quelques heures sa retraite à Aiguebelle, présidait les obsèques de son regretté chancelier. S. Exc. Mgr BERNARD, Évêque de Perpignan, ancien condisciple à Rome et ami du défunt, daigna présider la levée de corps et le cortège allant de l’Évêché à la cathédrale, où Son Excellence, ayant a ses côtés le T. R. Père Dom Eugène COURT, Abbé d’Aiguebelle, et Mgr COURBIS, occupa la stalle épiscopale.
S. Exc. Mgr URTASUN assista pontificalement à la messe solennelle célébrée par M. l’archiprêtre de la cathédrale, devenu par ce décès vice-doyen du Chapitre.
[...]
Après la messe, S. Exc. Mgr URTASUN prononça l’allocution suivante :

« Serve bone et fidelis intra
in gauddium Domini tui
 :
Bon et fidèle serviteur, entrez
dans la joie de notre Seigneur
« Excellence,
Mon Révérendissime Père,
Mes Frères,
Lundi après-midi, je quittais l’Évêché pour me rendre à la retraite épiscopale, dans l’accueillante abbaye d’Aiguebelle. Ma dernière visite fut pour M. le chanoine PASCAL, retenu dans sa chambre depuis plusieurs semaines, après treize mois d’arrêt de son service actif. Il avait reçu de mes mains le sacrement des malades, le 17 septembre, et, depuis que sa faiblesse l’avait obligé à cesser un peu auparavant la célébration de la sainte communion, portée par moi-même ou par ses chers confrères. Jusqu’au bout, il a été entouré des soins les plus assidus. Interrompant les exercices spirituels où, dans le contact de Dieu, se renouvellent les forces, je suis venu, avec Monseigneur l’Évêque de Perpignan, son affectionné compagnon d’études, et le Révérend Père Abbé, originaire de Crest, m’associer à la cérémonie funèbre.
C’est la première fois que je rends les derniers devoirs à un membre du Chapitre cathédral. Je ne saurais voiler mon émotion, car un attachement profond m’unissait à ce prêtre, qui avait pour son Évêque plus que du respect et du dévouement, presque de la tendresse. Jamais l’ombre d’un désaccord n’a terni nos relations incessantes, puisqu’avant qu’il n’ait été frappé par son mal nous montions successivement à l’autel de notre chapelle, comme il était mon commensal et l’un de mes collaborateurs immédiats.
Celui que nous pleurons était né au sein d’une famille chrétienne, à qui je présente nos condoléances, le 26 décembre 1878, à Barret-de-Lioure. C’est, presque au bout du diocèse, un village pittoresque où une nouvelle église remplacera celle où il reçut au saint baptême le prénom peu commun d’Ephrem. Mystère de la grâce, Dieu se choisit un élu dans cette région écartée. »
© Essaillon


Ida PASCAL, sœur d’Ephrem

Clément PASCAL --- Anatalie Zélie ROUX
© Essaillon
© Essaillon


Maison natale d’Ephrem PASCAL attenante au cimetière de Barret-de-Lioure. Ce voisinage calme l’a peut-être entraîné vers la spiritualité.

On voit que sa sœur, Ida PASCAL, n’a pas eu de descendance. Elle habitait avec son mari à la Tuilière, dans l’actuelle maison du Dr Beaume.

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Son autre sœur, Léonie PASCAL, n’a eu qu’une fille, elle-même sans descendance : Marie PASCAL. Léonie et son mari habitaient le Jas de la Mourier.
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Puis Marie a fini sa vie dans la Grand Rue de Séderon, dans la maison considérée comme l’une des plus anciennes (maison du Seigneur Antoine de LASALLE)
Pour saisir cette généalogie, il faut comprendre que les deux sœurs... PASCAL de Barret-de-Lioure ont épousé deux frères au patronyme de... PASCAL de Séderon.

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Ida PASCAL et Marie PASCAL à la Tuilière
« Que de difficultés alors pour se rendre à Valence, où le jeune élève du Petit Séminaire se distingue par ses qualités morales et par son intelligence ! Ses études furent brillantes, ainsi qu’au Grand Séminaire de Romans, avant l’ordination sacerdotale, le 3 juillet 1903. »
© Essaillon
« Il sera professeur, en deux temps, au petit séminaire, avec une interruption, en 1909-1911, où M. PASCAL est envoyé au Séminaire Français de Rome. »
© Essaillon
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Monsieur Félix AUGIER
Barret-de-Lioure (Les Jas)
par Montbrun-les-Bains

Mon cher cousin

Je vous souhaite à tous

une bonne et heureuse année.

Je viens de faire une
longue promenade, pas
banale par exemple,
sur les toits et à la
coupole de l’Eglise St Pierre.

Je te raconterai cela plus
tard. Heureusement qu’il
y avait des rampes solides.
On prenait le vertige.
Amitiés

Ephrem
« Revenant docteur en droit canon, il accepte volontiers la fonction importante de surveillant. Sous son autorité ferme, qui s’allie à un don complet aux enfants et aux adolescents, la division dont il est chargé fait des progrès dans la discipline propice au travail et à la piété. Après un professorat en classe de 3° interrompu par quatre années de guerre »

Guerre 14/18 : Mobilisé en août 1914 au G.B.D. de la 64me D.I. (Verdun ; en 1916, il est au Train Sanitaire Midi/20 vers Saint-Dié. En 1919, il est hospitalisé à l’hôpital de Saint-Paul-Trois-Châteaux)

Abbé Adrien LOCHE
Les Prêtres de la Drôme
du Concordat à nos jours
Tome III
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J’ajoute à la lettre ces 2 cartes qui te donneront une idée du mal que peut faire la guerre. Elles représentent les paysages que nous avons parcourus au début de la guerre. Ils étaient pourtant si coquets ces petits villages de Lorraine (pas de ferme isolée, tout dans le village) échelonnés de chaque coté d’une route très large, de vastes granges ou l’on entasse le fourrage pour les chevaux et les vaches nombreux ici, où l’on entasse aussi en août : le blé, l’avoine, le seigle qui sont battus l’hiver soit avec des fléaux (rares aujourd’hui) soit avec de petites machines tournées par un cheval ou deux dans le hangar.
Les villages représentés sont aujourd’hui entièrement évacués par l’ennemi qui a été repoussé loin sur ce point.
Quand l’obus est incendiaire et qu’il trouve des matières inflammables, tout est détruit et alors c’est la ruine complète.

Où l’on voit que des origines paysannes vous marquent pour la vie.

« le voici, en 1919, curé de Roussas et directeur de la maison qui deviendra celle des Vocations tardives de Saint-Joseph puis de l’école cléricale du Sacré-Cœur de Crest. Il y restera dix ans. Bien des jeunes gens passeront par ses mains expertes ; le diocèse lui doit la formation de prêtres qui lui font honneur et sont sa couronne. "En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait" ».
© Essaillon
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Colonie Jeanne d’Arc de Val-Brian dépendant du collège du Sacré-Coeur de Crest

Une indication de son caractère nous est donnée par l’article gardé aux Archives Diocésaines de l’Évêché de Valence, publié à l’occasion du 25me anniversaire de l’École du Sacré-Cœur à Crest et retraçant l’histoire de cette école :

Dans les débuts, à cette période des origines, une grande affluence d’enfants allait de pair avec les difficultés matérielles de la fondation. Monsieur le Chanoine PASCAL, qui n’était alors que « Maman PASCAL » pour tous ses petits écoliers, équipa la maison et lui donna ce cachet si familial qu’elle gardera comme marque distinctive.


La confiance de Monseigneur PIC appelle M. PASCAL à la Chancellerie. Il y rendra les plus grands services au clergé en exercice, comme aux prêtres âgés et aux fidèles, les faisant bénéficier de ses connaissances canoniques et de sa serviabilité, tout en assurant l’aumônerie des Sœurs de l’Espérance. Fonctions ingrates, et nécessaires, que celles du Secrétariat. On comprend que l’autorité diocésaine récompense des tâches aussi précieuses que, souvent cachées. Vint le camail de chanoine honoraire, puis, bientôt, le 18 juillet 1936, lui est octroyée une stalle de chanoine titulaire. Je fus heureux, lors de son jubilé sacerdotal, de lui donner, le 11 juillet 1953, le titre de vicaire général honoraire.
Oublierai-je les préparatifs minutieux, assurés par lui, des divers objets servant aux offices pontificaux ? Son expérience, sur ce point comme sur tant d’autres, en faisait un très utile conseiller et réalisateur. Directeur diocésain des Prêtres adorateurs, des Œuvres missionnaires, des Œuvres de Saint-François de Sales et des Campagnes, il se montrait un trésorier exact, mettant tout son zèle à recueillir les ressources de ces entreprises destinées à répandre la lumière de la vérité. Aidé d’abord par un jeune et actif collègue, il dut être suppléé lorsque ses forces le trahirent.
On avait espéré qu’un séjour auprès de Notre-Dame de Fresneau, pour qui il avait une particulière dévotion, aurait pu le remettre. Le mal avait atteint les sources vives et les médications les plus actives, comme les sollicitudes les plus empressées, ne purent l’enrayer.
Mardi dernier, il expirait paisiblement, aux premières vêpres de la fête de saint Apollinaire, patron principal de notre diocèse. Aujourd’hui, nous entourons son corps consacré, en la fête du saint Rosaire de la Bienheureuse Vierge Marie. Qu’après avoir vécu les mystères joyeux et douloureux d’une vie féconde, l’âme de ce prêtre pieux, aidée de nos prières reconnaissantes et de nombreuses messe offertes, participe aux mystères glorieux.
Près du trône du Prêtre Éternel, vrai Dieu et vrai homme, n’oubliez pas les tristesses de la terre. Protégez votre Évêque, vos frères dans le sacerdoce. Obtenez que nombreux et ardents soient les séminaristes qui feront la relève. Nous espérons avec confiance, cher et regretté ami, que vous entendrez la parole que la liturgie met sur nos lèvres et dans nos cœurs : « Bon et fidèle serviteur, entrez dans la joie de votre Seigneur ». Ainsi soit-il. »

Un long cortège accompagna jusqu’au cimetière le défunt et rejoignit auprès du tombeau des prêtres de Valence Mgr URTASUN, qui dit les dernières prières, Mgr BERNARD et le T. R. Abbé d’Aiguebelle.
— Les prêtres faisant partie de l’Association sacerdotale de prières doivent célébrer quam primum une messe pour le repos de son âme.
— Le service de trentième jour sera célébré à la cathédrale, lundi 7 novembre, à 9 heures, sous la présidence de Son Excellence Monseigneur URTASUN.

Croyant ou non croyant, on ne peut être qu’admiratif du parcours de ce petit patoisant d’un milieu très simple qui, de Barret, devint bachelier, professeur puis docteur en théologie dans un domaine aussi abstrait que la patristique (science de la doctrine et des écrits des pères de l’église).
C’est pourtant pour sa gentillesse et son humanité qu’il était évoqué dans ma famille, qualités qu’atteste sa fidélité épistolaire envers les siens.

© Essaillon


Ephrem PASCAL lors d’une procession à Valence
Hélène et Sandy ANDRIANT