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L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

Lou Trepoun 13
Un demi-millénaire à Séderon 1430-1944
Anne-Marie BARRAS
Article mis en ligne le 18 septembre 2013
dernière modification le 9 mai 2019

par BARRAS Anne-Marie

L’exposition présentée à Séderon en 1980 par le Club Espérance 3 et le grand succès qu’elle a obtenu a incité quelques-uns d’entre nous à créer une association de recherche historique pour retrouver et conserver la mémoire du pays.

C’est ainsi qu’est née, en août 1985, l’Association l’Essaillon dont le but déclaré est :

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région.

Depuis, nous sommes nombreux à œuvrer dans ce sens, vous présentant un éventail très ouvert de conférences, recherches ou découvertes. Nos assemblées et nos bulletins en témoignent, bien qu’au gré de certains nous soyons restés trop discrets sur le plan "médiatique".

Cette mémoire que nous voulons fixer n’a pas de limites dans le temps, sinon celles des documents que nous pouvons, ou non, trouver.

Mémoire récente comme celle des événements de 1944 déjà présentés dans notre bulletin numéro 9 par Monsieur J-F. Charrol et évoqués aujourd’hui par Monsieur Guy Bernard, notre Vice-Président.

Ce sont des témoignages d’une sombre période que les témoins directs, hélas de moins en moins nombreux, revivront avec émotion ; et que ceux qui n’ont pas connu cette époque découvriront peut-être. Nous y reviendrons encore probablement.

Mémoire ancienne, disparue dans le temps, mais que nous retrouvons transcrite dans des parchemins, des textes, des études faites par des historiens au cours des siècles, et qu’on remet à jour, avec beaucoup de patience et de passion, dans des archives ou des bibliothèques.

C’est ainsi que Monsieur Francis Laget, de Buis-les-Baronnies, a retrouvé la trace de Antoine de la Salle, seigneur de Séderon. Prosateur français né vers 1387 en Provence et mort après 1464, il est présenté ainsi dans le Larousse du 20ème siècle : “ il se révèle l’un des prosateurs les plus accomplis de son époque... “.

Antoine de la Salle (ou de la Sale) vient près d’un siècle après Pétrarque (1304-1374). C’est un contemporain de François Villon et de Jeanne d’Arc. Il précède de presque un siècle Montaigne, Ronsard... L’Université d’Aix-en-Provence a été créée en 1409. Nous sommes à la fin du Moyen-Age et aux prémices de la Renaissance.

Les documents que je me suis procurés, après que Monsieur Laget m’ait fait part de sa découverte, permettront de revenir sur ce passé et de donner de nombreux détails sur cette seigneurie.

Monsieur Laget nous présente donc Antoine de la Salle, Provençal au service des Comtes de Provence.

A ce propos il faut se souvenir que la terre de Séderon, jadis propriété de la famille Mévouillon, fief des Dauphins, avait été vendue à la Provence en 1308 et était restée provençale jusqu’à la révolution en même temps que Barret-de-Lioure et Eygalayes alors que Vers, Villefranche, Mévouillon, Lachau, Ballons, Izon, étaient restés terres des Dauphins. Nous sommes maintenant en "Hautes Baronnies" ou encore "Drôme Provençale".

Jusqu’à présent l’histoire de cette région n’a pas été très étudiée et personne n’avait signalé le nom d’Antoine de la Salle parmi les seigneurs de Séderon.

Seul, A. Lacroix, à la fin du siècle dernier, dans "L’histoire de l’arrondissement de Nyons" écrit :

...une fort gracieuse communication de monsieur le Comte de Bacourt, qui s’intéresse à la biographie d’Antoine de la Salle nous avait fait espérer l’admission parmi les seigneurs de Séderon du spirituel auteur de " L’histoire et plaisante chronique du petit Jehan de Saintré.....

Les documents trouvés au début du siècle ont confirmé cette espérance mais n’ont pas été portés à la connaissance des Séderonnais ! C’est chose faite avec l’article que nous publions.

L’histoire de Séderon est ainsi plus riche que beaucoup ne le supposaient et les recherches vont devoir mobiliser de nombreuses bonnes volontés. Aussi nous sommes heureux qu’une association nouvellement créée s’intéresse aussi, entre-autre, à l’histoire du pays et en particulier au site de Gueisset que nous avions visité lors d’une sortie en groupe de notre association en 1985 avec Monsieur Gontard, parce qu’il est cité par certains comme le berceau de Séderon. Mais hélas rien dans les archives les plus anciennes que nous ayons consultées ne vient le confirmer car ce nom n’est jamais mentionné.

Au contraire A. Lacroix écrit en se référant à l’inventaire des Hautes-Alpes, t. III 7- 48 :

Gueysset ou Guisset formait jadis une communauté distincte de Séderon ; mais au temps d’Achard (1787-1788) il n’y avait plus que trois familles établies sur une colline, au midi de Séderon, et un demi-feu.

Ce qui n’enlève rien à l’intérêt du site.

Pour le moment nos recherches se poursuivent sur les origines de Notre-Dame de la Brune et sur l’étape Séderonnaise de la route Italienne du pèlerinage de St Jacques de Compostelle et évidemment sur Antoine de la Salle.

Anne-Marie Barras