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L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

La Bataille
Article mis en ligne le 1er décembre 2018
dernière modification le 19 août 2022

par MATHONNET Pierre

Il semble que l’origine du nom de la Bataille que porte un quartier de la commune de Vers sur Méouge n’a jamais été clairement établie (la situation de ce quartier est donnée sur le plan ci-dessous).

Sont rassemblées ici les renseignements historiques qui valideraient l’hypothèse que ce quartier est le lieu où, en septembre 1560, les troupes protestantes de du Puy-Montbrun affrontèrent les troupes catholiques de la Motte-Gondrin et François de la Baume. Ces renseignements historiques sont tirés des écrits des chroniqueurs des Guerres de Religion (les plus parlants sont reproduits ici en italique gras).

du Puy-Montbrun, converti au protestantisme, a fortifié son château de Montbrun et rassemblé des soldats pour afficher sa volonté de révolte. Il est allé faire le coup de main dans le Comtat Venaissin où des forces suffisantes ne pouvaient lui être opposées (le 6 août 1560 il s’est emparé de Malaucène où était l’arsenal du pape).

La Motte-Gondrin commande les troupes catholiques dauphinoises chargées par le Parlement de Grenoble d’encercler le château de Montbrun et faire prisonnier du Puy-Montbrun. François de la Baume commande les troupes catholiques comtadines envoyées en renfort par le légat d’Avignon.

La manœuvre d’encerclement débute par le déplacement vers Montbrun des troupes catholiques mises en garnison dans les places d’Orpierre, de Serres et de Laragne. du Puy-Montbrun, averti de la manœuvre mais qui ne dispose que de peu de soldats (quatre cent fantassins et cinquante cavaliers), les répartit en trois embuscades en des lieux où la Motte-Gondrin devait nécessairement passer (ces 3 lieux se situent sans doute sur les routes d’accès à Montbrun par Séderon, Aulan et Cost, entre le Buis et Mollans).

L’affrontement au quartier de la Bataille aurait été déclenché quand les soldats protestants postés à la première embuscade, craignant que l’ennemi qui passait devant eux ne leur échappât, l’accablèrent d’une pluie de balles et la mirent en déroute.

Les soldats de du Puy-Montbrun étaient placées en embuscade en des endroits d’où ils se pouvaient secourir les uns les autres et se rallier sans perte d’hommes ce qui confirmerait que l’affrontement eut lieu au voisinage de Séderon qui à l’époque constitue un avant-poste du château de Montbrun (en 1560 une église réformée y est établie, en 1562, Richieu de Mouvans, lieutenant de du Puy-Montbrun, y installera un camp pour recevoir et organiser une troupe de cinq cent protestants du Comtat Venaissin et de la Principauté d’Orange).

L’affrontement au quartier de la Bataille semble correspondre à la journée de Céderon citée (sans plus de détails) comme un des faits d’armes de François de la Baume.

L’embuscade dressée entre Mollans et le Buis fut couronnée de succès mais, redoutant avec raison de ne pouvoir résister aux forces considérables qu’on s’apprêtait à lui opposer, du Puy-Montbrun quitte son château de Montbrun le 5 octobre et va se réfugier à Genève en passant par la Provence. La Motte-Gondrin fait raser le château de Montbrun le 25 octobre (vingt bons travailleurs de Dieulefit sont employés par François de la Baume pour la démolition et ruine du château et murailles de la ville de Montbrun).

Pierre MATHONNET