Bandeau
L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

Souvenirs d’une Partie de Boules
Article mis en ligne le 1er décembre 2020
dernière modification le 19 août 2022

par MATHONNET Pierre

Cette partie de boules n’a jamais eu lieu, mais les souvenirs qu’elle rassemble sont réels. Elle se déroule à Séderon sur le Pont devant le monument aux morts laissé à sa place ancienne, le long du chemin de l’Essaillon, quand fut décaissé l’ancien cimetière. Comme d’habitude elle débute en fin d’après-midi d’une belle journée après l’arrivée du car de Sisteron conduit par Fernand Girard, tireur réputé. Les autres joueurs ont attendu accoudés à la rambarde du pont, les plus assidus sont Kléber Jullien, Raoul Bonnefoy et Monsieur Masson. La partie ayant commencé, les spectateurs habituels s’installent : René Guilliny et Fernand Pascal assis sur la marche du monument aux morts, André Plaindoux appuyé à son vélo et le curé debout en soutane contre le garage du car. Comme dans toute partie de boules, les spectateurs ont le droit de faire des commentaires. A Fernand Girard, qui a manqué une boule en la sautant, René Guilliny fait remarquer qu’il se manque plus de boules en tapant derrière qu’en tapant devant. À Monsieur Masson qui cherche le meilleur endroit pour envoyer le bouchon, Fernand Pascal conseille de l’envoyer le long du mur de l’église car c’est au pied du mur que l’on voit le maçon. A Kléber Jullien qui se plaint d’être mal tombé en portant une boule, André Plaindoux lui rappelle que le dicton vint pourtaires, vint pagaires lui aurait évité ce déboire. « C’est une partie qui se remonte », a déclaré pour se motiver un membre de l’équipe malmenée, « oui avec un corset » a poursuivi Jean Mottet en se résignant. Puis le facteur Marcel Maurin ponctuera le carreau qu’il vient de faire en déclarant «  le cachet de la Poste faisant foi  ». Soudain tout le monde se tait car sur le chemin de l’Essaillon arrive tranquillement un lièvre. Le curé s’avance sur lui en secouant sa soutane pour lui faire rebrousser chemin mais le lièvre l’évite et traverse en courant le pont pour aller se réfugier sous une grille d’égout contre la maison Dethès. Ce sont les jeunes Georges Bonnefoy et Francis Barrety qui iront l’attraper pendant que sur la terrasse du café Touche les perdants de la partie de boules paieront le pastis aux gagnants.

Pierre MATHONNET